La médecine traditionnelle kanak
Cette fiche présente quelques notions de base de la médecine traditionnelle kanak.
Définitions et contexte
Selon l'OMS (organisme mondial de la santé), la médecine traditionnelle « se rapporte aux pratiques, méthodes, savoirs et croyances qui impliquent l’usage à des fins médicales de plantes, de parties d’animaux et de minéraux, de thérapies spirituelles, de techniques et d’exercices manuels – séparément ou en association – pour soigner, diagnostiquer et prévenir les maladies ou préserver la santé ».
La médecine traditionnelle kanak est millénaire. Avec les différentes vagues de colonisation et migrations, elle s'est enrichie de nouvelles plantes et s'est métissée avec les savoirs d’autres cultures présentes en Nouvelle-Calédonie : européenne, asiatique, wallisienne et futunienne.
La conception kanak de la maladie
Dans la culture kanak, chaque individu se positionne par rapport à son lien à la terre, son clan, son rôle au sein de la société et ses ancêtres. Il est également un élément de la nature, au même titre que les végétaux, les rochers ou les animaux. Les rapports à l’espace, au temps, aux autres clans, au monde invisible, ainsi que ses pratiques coutumières, sont en permanence guidées par la quête d’équilibre et d’harmonie.
Pour plus de détails, voir la fiche "Quelques fondements de la culture kanak".
La maladie est la manifestation de la rupture d'un équilibre au sein d'un univers qui englobe trois dimensions :
- physique : le corps du malade ;
- sociale : le clan, la coutume ;
- mystique : les esprits des ancêtres et les divinités.
Les pratiques médicinales visent à rétablir l'équilibre.
Il existe 4 sortes de médecine :
1) La médecine des "bobos" de tous les jours
Les pratiques familiales ou "petite médecine" de tous les jours soignent les affections bénignes liées aux blessures, aux coups de mous, aux déséquilibres dans la vie de tous jours :
- déséquilibre alimentaire : intoxication, excès, manque
- déséquilibre climatique : coup de froid, coup de chaud, coup de soleil
- les maladies sexuellement transmissibles
Elles aident à se maintenir en forme et sont soignées par la pharmacopée familiale, connue de tous et à base de plantes médicinales.
Les blessures qui se voient (fracture ouverte ou plaie purulente par exemple) sont moins graves que les blessures invisibles (mal de tête, douleur au ventre...).
2) La médecine "des blancs" ou "maladies du docteur"
C'est la médecine européenne, arrivée avec les colons, avec ses spécialistes et un parcours de soin plus ou moins complexe (voir plus loin). De nombreuses nouvelles maladies ont été introduites lors des vagues de colonisation (lèpre, tuberculose...). Certaines maladies n'ont pas de nom en langues kanak. Par exemple, le mot "cancer" n'existe pas dans les langues locales. C'est le mot "blessure" qui est utilisé pour nommer cette maladie.
Les malades consultent les médecins occidentaux et en attendent une guérison rapide.
Pour une meilleure compréhension et traitement de la pathologie de leur patient, les médecins "blancs" de brousse et des îles interrogent parfois les pratiques coutumières et les approches spirituelles et traditionnelles de la médecine kanak.
3) La médecine pour réparer une faute
Les malades y ont recours lorsque des symptômes perdurent et que la médecine occidentale semble inefficace.
Le terme malheur est préféré à celui de maladie lorsqu'une personne est confrontée à une succession de maux physiques (pathologie longue où les traitements sont inefficaces) et de drames personnels ou familiaux : échec professionnel, mauvaise récolte, accident de la route...
Les kanak attribuent ces malheurs à une faute originelle commise par le malade. Cela peut être une transgression, un comportement irrespectueux envers un oncle, un chef ou un vieux, un oubli ou un geste défaillant lors d'un rituel.
