Précautions d'usages des plantes médicinales
Précautions d'usages des plantes médicinales
Cette fiche présente les précautions indispensables à avoir en tête lors d’un usage ponctuel ou longue durée de plantes médicinales.
Préambule
Les bienfaits des plantes médicinales sont nombreux. Toutefois, un mauvais usage peut vous empoisonner et mettre votre santé en danger.
Voici donc quelques règles de bon sens pour éviter les problèmes liés à la toxicité des plantes, aux interactions avec les médicaments ou à un retard de diagnostic par un professionnel de santé.
L'équipe d'Agripédia décline toute responsabilité quant à l'utilisation inadéquate des remèdes à base de plantes médicinales présentés dans ce site web, car ils ne se substituent aucunement à un avis médical.
Consultez un professionnel de santé
En cas de symptômes d'origine inconnue et qui persistent au delà de 48 h, consultez un professionnel de santé : médecin du dispensaire, généraliste, pharmacien. L'automédication par les plantes peut s'avérer inefficace et retarder le bon diagnostic et les chances de guérison rapide.
Signalez les traitements à base de plantes que vous prenez
Signalez à votre médecin, pharmacien, dentiste ou anesthésiste, les traitements à base de plantes que vous prenez. Les composants naturels présents dans les plantes peuvent interagir avec les composants des médicaments prescrits par le médecin et entrainer des troubles ou une toxicité.
Surveillez les effets indésirables
Après ingestion ou application d'un remède à base de plantes médicinales :
- Prenez un temps d’observation des effets pendant 24 à 48 h
- Arrêtez immédiatement les prises ou l’application en cas d’effets secondaires non désirables, en particulier chez les bébés et les enfants : rougeurs sur la peau, difficulté respiratoire, vomissement...
Attention des symptômes d'apparence anodine peuvent être précurseurs d'une maladie grave.
Par ailleurs, chaque personne réagit de façon spécifique aux médicaments. Il arrive que certaines plantes médicinales ou certains remèdes aient un effet paradoxal chez certaines personnes : l'effet est opposé de celui qui est attendu. Par exemple, une plante médicinale censée réduire le stress ou favoriser le sommeil a, au contraire, un effet excitant. C'est l'usage et l'auto-observation des effets qui détermine si un traitement vous convient.
Respectez les pratiques traditionnelles
Les pratiques médicinales familiales et mélanésiennes sont rattachées à des us et coutumes qu'il convient de connatre et respecter pour conserver tout le pouvoir thérapeutique de certaines plantes-médicament :
- La prise d'un remède s'accompagne de pratiques rituelles précises et diverses. Par exemple, à Maré le pommier canaque (Keel K'ee en Nengone) est utilisé pour soigner les douleurs dentaires. Le remède n'est garantie que si le malade grimpe dans un arbre et mord la feuille directement sur une branche de l'arbre, pas si on les cueille et mâche ensuite.
- La plupart des médicaments sont spécifiquement liés à un ou plusieurs détenteurs de savoirs (individu ou clan propriétaire). Il s'agit de personnes qui connaissent les plantes-médicament, les préparations et les rites associés. Ils ou elles sont appelés des guérisseurs. Ils sont connus par le bouche-à-oreille.
- La guérison d'un malade est davantage garantie lorsque :
- Le propriétaire du médicament prépare lui-même le remède, pratique des rites, transmet la posologie et dialogue avec le malade.
- La formule des médicaments reste secrète. Certains savoirs ne se transmettent qu'au sein du clan ou d'individus choisis dans le clan.
Pour en savoir plus consultez les fiches sur :
Bien lire les étiquettes
Les personnes qui donnent ou commercialisent les plantes médicinales doivent informer les acquéreurs de possibles risques pour la santé. Cette information doit être délivrée préalablement au don ou à la vente, de façon claire, visible et lisible.
Légifrance, le portail de diffusion de la règlementation française, met en ligne l'arrêté du 4 septembre 2020 qui indique en annexe la liste des végétaux susceptibles de porter atteinte à la santé humaine et les moyens de s'en prémunir :
- risque d'intoxication par ingestion,
- risque d'allergie respiratoire,
- risque de réaction anormale de la peau en cas de contact ou des muqueuses de l'appareil digestif en cas d'ingestion
- risque de réaction cutanée anormale en cas d'exposition au soleil
Ne sont pas intégrées à ce jour dans cette liste les plantes qui ont ce genre d'effets et sont présentes en Nouvelle-Calédonie.
