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Les fondements de la société kanak

Les fondements de la société kanak

Les fondements de la société kanak

Les populations kanak ont une vision du cosmos, un rapport à l’espace, une organisation sociale et des pratiques coutumières qui tendent à rechercher en permanence l'équilibre et l’harmonie. Les fondements de la société s'appuie sur les mythes fondateurs.

 

Les fondements de la société kanak
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    Le mythe fondateur

    La société kanak est construite à partir du mythe fondateur. Celui-ci qui raconte l'origine de l'homme kanak qu'il positionne comme un simple élément de la nature dans un ensemble en perpétuel mouvement. Le mythe fondateur définit également l'organisation sociale, le système des alliances et de relations entre les clans et les hommes. Les alliances peuvent être permanentes ou occasionnelles. Tout découle du mythe. Plusieurs mythes sont racontés par plusieurs narrateurs qui coexistent et se complètent ou non.

    La narration des contes permet aux clans de la chefferie de mettre en scène leurs différentes fonctions. Celles-ci sont exprimées par des symboles et des références spatiales. Les fondateurs sont les premiers occupants du pays. Ils installèrent progressivement d'autres groupes.

    Chaque nouveau venu conserve les liens afférents à son espace d'origine. Il fait valoir à travers les contes la spécificité de ses relations (ou chemins) et le bénéfice que le groupe social peut en tirer.

    Chaque conte ou série de contes vient donc proclamer les pouvoirs et les rôles de chaque clan et de la chefferie.

    Juxtaposés, les contes composent une symphonie où chaque clan joue sa propre partition tout en tentant de s'unir dans un jeu de complémentarité.

    Trois principales dimensions

    Le mythe fondateur compte plusieurs dimensions :

    • philosophique
    • politique
    • morale et normative

    Dimension philosophique

    Le mythe fondateur propose une explication du monde, du cosmos, de la nature, des plantes, des animaux, de l'homme et de ses origines.

    La vie y est en perpétuel mouvement. Un individu est à la fois lui-même et un autre, voire plusieurs autres. Pour communiquer, il utilise une langue qui véhicule de multiples concepts, parfois précis, parfois flous. La parole est sacrée et permet à chaque membre de la société de connaître sa place et celle de son clan.

    Le monde invisible comprend les ancêtres défunts et les êtres surnaturels (génies). Il est omniprésent dans le monde des vivants.

    L'homme se détermine par rapport au soleil, à la lune, au cosmos. Il est un membre de la nature. Les animaux, les arbres, les rochers sont des éléments de la nature, mais aussi des totems, c'est-à-dire les supports matériels du monde invisible.

    Les Kanak ont une vision du cosmos, un rapport à l’espace, une organisation sociale et une pratique coutumière qui tendent à une recherche permanente d’équilibre et d’harmonie.

    Au départ l'homme était un lézard qui vivait dans l'eau. Au fil des millénaires, il a subit plusieurs a subit plusieurs transformations dues aux bouleversements climatiques et naturels.

    Dimension politique

    Les hiérarchies se font et se défont au gré des alliances, des déplacements de clans et des références à tel ou tel événements et personnages cités dans le mythe.

    L'organisation sociale et politique sont des systèmes ouverts qui permet au dernier arrivé de s'intégrer dans la société existante et d'en devenir le poteau central, c'est-à-dire le chef de la communauté vivant sur cet espace.

    Le mythe fondateur raconte la généalogie des familles, le lien aux espaces et l'hospitalité exercé à maintes reprises.

    Dimension morale et normative

    Le mythe fondateur édicte le système de valeurs et de normes que chaque individu doit appliquer et respecter concernant :

    • L'accueil ;
    • Le partage avec les autres ;
    • Le don de ce que l'on a ;
    • Les tabous et règles. Ceux-ci fixent le cadre d'une bonne conduite en société. L'individu qui enfreint une règle sera, à défaut d'une sanction physique, sanctionné par les esprits.

    Exemple

    L’organisation sociale dans l’aire Paicî est fondée sur les relations généalogiques. Chaque personne, famille, lignage est rattachée à l'un des onze actuels clans Paicî, eux-mêmes issus des ancêtres fils du premier homme. Ces clans sont partagés en deux moitiés, les Dui et Bai, fondées par deux ancêtres frères. Il existe un dualisme matrimonial qui ouvre en principe à toute personne d'un clan Dui l’accès à une personne de sexe opposé d'un clan Bai, et réciproquement.

    Voici le mythe fondateur raconté dans l'aire Paicî (Koné, Pouembout, Poya Nord, côte ouest). Cette histoire a été recueillie à Ouaté (Poya) en langue paicî [1] auprès du grand érudit Téâ Emmanuel Naouna en 1973 par Alban Bensa et Jean-Claude Rivière dans le cadre d'une mission de recherche patronnée par le CNRS. Ce début de texte a été transcrit et traduit avec la collaboration d'Antoine Goromido à Netchaot (Koné) :

    « Quand l'eau commence à descendre, un sommet apparaît. Il porte le nom de Näécõpë, c'est le rocher Tâibërënê (bancoule du soir).

    Le lézard nage et cherche à attraper le caillou. Il le manque par 3 fois à cause des vagues. Au 3e essai il parvient à s'accrocher au rocher. Et ce n'est plus un lézard. C'est un génie. On l'appelle Bwëé Awa. C'est ainsi que quelques saisons plus tard, il lui nait un fils appelé Téâ Känäké.

    Ensuite Téâ Känäké descend du sommet nommé Cëuma. En langue paicî, ce sommet est appelé Näwârâaéré (dans la maison du brouillard) et Näwârâu (dans la maison des génies). Il descend de là et s’installe dans un endroit appelé Goroö (au poteau central). Alors il engendre deux fils, l’un appelé Bwëé Beèlo, l’autre Dui Daulo.

    Ils descendent de Goroö et s’installent à Au(w)aci. Ils engendrent alors 6 fils. Trois pour Bwëé Béèlo et trois pour Dui Daulo. On les appelle les Téâ.

    L'ainé de Bwëé Béèlo  porte le nom de Téâ Paamâ ; le suivant s'appelle Téâ Cöömäri et celui qui vient ensuite Téâ Bwaawa.

    Dui Daulo a aussi trois fils. Le premier est Téâ Eèdëu, le suivant Téâ Itibu, le dernier Dui Pwrùrùdua.

    À l'endroit que l'on appelle Au(w)acî (là où on fait griller), Dui Daulo grille l'igname. Quand elle est cuite, il la gratte et la poussière arrive sur son ainé Bwëé Béèlo. Celui-ci alors : "tu grattes sur moi la poussière de grillade et tu ne sais pas que je suis ton frère aîné. Alors nous allons partager nos lignages".

    Ils déroulent la monnaie de coquillage (âdi) pour chacun des fils mais ils en oublient un dans leur partage.

    Dui Dui Pwrùrùdua.

     

    Référent / Contact

    Estelle VIDAL
    Communication scientifique
    Lincks
    Mis à jour le 22/12/2024
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