La maladie est perçue comme le signe d'une sanction de la part des esprits des ancêtres qui font un rappel à l'ordre. Dans son parcours de soin, le malade doit alors identifier la faute originelle, puis la réparer et obtenir le pardon du clan lésé (les ancêtres et leurs descendants) pour améliorer son état de santé.
Cette médecine fait intervenir des spécialistes (voyants, guérisseurs). Les remèdes sont secrets.
Cette médecine accompagne également certains grands moments de la vie (naissance, mariage, puberté), perçus comme des périodes de fragilité.
4) La médecine pour désenvoûter
Elle intervient pour contrer des malheurs provoqués par la jalousie d'un tiers ou liés à une faute grave comme l'intrusion, volontaire ou non, dans un lieu tabou. Un ancêtre malveillant envahit le corps du malade et peut le conduire à la folie, voire la mort.
Seuls des spécialistes ont la capacité d'identifier l'origine du mal et "désenvoûter" le malade.
Dans les grandes chefferies du Nord et des îles Loyauté, les grands chefs sont souvent entourés de spécialistes de la guerre rituelle qui punissent tous ceux qui menacent leur autorité ou leur manquent de respect.
Le passage des grandes étapes de la vie
La vie d'un homme ou d'une femme kanak est marquée par 5 grandes étapes, les stades initiatiques. Les passages d'un stade à l'autre se font à l'aide de rituels et remèdes.
- La vie placentaire, stade initiatique 1 : la conception et la gestation du fœtus ont lieu dans le monde des esprits.
- La naissance, stade initiatique 2 : l’enfant reçoit le souffle de la vie par son oncle maternel. Il intègre l’esprit de l’ancêtre. Il reçoit le nom et la terre de son clan paternel.
- Le sevrage, stade initiatique 3
- La puberté, stade initiatique 4 : le premier rasage marque la sortie de l'adolescence chez les garçons. Les premières menstruations marquent le passage à l'âge adulte chez les jeunes filles.
- Le monde adulte, stade initiatique 5 : les échanges coutumiers lors du mariage scellent les liens entre deux clans, celui de l’homme et celui de la femme.
- La sagesse : les hommes et les femmes deviennent les « vieux » ou « sages » vers l'âge de 60 ans. Il n'y a pas de rites associés.
- La mort marque la séparation du corps et de l’esprit. Le corps nourrit la terre. L’esprit du défunt rejoint le monde des esprits selon un chemin mystique propre à chaque aire coutumière.
La "petite" médecine familiale
Il existe une multitude de pratiques médicinales et un grand nombre de remèdes, propres à chaque famille, aux soins à prodiguer et aux diverses configurations locales (plantes disponibles, habitudes, métissages…).
De manière générale, ces remèdes et préparations :
- traitent les petites pathologies quotidiennes : toux, nausées, rougeurs, douleurs…
- sont préparés avec une ou plusieurs plantes fraîchement cueillies dans le jardin, rarement à partir de matières végétales sèches.
- sont préparés et administrées par les femmes de la famille ou du voisinage
- sont connus et partagés par un grand nombre de personnes
- sont spécifiques à chaque étape de la vie : naissance, allaitement, adolescence…
- sont considérés comme essentiels pour maintenir un bon équilibre de l’organisme : nettoyer le sang, nettoyer l’appareil digestif (purges), fortifier l’organisme, bien grandir.
Exemple de médication donnée dès l’enfance à Maré
Ci-dessous, les noms scientifiques sont indiqués en italique, puis suivent entre parenthèses les noms communs et noms vernaculaires en Nengone (italique également)
- Le premier médicament donné au bébé est le fruit vert de Morinda citrifolia (Noni, Ikete)
- La maman donne durant les premières semaines le jus de la feuille grasse de Hoya pottsii (Waikur(i))
- Tout au long de sa vie, il est donné plusieurs fois à l’enfant différentes préparations. Certaines sont simples telles qu’une infusion ou un bain de feuilles jaunies de Melochia odorata (Tilleul rose, Thebo).
