Morinda citrifolia est un arbuste tropical de la famille des Rubiacées. Son aire de répartition d'origine s'étend à l'Asie du Sud-Est et à l'Australasie. Il a largement été disséminé par les populations humaines à travers le Pacifique (1). Aujourd'hui, il est également naturalisé et cultivé en Amérique tropicale (6,7).

En Nouvelle-Calédonie, c'est un arbre commun sur le littoral et les forêts humides de plateau. Il est communément appelé Morinda. Dans les langues kanak, son nom est Oxelek (Drehu, Lifou), Famîâ (Xârâcùù, Thio, Canala), Vemié (Drubéa, Sud de la Grande Terre) ou encore Ikete (Nengone, Maré) (8).

En Polynésie française, Morinda citrifolia est connu sous le nom nono ou pomme-chien. Le noni est l'appellation du jus de fruits commercialisé par la Polynésie et Hawaii.

Allure

C'est un petit arbre très feuillu qui dépasse rarement 5 m de hauteur.

La fiche ci-dessous présente les propriétés et usages médicinaux des différentes parties de la plante. Le fruit (en particulier son jus), la fleur, l'écorce et les feuilles. Cette plante est utilisée dans la médecine traditionnelle kanak.

Voir la fiche "La médecine traditionnelle kanak."

Les vertus médicinales de Morinda citrifolia sont nombreuses. Cette plante est traditionnellement utilisée pour traiter :

• la fatigue
• les affections respiratoires (maux de gorge, rhume, angines)
• les affections buccales (gingivites, aphtes, muguet)
• les affections cutanées (démangeaisons, gale, teigne, furoncles)
• les douleurs 
• les blessures (plaies, entorses, fractures)
• les abcès du sein
• les rhumatismes
• les troubles digestifs (maux d'estomac)
• les crises d'hémorroïdes
• la gratte (ciguatera)
• les piqûres venimeuses de poissons
• les otites
• les brûlures
• le diabète
• l'hypertension

Peu d’études cliniques ont été faites sur les effets de Morinda citrifolia sur la santé humaine, hormis des tests in vitro et in vivo sur des animaux. Toutefois, il est recommandé un usage modéré, car quelques cas de toxicité du foie ont été observés chez des autrichiens qui avaient eu consommé des doses importantes de noni, bien que les études menées en laboratoire sur les animaux ne corroborent pas ces observations. Il est également déconseillé chez les femmes enceintes, car les écorces et le fruit étaient utilisées comme abortif dans certaines communautés (6).

Avant tout usage de plante médicinale, lisez la fiche Agripédia "Précautions d'usage des plantes médicinales", car certaines plantes sont toxiques, même à faible dose et un mauvais usage pourrait mettre votre santé en danger.

Quelques règles de bon sens :

• L'utilisation des remèdes présentés dans nos fiches ne se substitue aucunement à un avis médical, ni les conseils d'un guérisseur traditionnel (tradithérapeute) ;
• En cas de symptômes persistants ou anormaux, consultez rapidement un professionnel de santé ;
• N'utilisez pas une plante quand vous avez un doute sur son identification botanique ou alors demandez une identification formelle à quelqu'un de votre entourage qui s'y connait, un botaniste, un tradithérapeute, un herboriste ou un pharmacien.

• Fruit de forme ovoïde. Il ressemble à une pomme de pin dont les écailles sont soudées. Chaque "écaille" est une baie. Le nono est donc un fruit agrégé formé de la cohésion de différentes baies ;
• Sa couleur est jaune vert puis il blanchit et mollit en mûrissant ;
• Sa pulpe est blanche avec des graines noires ;
• Son odeur est rance et vomitive à maturité à tel point que les européens l'ont appelé "le fromager" ou fromagier.

En phytothérapie l'utilisation du fruit vert prédomine par rapport au fruit mûr.

Usages médicinaux en Nouvelle-Calédonie

• Assainissant : le jeune fruit écrasé est le premier médicament donné au nouveau-né (5)
• Diurétique (2)
• Antiseptique : la pulpe du fruit et les feuilles écrasées servent à panser les plaies et faire mûrir les furoncles (2)

