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Ignames

Ignames

 

Ignames

Dioscorea spp
Mis à jour le 24/07/2024

L'igname est une plante vivrière de premier plan en Nouvelle-Calédonie, cultivée pour son tubercule très nourrissant et pour son importance dans les échanges coutumiers.

  • Identité

    Nom scientifique
    Dioscorea spp
    Famille
    Dioscoreaceae
    Statut Biogéographique
    Plante indigène
    Origine géographique
    Asie
    Distribution géographique
    Pays intertropicaux
    Noms Kanak
    Ku (en Drubea, Numèè, Kwényï, Xârâcùù, Xârâgurè, Yuanga), Kùic (en Jawe)
    Koko (en Drehu et Iaai), Wakoko (en Nengone)
    U (en Cèmuhî, Haméa, Iaai)
    Mëu (en A'jië)
    Autres noms communs
    Yam (en anglais)
  • Description

    Type de plante
    Liane
    Feuillage
    Caduque
    Durée de vie
    Annuelle
    Hauteur à maturité
    Entre 50 cm à 2 m
    Largeur à maturité
    Entre 50 cm et 2 m
    Système racinaire
    Peu développé
  • Conduite culturale

    Multiplication
    Bouturage
    Semis
    Où planter ?
    Pleine terre
    En pot
    Extérieur
    Type de sol
    Sol drainant
    Humifère
    Densité
    Productivité
    Pollinisation
    --
    Croissance
    Rapide
    Entretien / Soins
    Modéré
    Exposition au soleil
    Soleil
    Besoin en eau
     
     
     
     
     
    Résistance à la sécheresse
     
     
     
     
     
  • Santé

    Résistance aux ravageurs
     
     
     
     
     
    Résistance aux maladies
     
     
     
     
     
    Principaux ravageurs
    --
    Principales maladies
    Antrachnose
  • Usage & vertus

    Alimentation
    Cuisiné
    Vertus
    Diurétiques
    Autre usage
    Médecine naturelle
    Médecine kanak
  • Saisonnalité

    Floraison
    Jan
    Fév
    Mar
    Avr
    Mai
    Juin
    Juil
    A
    Sep
    Oct
    Nov
    Déc
    Fruits
    Jan
    Fév
    Mar
    Avr
    Mai
    Juin
    Juil
    A
    Sep
    Oct
    Nov
    Déc
    Taille
    Jan
    Fév
    Mar
    Avr
    Mai
    Juin
    Juil
    A
    Sep
    Oct
    Nov
    Déc

Généralités

L'igname appartient au genre botanique Dioscorea et à la famille des Dioscoreacées. Elle est classée dans le groupe des plantes à fleurs monocotylédones.

L'igname est également une liane grimpante et un légume-racine cultivée dans pratiquement toutes la zone intertropicale humide pour son tubercule comestible (1).

Il existe plus de 600 espèces différentes d'ignames. Seules une dizaine sont cultivées pour l'alimentation. Pour chaque espèce, il existe de nombreuses variétés. Aujourd'hui, 95% de la production mondiale d'ignames provient de la culture de deux espèces : Dioscorea alata originaire d'Asie du Sud-est et Dcr originaire d'Afrique, un complexe spécifique qui regroupe D.cayenensis (l'igname jaune) et D. Rotundata (l'igname blanche) (1).

La domestication de l'igname à partir d'espèces sauvages aurait trois berceaux d'origine : en Afrique (il y a 11 000 ans), en Asie et en Amérique (2).

Selon la FAO, la production mondiale d'ignames a atteint 71 millions de tonnes en 2017. Son tubercule nourrissant constitue la base de l'alimentation de plus de 500 millions de personnes dans le monde. L'Afrique de l'Ouest assure 91 % de la production mondiale. L'igname peut être cultivée dans certains pays tempérés (Japon, France, Argentine) (1).

Selon le centre des tubercules tropicaux de l'Adecal-Technopole (ou D. Varin ?), 7 espèces d'ignames sont présentes en Nouvelle-Calédonie et 5 d'entre elles sont communément cultivées. La grande igname Dioscorea alata est la plus répandue. Certaines espèces ont été probablement introduite lors des premières migrations humaines dans l'archipel qui se sont faites depuis l'Asie du Sud-Est, il y a 3000 ans (3).