- D'autres fortifiants sont complexes. Par exemple, l'Aeneshaba (Nengone) préparé par les vieilles à Maré, est une macération de feuilles et de jeunes pousses qui mélange une trentaine de plantes, parmi lesquelles :
- Cordyline fruticosa (Cordyline, Ote)
- Polyscias bracteata (Beku)
- Acalypha sp (Amakal)
- Glochidion billardieri (Hmerruwiw)
- Scaevola sericea (Medekurua)
- Cassytha filiformis (Goo)
- Hibiscus tiliaceus (Bourao, Eru)
- Arocarpus incisa (Guaon)
- Ficus microcarpa (Banian, Ficus, Tha)
- Rapanea sp. (Epod)
- Psidium guajava (Kuava)
- Olea paniculata (Pengo)
- Piitosoprum obovatum (Hnuhnu)
- Morinda myrtifolia (Wabo dridr)
- Acronychia laevis (Bolé, Bole)
- Santalum austocaledonicum (Santal, Wekesi)
- Nothocnide repanda (Anumi xexe)
- Phyla nodiflora (Ituluo)
La grande médecine traditionnelle
La "grande médecine kanak" s'inscrit dans un système cosmogonique, de compréhension du monde et de l'univers, très différent des sociétés occidentales. Elle est un rempart contre les puissances maléfiques à différents moments critiques de la vie :
-
au moment de la grossesse et de l'adolescence (nommés maladies chez les kanak) ;
-
lorsqu'une personne a enfreint les lois sociales, volontairement ou non, et que son attitude est sanctionnée par des événements malheureux successifs.
Cette médecine soigne en même temps, le corps, l'esprit et les conflits relationnels.
La nature, le corps et l'esprit
Dans la culture kanak, l'homme fait partie intégrante de la nature. Il établit des relations d'étroite interdépendance avec tout ce qui l'entoure (être vivants et non-vivants). La nature prend soin des êtres humains, inversement, ces derniers ont la responsabilité d'en prendre soin.
La médecine traditionnelle repose en grande partie sur le pouvoir des plantes. D'ailleurs, dans les langues kanak, le vocabulaire qui désigne l’anatomie du corps humain est voisin, voire similaire, au vocabulaire qui désigne l’anatomie des plantes.
Par exemple, sont désignés par des mots proches :
-
le sang et la sève : ladra et lan (Nengone)
-
la peau et l’écorce : nenun (Nengone)
-
le squelette et le cœur du bois de l’arbre : dun (Nengone)
-
le pancréas et les feuilles jaunies : guatekokoc (Nengone)
Les guérisseurs ressentent l'esprit et la force des plantes qu'ils utilisent pour leur remède, leur parle, les entretiennent, les remercie et communique quotidiennement avec.
Quatre éléments fondamentaux
L'ensemble des rituels thérapeutiques se rapportent toujours aux quatre éléments fondamentaux : l'eau, le feu, la terre et le souffle. Il existe toute une rhétorique et des gestes rituels associés à ces éléments. Par exemple :
-
Le souffle de vie est transmis à la naissance de l'enfant par l'oncle maternel.
-
Le sang véhicule le flux vital, transmet la vie et cause la douleur par le mauvais sang.
-
La phytothérapie traditionnelle entretient ou renouvelle la vitalité des fluides (sang, souffle).
-
La maladie est un assèchement des fluides
-
Le feu purifie les champs des nuisibles et chasse les esprits maléfiques
-
"Les eaux" signifie aussi médicaments
Le lien à la terre
L’identité kanak est fondée sur le lien à la terre. Le nom d'un lieu (toponyme) est aussi le nom d'une lignée familiale, appelé clan. Chaque clan développe des activités collectives de chasse, de pêche et d'agriculture qui visent à produire ou prélever des biens destinés à l'autoconsommation et aux dons.