Adoptez les bons gestes en cas de problème
En cas d'ingestion d'une plante-poison ou de difficulté respiratoire après une ingestion (=réaction allergique) :
- Composez immédiatement le 15 (SAMU-SOS Médecins)
- Conservez l'étiquette ou une photographie du végétal pour faciliter son identification
Si vous êtes allergique à certains pollens :
- Évitez le contact avec leurs plantes lors du pic de production du pollen
En cas de réaction cutanée anormale ou atteinte des yeux :
- Rincez abondamment à l'eau douce les zones exposées et lavez les vêtements ayant été en contact
- Consultez un médecin ou composez le 15 (SAMU-SOS médecin)
Adoptez les bonnes pratiques pour la cueillette
De nombreuses plantes locales sont protégées et il est interdit de les cueillir. Respectez la règlementation relative à la cueillette des plantes locales dans la nature. Elle est précisée dans le code de l’environnement de chaque province.
Veillez à ce que les plantes soient saines et proviennent d'endroits non pollués et non traités aux pesticides.
Ne prélevez que les parties dont vous avez besoin (quelques feuilles, tiges, bout d'écorce...) et n'arrachez pas la plante entière pour lui permettre de continuer à se développer.
Identifiez correctement les plantes
Beaucoup de plantes se ressemblent. La cueillette est donc réservée à ceux qui ont la connaissance formelle des plantes médicinales et de leurs vertus. Même à petite dose, certaines plantes locales sont des poisons mortels.
Ne récoltez pas une plante quand vous avez un doute ou alors demandez une identification formelle à un botaniste, un tradithérapeute, un herboriste ou un pharmacien.
Adoptez les bonnes pratiques pour les préparations
- Lavez les plantes à l'eau claire
- Utilisez des récipients et des ustensiles propres, voire stérilisés pour les plaies
- Utilisez des plantes que vous avez déjà expérimentées et qui ont fait leurs preuves de leur efficacité
- Procurez-vous les plantes dans les pharmacies ou herboristeries ou procurez-vous des remèdes préparés par un spécialiste reconnu
Soyez prudents dans les mélanges
Il est possible de mélanger plusieurs plantes pour préparer un remède si ces plantes traitent le même symptôme. En revanche, il ne faut pas mélanger de plantes médicinales qui traitent des symptômes différents.
De manière générale, ne mélangez pas plusieurs plantes de façon hasardeuse, prenez conseil auprès d'un spécialiste (tradithérapeute, herboriste, pharmacien) qui connait les plantes qui peuvent se marier.
Respectez le bon dosage et la bonne posologie
Les doses à ingérer ou appliquer varient avec la morphologie du patient, son âge et sa sensibilité.
Pour les infusions de feuilles et fleurs fraîches, les doses pour un adulte sont généralement indiquées en poignées et en tasses :
- 2 à 5 poignées de plante fraîche par litre, soit 60 à 150 g/L
- 3 à 4 tasses d'infusion par jour
Pour les fruits, le nombre doit être précisé.
Pour les écorces et les tiges, la longueur doit être précisée.
Les doses présentées dans les fiches Agripedia s'appliquent aux adultes. Pour les enfants, les préparations doivent être diluées :
- Pour les bébés et jusqu'à 3 ans : 1/6e de la dose adulte
- de 3 à 7 ans : 1/4 à 1/3 de la dose adulte
- de 7 à 13 ans : 1/3 à 1/2 de la dose adulte
- de 13 à 20 ans : 2/3 de la dose adulte, voire la dose entière
Respectez la durée de traitement
Plantes en tisanes : 3 à 5 jours pour une gêne respiratoire sans complication.
Pour les cures plus longues, ne dépassez pas 21 jours de cure, car l'accumulation d'un composé peut provoquer une toxicité. Interrompez le traitement pendant une semaine au moins si vous constatez une amélioration et souhaitez prolonger le traitement.
Soutiens à la réalisation de cette fiche
L'Institut agronomique néo-calédonien (IAC) a été lauréat du "Fonds de sauvegarde du patrimoine immatériel des pays et territoires d'outremer (PTOM)" en mars 2022 pour intégrer dans Agripedia des fiches sur les plantes médicinales de la pharmacopée calédonienne.
Cette fiche a été réalisée grâce au soutien moral et financier de l'Union européenne, de l'Institut français, de l'OCTA et de l'ACPA dans la cadre du projet pilote ARCHIPEL.EU.
Cette fiche a été également réalisée grâce au soutien scientifique, technique et financier de l'IAC, l'ADCK-Centre Tjibaou, l'IRD, l'Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie et Lincks.
Sources
- Légifrance, arrêté du 4 septembre 2020 relatif à l'information préalable devant être délivrée aux acquéreurs de végétaux susceptibles de porter atteinte à la santé humaine
- Revue Mwà Véé, N°35, 2002. Plantes kanak, l'approche traditionnelle, p 24-27
- Plantes médicinales, usages et dosages, site web Ooreka LIEN
- Limousin P., Bessières E. Océania planta medica - Flore de Kanaky - Tome I
- Les 10 règles d'or de la phytothérapie, site web VIDAL.fr LIEN
Auteurs
Publié le 15 décembre 2022
Rédaction
- Estelle Bonnet-Vidal (Lincks)
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