Le centre des tubercules tropicaux de la Nouvelle-Calédonie conserve actuellement (11) :

  • 180 variétés locales,
  • 15 introduites
  • 24 variétés hybrides issues de créations variétales

Usages et vertus alimentaires

Qualités nutritionnelles

L'igname est un aliment intéressant sur le plan nutritionnel, car elle est riche en énergie riche en fibres, en vitamines et en minéraux. C'est un aliment facile à cuisiner et nourrissant. Son indice glycérique est faible, ce qui signifie que sa consommation régulière aide à lutter contre le diabète. L'igname est également un aliment sans gluten. Les variétés de couleur (pourpre, jaune, orange) sont riches en antioxydants.

100g d'igname épluchée, bouillie à l'eau (source chiqua.anses.fr) et consommée apporte :

Énergie 109 kcal
Eau 70,1 g
Glucides 23,6 g
Sucres 0,5 g
Protéines 1,5 g
Lipides 0,1 g
Fibres 3,9 g
Calcium 14 mg
Fer 0,52 mg
Magnésium 18 mg
Phosphore 49 mg
Potassium 670 mg
Zinc 0,2 mg
Vitamine C 12,1 mg
Vitamine E 0,34 mg
Vitamine B3 (Niacine) 0,55 mg

Usages et préparations culinaires

Une fois épluchée, l'igname se prépare de différentes manières :

  • bouillie
  • à la vapeur
  • sautée à la poêle
  • grillée avec la peau
  • cuite au four
  • en friture
  • à l'étouffée : c'est le mode de cuisson du bougna, le plat traditionnel kanak, où l'igname, accompagnée d'autres légumes, d'une viande ou d'un poisson, est arrosée de lait de coco, assaisonnée, puis enveloppée dans des feuilles de bananier et cuite dans un four traditionnel en pierre pendant plusieurs heures.

Sa chair est un peu farineuse avec un goût sucrée. Elle se cuisine en gratin, potages, purées, galettes, biscuits, gâteaux et même glaces (2).

Découvrir de délicieuses recettes dans "Les récoltes du Caillou" (5).

Toxicité

Certaines espèces d'ignames sont toxiques. En particulier, D. bulbifera contient des métabolites susceptibles de causer des dommages au foie (hépatotoxicité) et aux cellules (cytotoxicité) (6). Ses alcaloïdes sont solubles dans l'eau et détruits à la cuisson (7).

Vertus médicinales de la grand igname D. alata (7)

  • Aliment énergétique
  • Antibactérien
  • Anti-inflammatoire
  • Tonique pour l'appareil digestif
  • Antispasmodique

Importance culturelle

L'igname a une valeur symbolique très forte dans la culture kanak. D'ailleurs, le peuple kanak est souvent appelé « civilisation de l’igname » puisque le cycle du tubercule rythme la vie dans les tribus (source DENC).

 C’est à partir d’un fragment ou d’un tubercule entier – provenant de la récolte précédente – que naît l’igname nouvelle. Les générations actuelles perpétuent les gestes des anciens et considèrent l’igname comme un véritable don.


Il existe différents mythes qui mettent en évidence l’origine de l’igname et les plantes cultivées. De même, différents contes rapportent la manière dont certaines d’entre elles ont reçu une forme particulière ou un goût particulier.


Lors des évènements coutumiers, les clans offrent ce tubercule qui permet de mettre en valeur le fruit de leur labeur et leur investissement pour les besoins du clan concerné.


L’igname symbolise l’homme dans la culture kanak de par sa forme phallique. L’acte d’ensemencement possède une connotation sexuelle. D’ailleurs, de nombreux interdits entourent le champ. La femme n’a pas le droit d’aller au champ si elle est enceinte ou en période de menstruation de peur que la production ne soit mauvaise.


La fête de l’igname marque la fin d’une saison et le début d’une autre. Elle est organisée dès l’arrivée des premières ignames (février-mars). Elle marque l’offrande de ces ignames nouvelles au Chef. Présente également dans les cérémonies coutumières de mariage, elle permet de donner corps aux liens créés ou consolidés.