Les dons entretiennent les relations sociales et l'igname est est l'élément central. Les dons sont délivrés lors de cérémonies d'échanges (ou coutume). Leur quantité et qualité varient en fonction de l'évènement et du statut des groupes en interrelation.
Toute jalousie, violation à la terre ou manquement à la coutume détériorent les relations sociales et rompt un équilibre.
Dans la société kanak, la richesse d'une lignée (clan, famille) se manifeste par l'accumulation relations sociales respectueuses et apaisées et non, par une accumulation d'argent, de biens et d'objets.
Le monde des esprits
Une personne possède également un esprit qui se déplace dans le monde spirituel. Le corps et l’esprit peuvent se séparer après la mort, ou à l'aide de certaines pratiques magiques.
Le monde spirituel est peuplé d’esprits des ancêtres et d’êtres surnaturels (sortes de divinités ou génies) qui ont diverses formes : un être humain (c’est le cas de lutins), un animal (la tortue totem d’un clan par exemple), un rocher, un lieu, un événement météorologique.
Ces esprits sont toujours la propriété d’un clan, à qui ils apportent une protection.
Certains esprits et êtres surnaturels sont farceurs, d’autres sont gentils, d’autres sont maléfiques et punissent ceux qui enfreignent l’interdit.
Les tradithérapeutes
Le devin, le voyant et le guérisseur sont les trois personnalités les plus importantes du parcours thérapeutique traditionnel. Ils appartiennent généralement à des clans terriens et l'endroit où ils vivent est indiqué par les chemins coutumiers. Il n'y a pas de relation monétaire entre le spécialiste et son patient, mais il y a une offrande coutumière de remerciements avant ou après la consultation.
Le devin
Le devin pratique la technique divinatoire. C'est toujours un homme. Il est l'héritier d'une tradition qui se transmet au sein du clan et communique avec les ancêtres par des rites et du matériel de cérémonie contenu dans un panier. Il est également le prêtre et le guérisseur de son groupe.
Le voyant
Le voyant (peut être aussi guérisseur) est une personne qui a un don de voyance. Cela peut être un homme ou une femme. Son don n'est pas forcément hérité et a pu être contracté au cours d'un événement. Le voyant établit son diagnostic en faisant des rêves, en interrogeant le malade et sa famille, en récitant sa généalogie et en communiquant avec les ancêtres. Le voyant propose un traitement s'il est aussi guérisseur.
Le guérisseur
Les guérisseurs ont le droit de soigner. Ils proposent des traitements et pratiquent des rituels pour soigner à la fois le corps, l'esprit et les conflits. Leurs connaissances proviennent d'un héritage oral séculaire au sein des clans. Ils sont réputés par le bouche-à-oreille lorsque leurs remèdes sont efficaces.
Les pratiques thérapeutiques sont variées : ingestion d'une préparation, bain, frictions, cataplasmes, crachotements, pulvérisations, fumigations.
Le traitement par la magie est pratiqué à l’aide de petits paquets ficelés, les waceng, contenant des plantes spéciales, une pierre, des phanères (poils, cheveux, cils, ongles) ou un os.
Chaque guérisseur possède son propre savoir-faire, sa propre pharmacopée et sa spécialité :
- certains fabriquent les médicaments
- d'autres communiquent aussi avec les esprits (voyant ou devin)
- certains ont des aptitudes pour la petite chirurgie : soigner des fractures ou l'extraire un bout d'os ou de corail dans le corps
- d'autres jettent un sort.
La magie destinée à faire la guerre, tuer ou être néfaste à d’autres personnes, appelée "kaze", équivaut dans d’autres cultures à la magie noire, la sorcellerie ou le « boucan ».
Pour contrer les attaques de sorcellerie, le spécialiste (guérisseur, devin) peut par exemple, outre le soin par des plantes médicinales, créer une barrière rituelle de protection autour du malade, de sa famille et de ses biens (maison, voiture...) en aspergeant les espaces de vie avec une eau magique dans laquelle baignent des plantes médicinales.