Usages médicinaux en Océanie

• Tonique : une cure de 2 cuillères à soupe le matin au réveil pendant 10 jours est préconisée pour renforcer les défenses immunitaires lors d'infections aiguës, furonculose, grippe, angines, rhumatismes (2)
• Affection buccales : en application ou en boisson, le jus des jeunes fruits traite les affections buccales (gingivites, aphtes, douleurs dentaires) (Tonga, Wallis-et-Futuna). Les Samoans mâchent le fruit (2)
• Affections respiratoires : le jus des fruits est mis dans chaque narine en cas gêne respiratoire (Fidji). Pour les angines, les Polynésiens  mélangent le jus d'un fruit vert avec une poignée de cresson (Rorippa sarmentosa) et une poignée de feuilles de pommier kanak (Syzygium malaccensis), puis l'utilise en gargarisme pur ou dilué avec de l'eau. Un remède fabriqué en mélangeant 3 jus différents (fruit du nono, la tige de Canne à sucre Saccharum officinarum et la racine de Kava Piper methysticum) porté à ébullition, puis consommé après refroidissement, est utilisé comme traitement contre la tuberculose (Hawaii) (2,3)
• Hémorroïdes : une application externe soulage les hémorroïdes en (Fidji) (2)
• Affections de la peau : pour faire mûrir les abcès, les Polynésiens appliquent une pâte faite en écrasant 4 fruits commençant à mûrir, écrasés avec deux feuilles de nono puis ils recouvrent l'ensemble d'un bandage. Le jus de fruit traite aussi les ulcérations (Micronésie) et la teigne (Polynésie)
• Allaitement : les Polynésiennes pilent 2 fruits mûrs, 2 fruits verts, 4 feuilles et appliquent la pâte sur les seins pour soigner les abcès du sein
• Contre la ciguatera (gratte) : en mélangeant 3 fruits mûrs avec de l'eau d'un coco (Polynésie) (2,3)
• Piqûres : pour calmer la douleur des piqûres de poissons, deux fruits presque mûrs sont coupés en deux. La moitié supérieure du premier fruit est frottée contre la moitié inférieure du deuxième fruit, afin de faire exsuder le jus. Puis on frotte la piqûre avec chacune des deux sections (3)

Préparation du jus de nono

Le jus est plus facile à extraire lorsque les fruits ont passés deux jours au congélateur (2,5) :

• Ramassez les fruits mûrs tombés à terre ou cueillez sur l'arbre les fruits jaunes encore fermes
• Rincez-les à l'eau claire et essuyez-les
• Enlevez la peau et pressez les fruits dans un tissu
• Ou mettez les fruits dans un bocal en verre, puis refermez le bocal avec un couvercle et exposez-le au soleil
• Récupérez chaque soir jus et conservez-le au frigo dans une bouteille bien fermée

Toutefois, les vertus du jus de nono sont controversées, et l'Union européenne ne lui a pas accordé d'agrément pharmaceutique, ni d'allégation de santé. Elle a autorisé la vente comme "jus de fruits" relevant de la législation alimentaire. Il est conseillé de consommer au maximum 30 ml de jus par jour, soit 2 à 3 cuillerées à soupe (9).

Activités biologiques et/ou chimiques (4,6) :

• Anti-inflammatoire
• Antiseptique
• Cicatrisant
• Antimicrobien
• Analgésique (anti-douleur)
• Antipaludéen (malaria)
• Antioxydant
• Larvicide et insecticide

Composition chimique du fruit (4,6)

• Vitamines C
• Alcools et phénols
• Acides gras : notamment acide butyrique, acide hexanoïque, acide l'aurique, acide linéique, acide oléique, acide palmitique, acide ricinoléique
• Anthraquinones
• Alcaloïdes
• Flavonoïdes : kaemférol, quercétine, rutine, narcissoside, nicotifloroside
• Esters
• Irridoïdes (asperulosidic acid, aucubine) : inhibition de la transactivation AP1 et de la transformation cellulaire dans la génèse des tumeurs
• Lactones et cétones
• Lignanes
• Trisaccharides 
• Coumarines (scopolétine)

• De couleur blanches ;
• Très petites ;
• Réunies en capitules et soudées par leur calice.

Usages médicinaux

• Problèmes oculaires

• Feuilles avec une forme ovale pouvant atteindre 35 cm de long ;
• Petit pétiole ;
• Stipulées et entières.