L'igname en langue (ignames en langues du sud) (4)

  • Ku en Drubea, Numèè, Kwényï, Xârâcùù, Xârâgurè, Yuanga
  • Kùic en Jawe
  • Koko  en Drehu, Iaai
  • Wakoko en Nengone
  • U en Cèmuhî, Haméa, Iaai
  • Mëu en A'jië

Description de la plante

Allure

  • Liane grimpante
  • Herbacée annuelle à feuilles caduques
  • Tige volubile ou épineuse de section cylindrique ou anguleuse
  • Tubercule vivace
Plants d'ignames, Centre Tjibaou, Nouméa © Lincks
Plants d'ignames, Centre Tjibaou, Nouméa © Lincks

Feuilles

  • Position alterne ou opposée avec 5 nervures
  • Couleur glabre
  • Avec une forme de coeur (codiforme)
  • Elles sont comestibles et utilisées en médecine traditionnelle 
  • Présence fréquente de bulbilles à l'aisselle qui peuvent servir à la multiplication
  • La liane se développe pendant les 3-4 premiers mois et nécessite un tuteur
Feuilles d'igname © Lincks
Feuilles d'igname © Lincks

Fleurs

  • Plants dioïques (sexes séparés)
  • Fleurs femelles avec des ovaires infères triloculaires (11)
  • Fleurs mâles avec 3 ou 6 étamines. Elles sont associées en petites grappes jaunes (11)
  • Floraison abondante chez les espèces sauvages et réduite chez les espèces cultivées (1).

 

Fleurs femelles (mauves et jaunes) et fleurs mâles (petites et jaunes) de l'igname D. alata © Adecal-Technopole
Fleurs femelles (mauves et jaunes) et fleurs mâles (petites et jaunes) de l'igname D. alata © Adecal-Technopole

Fruits, graines

  • Fruit sec déhiscent
  • Capsule trilobée qui contient 6 graines
  • Les graines sont entourées d'une membrane ailée et mesurent 1 à 1,5 cm.

 

    Les graines d'igname D. alata sont ailées et mesurent 1 à 1,5 cm © Adecal-Technopole
    Les graines d'igname D. alata sont ailées et mesurent 1 à 1,5 cm © Adecal-Technopole

    Racine, tubercule

    • Partie la plus comestible de la plante
    • Les formes, la taille et le nombre sont excessivement variables
    • La forme peut être allongée, sphérique ou boursouflée
    • Couleur externe brune
    • Chair blanche, jaune ou pourpre
    • Goût sucré
    • Texture fibreuse et farineuse
    • Les tubercules commercialisés pèsent 1 à 1, 5 kg. Leur poids peut atteindre 10 kg
    Ignames © NC1ere
    Ignames © NC1ere

    Saisonnalité, calendrier

    • Juin-Juillet : préparation des parcelles, des champs
    • Août : plantation des tubercules-semences
    • Février à Mai : récolte des tubercules

    Cycle de l'igname

    Le tableau ci-dessous résume le cycle de vie de l'igname, les activités menées au champ et les évènements de la nature associés.

    JANVIER FÉVRIER MARS AVRIL MAI JUIN
     

    Les feuilles des ignames de prémices se fanent

     

    Récolte des ignames de prémices

    Récolte des tubercules

    Récolte des tubercules

    Défrichage, désherbage, brûlis, préparation du sol/billons

    Les corbeaux font leurs nids "Puhi" en fleur à Bopope

     

    Les feuilles du banian blanc tombent, les mandariniers, goyaviers et orangers ont leurs fruits

     

    Les roussettes, dawas et bec de cane sont gras, les jeunes cerf ont les cornes molles, pleines marée

     

    Pleines marées

     

    Pleines marées, niaoulis en fleurs dans le Nord, arrivée des baleines dans le lagon sud

    JUILLET AOÛT SEPTEMBRE OCTOBRE NOVEMBRE DÉCEMBRE
    Défrichage, désherbage, brûlis, préparation du sol/billons.

    Plantation des semenceaux ou tubercules semences.

    Levée de dormance

     

    La liane sort de terre, grandit et fleurit

    Tuteurage, grossissement du tubercule

    Grossissement du tubercule

    Grossissement du tubercule

    Niaoulis en fleurs dans le Nord, arrivée des baleines dans le lagon sud.