Vers une pharmacopée calédonienne
Les guérisseurs connaissent le pouvoir de chaque plante ou celui des mélanges, sans pour autant connaître les molécules chimiques actives sous-jacentes.
La pharmacopée d'un guérisseur est constituée de plantes cultivées ou entretenues dans leur milieu naturel depuis la nuit des temps. Les connaissances associées proviennent d'un héritage oral séculaire.
La Nouvelle-Calédonie héberge une biodiversité végétale exceptionnelle avec 3400 plantes inventoriées dans les différentes îles dont 74% sont endémique. Rien que dans les îles Loyauté, les ethnobotanistes de l'IRD ont recensé 250 plantes médicinales. La Nouvelle-Calédonie dispose donc d'un capital biodiversité important, mais peu connu.
En effet, une plante contient des centaines de composants, alors qu'un médicament conventionnel n'en contient qu'un seul. Beaucoup de médicaments "occidentaux" ont été fabriqués en purifiant et en isolant le principe actif des plantes médicinales. Par exemple, l'acide salicylique est une molécule chimique extraite de l'écorce de saule, un arbre connu depuis l'Antiquité pour ses propriétés anti-fièvre et anti-inflammatoires. Cette molécule est le composant à l'origine de l'aspirine. Isoler et identifier une molécule active peut prendre des dizaines d'années et mobiliser d'importantes équipes de recherche partout dans le monde.
Localement, les efforts de recherche dans le domaine de la caractérisation pharmacologique et biochimique des plantes médicinales sont relativement faibles et peu de molécules ont été identifiées à ce jour.
Par ailleurs, la réglementation sur la propriété intellectuelle des savoirs autochtones, les brevets développés à partir des ressources endémiques et le partage équitable des retombées (protocole APA de Nagoya) est inexistante à l'échelle du pays. Elle est propre à chaque province, ce qui freine un développement à l'échelle internationale.
À ce jour, les plantes médicinales locales ne donc sont pas intégrées au sein d'une pharmacopée calédonienne officielle et reconnue. Selon les lois de Pays : " la pharmacopée en vigueur en Nouvelle-Calédonie est composée des textes de la 9e édition de la pharmacopée européenne et de ses addenda, et des textes de la 11e édition française dans la version mise à jour au 1er janvier 2017.
Une activité tabou
En général, le malade, les familles et le tradithérapeute agissent en secret. Il y a plusieurs raisons à cela :
- Les remèdes perdent leur pouvoir si leur composition est divulguée
- Cette médecine a été diabolisée avec l'évangélisation. Les missionnaires, arrivés en Nouvelle-Calédonie dans les années 1840 - 1860, ont tenté d'éradiquer ces pratiques païennes et ont éliminé des sites sacrés, des objets et plantes magiques en les brûlant. Beaucoup de savoirs se sont perdus en un siècle d'évangélisation dans les différentes îles.
- Dans les lois calédoniennes, françaises et européennes, il n'existe aucune reconnaissance légale du tradithérapeute kanak et de la médecine traditionnelle. Les tradithérapeutes ne sont pas intégrés dans le corps des médecins et des pharmaciens diplômés d'état. Ces derniers sont les seuls habilités à prescrire et délivrer des médicaments. Les plantes médicinales locales ne sont pas intégrées dans la pharmacopée européenne, ni calédonienne (voir plus loin).
La conception occidentale de la maladie
Aujourd'hui, les tradithérapeutes subissent la concurrence de la médecine occidentale.
L'antibiothérapie et la vaccination ont éradiqué de nombreuses maladies. Les femmes font un suivi de leur grossesse avec des médecins ou des sages-femmes. Les accouchements ont lieu à l'hôpital. Les enfants sont suivis par des pédiatres. Les longues maladies sont diagnostiquées par des spécialistes et à l'aide d'appareils de haute technologie.