Usages médicinaux en Océanie

• Otites : le jus de feuilles assouplies par des pierres chaudes (Nouvelle-Calédonie, Maré, remède donné par Maggie Hnau) (5). L'application dans l'oreille de jus de feuilles chauffées et pressées permet de faire écouler le pus d'une oreille infectée (Fidji) (2)
• Affections de la peau : les feuilles sont utilisées pour panser les plaies, faire mûrir les furoncles (Nouvelle-Calédonie) (2). Une macération de jeunes pousses dans l'huile de coco est utilisée pour traiter la teigne, la gale, les dartres et les démangeaisons (Fidji). Le jus tiède des feuilles et des fleurs pressé sur les ulcères de la peau est recouvert de feuilles fraîches (Fidji) (2)
• Blessures : Les feuilles se posent en cataplasme sur les entorses et les fractures (2)
• Abcès du sein
• Rhumatismes : les feuilles sont mâchées puis appliquées en cataplasme pour soulager les douleurs articulaires et rhumatismes (Fidji) (2). À Tonga on écrase puis trempe les feuilles dans l'eau pour frictionner les articulations et le muscle douloureux (2)
• Affections respiratoires : refroidissement du torse et de la toux
• Maux d'estomac : infusion de feuilles et d'écorce (Samoa)
• Brûlures : les Polynésiens appliquent une feuille fraîche sur les brûlures (2)
• Maux de gorge et orgelets : les Samoans mâchent les feuilles (2)
• Maux d'estomac : infusion de feuilles pour soulager les maux d'estomac (Tonga) (2)

La fiche "Les différentes préparations de plantes médicinales" explique comment préparer des infusions, décoctions, macérations...

Activités biologiques et/ou chimiques (6)

• Antiparasitaire
• Cicatrisant

Composition chimique des feuilles (4,6)

• Anthraquinones
• Flavonoïdes
• Caroténoïdes
• Diterpènes : E-phytol ;
• Triterpèénoïdes et stérols
• Iridoïdes (dont aspéruloside, citrifolinine, citrifolinoside) (5)

Usages médicinaux en Océanie

• Tonique : consommation d'une décoction de feuilles et d'écorces du tronc broyées (Hawaï) (2)
• Affections buccales : Infusion d'écorce et de fruits pour traiter le muguet et les aphtes (Samoa) (2)
• Maux d'estomac : infusion d'écorce pour soulager les maux d'estomac (Tonga) (2)
• Contre le diabète sucré : les Polynésiens préparent un remède composé d'une grande plaque d'écorce de Morinda, d'écorce de Tamanou Calophyllum inophyllum de même taille et l'eau de deux ou trois cocos oviri. Les écorces sont écrasées et leur jus est mélangées à l'eau de coco. Ce remède est bu pendant 3 jours (2)

Usages médicinaux

• Une décoction de racines est utilisé comme laxatif (Thaïlande), vomitif, emménagogue (pour faciliter le flux menstruel) et traiter la jaunisse (Afrique) (6)
• Une infusion de racines traite l'hypertension et les maux d'estomac (6)

Activités biologiques et/ou chimiques (6) :

• Analgésique
• Hypotenseur

Composition chimique (5,6)

• Anthraquinones : damnacanthal, morindone, anthraquinone glucoside, méthyl-formyl-hydroxanthraquinone
• Forte inhibition de Cox-1

Morinda citrifolia est utilisé à d'autres fins :

• Colorant : on obtenait un colorant jaune avec la racine pour teindre les paniers et tapas (2,8) ;
• Alimentation animale : excellent aliment pour les cochons, ils se substitueraient aux antibiotiques utilisés en élevage (2) ;
• Projectiles : les fruits sont utilisés comme projectiles pour les frondes (2).

L’arbuste donne des fruits moins d’un an après sa plantation. Il atteint sa pleine maturité à 2 ans et fournit jusqu’à 8 kg de nonos chaque mois, tout au long de l’année.

• Floraison plusieurs fois par an
• Production de fruits toute l'année

• Par semis (méthode la plus utilisée) : la germination des graines prend 3 à 6 mois. La plante est repiquée en pleine terre lorsqu'elle atteint environ 20 cm de haut. La croissance de la plante est modérée (0,75 à 1,5m par an).
• Par bouturage
• Par marcottage

Le Morinda citrifolia est :

• Attrayant pour les fourmis tisserandes, qui font des nids dans les feuilles de l'arbre (1). Ces fourmis protègent la plante de certains insectes phytoparasites.
• L'odeur du fruit attire également les chauves-souris frugivores.

L'Institut agronomique néo-calédonien (IAC) a été lauréat du "Fonds de sauvegarde du patrimoine immatériel des pays et territoires d'outremer (PTOM)" en mars 2022 pour intégrer dans Agripedia des fiches sur les plantes médicinales de la pharmacopée calédonienne.

Cette fiche a été réalisée grâce au soutien moral et financier de l'Union européenne, de l'Institut français, de l'OCTA et de l'ACPA dans la cadre du projet pilote ARCHIPEL.EU.

Cette fiche a été également réalisée grâce au soutien scientifique, technique et financier de l'IAC, l'ADCK-Centre Tjibaou, l'IRD, l'Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie et Lincks.