    Lilas et manguiers en fleurs dans la chaine, l'érythrine perd ses feuilles, les branches du gaïac sèchent et cassent.

    Le bois de fer fleurit, les crevettes de rivières fraient, le martin-pêcheur migre vers la chaine

     

    Chants du pigeon vert.

     

    Les roussettes ont leurs petits sous leurs ailes, érythrines en fleurs, dispersion des crevettes de rivière, le martin-pêcheur migre en bord de mer.

     

    Le banian jaunit

     

    Gommiers en fleurs, les roussettes lâchent leurs petits

    Production en Nouvelle-Calédonie

    L'enquête menée en 2010 par l'Institut agronomique sur l'agriculture en tribu a montré que sur l'ensemble de la Nouvelle-Calédonie, la production de tubercules tropicaux dans les tribus s'élevait à 10 000 tonnes. L'essentiel sont des ignames et des taros.

    • 10 % de cette production est commercialisée sur les marchés informels de bord de route, soit 1000 tonnes
    • la moitié de la production des ménages est auto-consommée
    • la moitié de la production des ménages est donnée à la famille ou lors de cérémonies coutumières

    La même année, la quantité de tubercules tropicaux commercialisés sur les marchés formels s'élevait à 470 tonnes (source Davar/Gouv NC).

    Caractéristiques des espèces les plus cultivées

    D'après le centre des tubercules tropicaux (CCT) de l'Adecal -Technopole, 7 espèces d'ignames sont présentes en Nouvelle-Calédonie. Il s'agit de D. alata, D. cayenensis & rotundata, D. esculenta, D. transversa, D. bulbifera, D. pentaphylla, D. nummularia (ou D. glabra).

    La grande igname, D. alata (7,8)

    Autres noms : la vraie igname, l'igname longue, l'igname du chef, Nâgôri (en Païcî), Oubi (à Balade), Oufi à Diaoué), Kou (à Yaté), Wakoko (à Maré).

    • Berceau géographique de l'espèce sauvage inconnu
    • Espèce la plus cultivée en Nouvelle-Calédonie avec 130 variétés conservées au CTT (10)
    • Forte variabilité morphologique
    • Tige verte ou violette, très longue, ailée sur les angles,
    • Liane volubile à gauche (s'enroule sur le tuteur par la gauche)
    • Feuilles opposées, entières, en forme de cœur et à 5 nervures
    • Le tubercule est la plupart du temps long et unique. Il peut être rond par 3 ou 4.
    • Tubercule charnu, recouvert d'une peau mince, grisâtre ou violacée
    • Chair blanche, jaune ou mauve

    L'igname martiniquaise D. cayenensis & rotundata ou Dcr

    Autres noms : l'igname africaine, Kwirïji (en A'jië), Wailu (à Maré et en bichlamar, Vanuatu, car elle a été introduite à partir de la commune de Houaïlou vers les années 1950).

    • Originaire d'Afrique et importée depuis les Antilles.
    • Tige ronde, vert clair, cireuse avec des épines à la base
    • Liane volubile à droite
    • Feuilles cordées, allongées, vert sombre
    • Tubercule massif, souvent unique, cylindrique à la peau lisse, recouvert d'une peau marron clair. Sensible aux nématodes.
    • Chair blanche pour les cultures de D. rotundata et  chair jaune pour les cultures de D. cayenensis
    • Dormance du tubercule plus courte
    • Sensible aux nématodes
    • Récolte et conservation délicate car l'épiderme cicatrise mal

    L'igname sauvage ou Waël, D. transversa

    Autres noms : Wael (îles Loyauté de l'anglais wild, sauvage), Waël (Xârâcùù), Yövaayi (en A'jië), Covahi (en Cèmuhi), long yam, pencil yam (Australie).