Dans les sociétés occidentales, les maladies physiques, les troubles psychiques et les désordres sociaux sont abordés de façon disjointe.
Les maladies physiques se manifestent lorsqu'un agent pathogène ou un facteur héréditaire perturbe le fonctionnement physiologique d'un ou plusieurs organes.
Les maladies psychiatriques ou les troubles psychiques se manifestent suite à une agression environnementale ou sociale (stress, traumatisme...) ou en raison d'un facteur héréditaire. Elles affectent le fonctionnement du cerveau et altèrent la perception de la réalité.
Dans ces deux cas, en fonction des symptômes, les patients consultent des médecins spécialistes, diplômés d'état, qui les orientent vers un parcours de soin plus ou moins complexe : médicaments en pharmacie, thérapie, analyses au laboratoire, imagerie médicale, chirurgie à hôpital, etc.
Les consultations sont payées par le patient. Toutefois, le parcours de santé est pris en charge par toute la société (via les cotisations) et il est en grande partie remboursé par la sécurité sociale (CAFAT) et les mutuelles.
Aujourd'hui, dans un monde de plus en plus anxiogène, de nombreux patients explorent les bienfaits de médecines dites "douces" ou "alternatives" (psychothérapie, homéopathie, allopathie, hypnose, ostéopathie, naturopathie...).
Enjeux de santé publique
En Nouvelle-Calédonie, la santé est un enjeu de premier plan. Excès d'alcool, tabagisme, surconsommation de produits industriels, gras et sucrés... Les habitudes alimentaires et l'hygiène de vie des Calédoniens et Calédoniennes ne sont pas très bonnes. A tel point qu'aujourd'hui, qu'une personne sur quatre est atteint de pathologies de type longue maladie (obésité, diabète, hypertension...), soit 70 658 personnes (au 31 décembre 2021 - source CAFAT).
Soutiens à la réalisation de cette fiche
L'Institut agronomique néo-calédonien (IAC) a été lauréat du "Fonds de sauvegarde du patrimoine immatériel des pays et territoires d'outremer (PTOM)" en mars 2022 pour intégrer dans Agripedia des fiches sur les plantes médicinales de la pharmacopée calédonienne.
Cette fiche a été réalisée grâce au soutien moral et financier de l'Union européenne, de l'Institut français, de l'OCTA et de l'ACPA dans la cadre du projet pilote ARCHIPEL.EU.
Cette fiche a été également réalisée grâce au soutien scientifique, technique et financier de l'IAC, l'ADCK-Centre Tjibaou, l'IRD, l'Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie et Lincks.
Sources
- Lormée N., Cabalion P., Hnawia E. 2011. Hommes et plantes de Maré. IRD éditions, 362 p.
- Hnawia E., David V. 2020. La médecine traditionnelle kanak, riche de ses plantes. Diasporiques N°48 p XII à XVII.
- Caillon JP. 2012. Médecin de brousse en Kanaky et entretien avec P. Godin. Blog consulté le 13.12.2022
- Être kanak : http://www.coutume-kanak.com/monde-kanak/etre-kanak/Saclier
- Leblic I. 2008. Identité kanak, rapport à la terre et développement durable en Nouvelle-Calédonie.
- Saclier V. 2021 Les guérisseurs et le docteur blanc. Film documentaire, 64 min. Aximée productions
Auteurs
Publié le : 13 décembre 2022
Rédaction :
- Estelle Bonnet-Vidal (Lincks)
Citation bibliographique recommandée
Agripédia. Fiche technique "La médecine traditionnelle kanak" [En ligne] https://www.agripedia.nc/conseils-techniques/sante-au-travail/la-medecine-traditionnelle-kanak (consulté le jour/mois/année)
Voir également FAQ "Comment citer cette référence bibliographique ?"