    • Originaire d'Australie, cultivée aux îles Loyauté
    • Tige ronde, lisse, brun rouge
    • Feuilles vert sombre, en forme de cœur aux veines bien apparentes
    • Belles fleurs en grappe
    • Tubercules en massue, nombreux qui se récoltent en novembre-décembre. Ils sont parfois très minces, fibreux et amer.
    • Chair particulièrement appréciée avec un léger goût de patate douce

    L'igname chinoise ou Wareï, D. esculenta (7,8)

    Autres noms : l'igname douce, Wovilé (Nouvelle-Calédonie, Vanuatu), Warei (îles Loyauté), Ouaré (Yaté, Waèi (en Païci), Oualé (à Balade), Hùbin (en Cèmuhi)

    • Originaire d'Asie du Sud-Est
    • Forte variabilité morphologique
    • Tige ronde, épineuse sur toute la longueur
    • Liane volubile à gauche
    • Feuilles de petites taille, vert sombre, en forme de cœur presque ronde, poilues à l'extrémité des tiges
    • Pas de bulbilles
    • Tubercules ovales, nombreux récoltés généralement en septembre-octobre
    • Chair blanche, rouge ou pourpre
    • Résistante à l'anthracnose et aux viroses. Se conserve bien et cicatrisent facilement.

    L'igname sauvage ou Bwêt, D. nummularia

    Autres noms : Wanyaöl (Lifou, Ouvéa), Wanyeör (Maré), Pâa (Balade), Sigèrè, Do sigere, Mege (Canala), Soe, Yoé (Houaïlou), Paawa (Païta, Gomen), Dihâmwi (Cèmuhi), Tué (Païci).

    • Originaire de Mélanésie
    • Tige ronde ou avec 4 angles, puissante souvent épineuse
    • Liane volubile à droite
    • Longues branches latérales
    • Feuilles cordées
    • Sans bulbilles
    • Tubercule allongé couvert de petites racines
    • Plantée en octobre-novembre, elle se récolte après la grande igname
    • Chair dure et blanche
    • Rustique, résistante à l'anthracnose.
    • C'est une espèce intéressante dans des stratégies de sécurité alimentaire.

    Caractéristiques des espèces de disette

    Deux espèces sont peu cultivées et considérées comme des plantes de disette.

    L'igname à 5 doigts, D. pentaphylla

    Autres noms : Wanyaöl (Lifou, Ouvéa), Wanyeör (Maré), Pâa (Balade), Sigèrè, Do sigere, Mege (Canala), Soe, Yoé (Houaïlou), Paawa (Païta, Gomen), Dihâmwi (Cèmuhi), Tué (Païci).

    • Originaire d'Asie tropicale
    • Tige ronde, parfois épineuse
    • Liane volubile à gauche
    • Feuilles palmées à 5 folioles
    • Tubercule rond, aplati et compact
    • Chair blanche à pourpre
    • Se cultive en forêt  dans un endroit ombragé avec un arbre pouvant servir de tuteur
    • Résistante aux maladies

    L'igname bulbifère, D. bulbifera

    Liane ronde sans épines qui s’enroule sur le tuteur par la gauche. Bulbilles abondantes.

    Reproduction, multiplication

    L'igname peut être multipliée de trois façons (9) :

    par la voie sexuée 

    • pollinisation du pollen d'une fleur mâle avec une fleur femelle
    • type de reproduction peu utilisée car la floraison et la fructification sont des phénomènes rares et aléatoires
    • la plupart des variétés agronomique sont unisexuées et produisent des graines stériles

    par la voie végétative

    • La plante se développe à partir d'un fragment de tubercule appelé bouture, semence ou semenceau.
    • 25 à 50% de la récolte est reconvertie en semences (publi semenceaux)
    • Le poids des semences varie de 50 g à 150 g pour obtenir lors de la récolte suivante un tubercule de 800 g à 1 kg (11)
    • Traditionnellement, la multiplication se fait à partir d'un tubercule entier qui est conservé en vue de la plantation suivante
    • La reproduction végétative est le mode de multiplication le plus répandu. C'est donc une reproduction clonale perpétuée d'année en année.

    par la culture in vitro

    • soit par micropropagation du bourgeon axillaire
    • soit par microtubérisation

    Préparation du sol

    Calendrier

    • Juin-Juillet : coupe et broyage de la végétation
    • Août : Ameublissement du sol et enfouissement de la matière organique
    • Début septembre : trouaisons, billons

    Lire la fiche technique

    Exigences, plantation et entretien

    Exigences environnementales

    • Parcelle en exposition plein soleil
    • Sol riche, léger, profond, drainant
    • Préférence : un sol sablo-limoneux
    • Les sols sableux sont compatibles avec certaines variétés
    • Évitez les sols argileux et les sols hyper-magnésiens
    • Ne craint pas l'exposition au vent

    Plantation

    • Plantez les semenceaux dès la levée de leur dormance vers fin août à octobre, selon les variétés (12)
    • Pour une densité de 20 000 pieds/ha, les distances de plantation sont les suivantes :
      • 140 x 35 cm
      • 120 x 40 cm
      • 100 x 50 cm
    • Placez le semenceau à 5 cm de profondeur environ et plus profond si vous craignez une sècheresse
    • L'orientation du semenceau n'a pas d'importance

    Fertilisation

    • Engrais de fond : 300 à 500 kh /ha
    • Fumier : 5 à 10 t/ha

    Eau et irrigation

    • Arrosez régulièrement pour maintenir le sol frais sans excès d'eau
    • Arrosage par aspersion ou goutte à goutte dès le début de la plantation
    • En septembre, l'apport de 5 mm d'eau par jour permet de compenser l'évapotranspiration
    • Quand le feuillage est développé, arrosez de préférence en fin de journée pour éviter les brûlures liées à l'effet loupe des gouttes prisonnières dans le feuillage
    • Plus les semenceaux sont petits, plus ils sont sensibles au manque d'eau, surtout en début de cycle

    Tuteurage

    • Adaptez la taille de votre tuteur au poids du tubercule-semence : préparez des tuteurs de grande taille lorsque le poids du tubercule-semence est important, car plus le poids de la semence est important, plus la liane sera développée.
    • Le centre des tubercules tropicaux préconise un système de culture dit de "tuteurage bas" (compatible avec les variétés robustes). Il s'agit de tuteur en T en fer de 1 m de longueur sur lesquelles sont fixées de ficelles. Les tuteurs sont placés tous les 3 m sur les lignesCela évite la verse, garde l'humidité et réduit l'enherbement
    • Passez chaque semaine pour vérifier l'enroulement de la liane autour de son tuteur pendant la période de forte croissance de la liane,
    • Le tuteurage permet d'améliorer les rendements de 10 à 15 %
    • Les feuilles en surface réalisent la photosynthèse et permettent le remplissage du tubercule en amidon.
    Schéma d'un tuteurage bas pour culture d'igname © Adecal modifié Lincks
    Schéma d'un tuteurage bas pour culture d'igname © Adecal modifié Lincks

    Entretien

    Contrôlez les mauvaises herbes jusqu'au début du mois d'avril car ils affaiblissent la plante

    Rotation des cultures

    En culture intensive, il est recommandé

    • de pratiquer la culture de l'igname sur une même parcelle tous les 3 ans
    • d'alterner la culture de l'igname avec du sorgho, des légumineuses ou des céréales
    • une plante de couverture permet de protéger et enrichir la parcelle

    En culture traditionnelle, la rotation des cultures est la suivante :

    • Défrichage
    • Culture de l'igname pendant 1 an
    • Culture de la patate douce et du manioc pendant 1 an
    • Culture du bananier ou jachère pendant plusieurs années
    • Défrichage

    Récolte

    La récolte mécanique se fait lorsque les lianes sèchent et avec une fossoyeuse (11).

    Vous pouvez vérifier la maturité vers 9 mois en déterrant quelques tubercules : la peau doit être formée à la base du tubercule

    Chez certaines variétés, la maturité intervient lorsque le feuillage jaunit et se fane, chez d'autres, il reste vert.

    Coupez les tiges 10 à 15 jours avant la récolte.

    Ignames précoces

    • Kokoci : tubercule long, chair blanche, fragile qui exige une manipulation délicate
    • Goropo : tubercule de forme régulière, semi-long, racines sur l'ensemble du tubercule, chair blanche, excellente qualité gustative, peut être manipulé sans trop de crainte

    Ignames de saison

    • Koupette : chair appréciée des consommateurs
    • Kokoci : tubercule long, chair blanche, fragile qui exige une manipulation délicate
    • Boitanin : tubercule très allongé (70 à 80 cm), noble, de première catégorie, très bonne conservation

    Ignames tardives

    • Bwilana : tubercule cassant au niveau de la tête, 2 à 5 tubercules par pied, très recherché des amateurs.
    • Touaourou : excellente qualité, très recherché pour la consommation et les échanges cérémoniels

    Conservation

    Certaines variétés se conservent mal lorsqu'elles sont blessées. Couvrez les blessures avec de la cendre de bois + du cuivre (3/4 et 1/4)

    Les tubercules sains destinés à la semence sont triés et trempés pendant 15 minutes dans une solution fongicide-insecticide en respectant les produits autorisés. Bien les sécher avant la plantation.

    Les tubercules destinés à la consommation ou la vente sont lavés et trempés dans des bacs d'eau chaude, à 50°C pendant 30 min pour lutter contre les nématodes (11), puis ils sont conservés plusieurs mois à l'abri de l'humidité dans un local frais, ventilé, à l'abri des rats.

    Ravageurs et maladies

    Ravageurs et maladies

    Méthodes de lutte agro-écologiques

    Méthodes de lutte agro-écologiques

    Soutien à la réalisation de cette fiche

    Cette fiche a été réalisée grâce au soutien financier de l'Agence rurale dans le cadre de son appui au développement de la filière « Plantes comestibles, fruits et légumes de diversification ».

    L'Agence rurale et l'Institut agronomique néo-calédonien ont signé une convention de partenariat en juin 2024 pour la réalisation et intégration d'une trentaine de fiches techniques variétales dans Agripedia. L'objectif est ainsi de contribuer à l’amélioration de la couverture alimentaire du pays en proposant des produits locaux originaux, de qualités nutritionnelles et environnementales remarquables et adaptés aux conditions pédoclimatiques de la Nouvelle-Calédonie.

    L'équipe d'Agripedia et l'IAC remercie l'Agence rurale pour ce précieux soutien !

    En savoir plus sur le mécénat GOLD.

     

    Logos du partenariat "Plantes utiles"
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    Sources

    (1) Collectif 2023. Mémento de l’agronome, Cirad, Gret, Ministère des affaires étrangères (France). Éditions Quae 1699 p.

    (2) Birlouez É. 2023. Petite et grande histoire des légumes. Éditions Quae 171 p.

    (3) Collectif, 2022. Quelques ignames en langues du Sud. Livret de l'Académie des langues Kanak.

    (4) Varin D., Brevart J., 2006. L’igname en Nouvelle-Calédonie, espèces et variétés. 1Editions AICA - Centre des tubercules tropicaux - Centre de documentation pédagogique de Nouvelle-Calédonie, Nouméa, xx p.

    (5) Agence rurale. 2023. Récoltes du Caillou

    (6) Avis de l'Anses. 2011. Saisine n°2010-SA-0294 relatif à la pertinence des travaux menés par un fournisseur d’ingrédients de compléments alimentaires pour s’assurer de l’innocuité des extraits alcooliques d’Igname (Dioscorea) produits.

    (7) P. Limousin, 2014. Oceania planta medica, flore de Kanaky, vol. II - Panacées alimentaires - p 83-85

    (8) Walter A., Lebot V., 2003. Jardins d'océanie. IRD Éditions 329 p

    (9) Dibi K. et al. 2016. Inventaire des méthodes de production des semenceaux d'igname (Dioscorea spp) : une revue de la littérature. Journal of animal & Plant Sciences, vol. 29, Issue 1 : 4496-4514

    (10) Varin D., Brévart J, 2006. L’igname en Nouvelle-Calédonie : espèces et variétés. Première édition. Nouméa : Centre de documentation pédagogique de Nouvelle-Calédonie. ISBN 2-913090-88-5

    (11) M'Bouéri C., Jordan M., 2019. Rapport de stage de Master 2. Bilan des données de multiplication de l'igname et de création variétales au Centre des tubercules tropicaux au cours des 20-25 dernières années. Adecal-Technopole.

    (12) Cirad Port Laguerre, 1993. Fiche technique N°03/93 "La culture commerciale de l'igname en Nouvelle-Calédonie (Dioscorea spp.).

    Référent / Contact

    Estelle VIDAL
    Communication scientifique
    Lincks
    Mis à jour le 27/09/2024
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