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Patate douce

Ipomea batatas
Mis à jour le 11/02/2025

Très appréciée pour son tubercule sucré et nourrissant, la patate douce est cultivée depuis longtemps dans le Pacifique.

  • Identité

    Nom scientifique
    Ipomea batatas
    Famille
    Convolvulaceae
    Statut Biogéographique
    Plante exotique
    Origine géographique
    Amérique du Sud
    Distribution géographique
    Régions tropicales
    Noms Kanak
    Kumala (Nengone, Maré)
    Autres noms communs
    Sweet potato (Anglais),
    Uumara (Tahitien), Kumala (Fidjien, Togien, Maori)
    Cumar (en Queshua, Pérou)
  • Description

    Type de plante
    Liane
    Feuillage
    Persistant
    Durée de vie
    Annuelle
    Hauteur à maturité
    Moins de 50 cm
    Largeur à maturité
    Entre 50 cm et 2 m
    Système racinaire
    Peu développé
  • Conduite culturale

    Multiplication
    Bouturage
    Où planter ?
    Extérieur
    Pleine terre
    Type de sol
    Sol drainant
    Tous types
    Densité
    1 bouture / 30 cm
    Productivité
    10 à 25 t/ha
    Pollinisation
    Par le vent
    Par les insectes
    Croissance
    Rapide
    Entretien / Soins
    Facile
    Exposition au soleil
    Soleil
    Besoin en eau
     
     
     
     
     
    Résistance à la sécheresse
     
     
     
     
     
  • Santé

    Résistance aux ravageurs
     
     
     
     
     
    Résistance aux maladies
     
     
     
     
     
    Principaux ravageurs
    Charançon de la patate douce
    Principales maladies
    Gale
    Maladie de la petite feuille
  • Usage & vertus

    Alimentation
    Transformation
    Cuisiné
    Confiture
    Vertus
    Transit intestinal
    Soinde la vision et de la peau
    Autre usage
    --
  • Saisonnalité

    Floraison
    Jan
    Fév
    Mar
    Avr
    Mai
    Juin
    Juil
    A
    Sep
    Oct
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    Déc
    Fruits
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    Taille
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La patate douce Ipomoea batatas
La patate douce Ipomoea batatas

Généralités et origine

La patate douce Ipomea batatas est une plante alimentaire cultivée de longue date pour ses tubercules savoureux et nourrissants. C'est une liane rampante vivace  qui appartient à la famille des Convolvulacées. Elle est cultivée dans toutes les régions tropicales, subtropicales et méditerranéennes de la planète (1). La production mondiale de patate douce s'élève à 89 millions de tonnes, la Chine concentrant 75% de la production (FAO-STAT, 2021).

La patate douce est originaire d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud. Elle était cultivée au Pérou entre 10 000 et 12 000 ans av. J.-C. (2). Des études génétiques récentes croisées à des données historiques, archéologiques et linguistiques, attestent que la patate douce a été diffusée à travers tout le Pacifique au gré de diverses migrations humaines et selon deux parcours principaux (3) :

  • Du Pérou vers la Polynésie au XIIe siècle : la lignée Kumara, aurait été amenée depuis le Pérou entre 1000 et 1100 apr. J.-C. vers la Polynésie occidentale par des navigateurs polynésiens qui l'auraient ensuite diffusée vers d'autres îles (Hawaï, île de Pâques, Polynésie orientale, Nouvelle-Zélande, Tonga, Fidji, Mélanésie). Il existe d'ailleurs d'importantes similitudes lexicales entre les langues désignant la patate douce en quechua au Pérou (cumar), dans les langues polynésiennes (kuumala et ses dérivées) et océaniennes Kumala (en Togien) et 'Umala (en Maori).

  • Des Caraïbes ou de l'Amérique du Sud vers l'Europe, puis l'Asie au XVIe siècle : la patate douce a tout d'abord été découverte aux Antilles par Christophe Colomb (1492), puis elle débarque en Espagne dès 1493 où elle y rencontre un rapide succès. Les Portugais diffusent ensuite  la patate douce (lignée Balata) dans leurs comptoirs en Afrique et Indonésie vers 1500, tandis que les Espagnols l'implantent aux Philippines vers 1520 (lignée Camote). Le tubercule s'est ensuite dispersé dans différentes îles du Pacifique par l'intermédiaire de navigateurs européens ou de navigateurs locaux (Papouasie Nouvelle-Guinée, Fidji, Polynésie, Micronésie...). Les récits du capitaine Cook font état de cultures de patates douces sur plusieurs îles qu’il visita au XVIIe siècle. La Papouasie Nouvelle-Guinée et la Mélanésie représentent le 2e spot mondial de diversification de la patate douce avec leurs milliers de cultivars et variétés.

Concernant la Nouvelle-Calédonie, on sait que la patate douce était consommée aux îles Loyauté avant l'arrivée des missionnaires. Le tubercule a atteint la Nouvelle-Calédonie vraisemblablement vers la fin du 18e ou au début du 19e siècle. À Maré, la patate douce a conservé son nom polynésien Kumala (4).

La patate douce ne commence à être cultivée en France qu'à partir de 1750, mais elle tombe rapidement dans l'oubli, car la pomme de terre lui était préférée.

Gravure de pirogues polynésiennes par Sydney Parkinson lors d'un des voyages de James Cook, 1785
Gravure de pirogues polynésiennes par Sydney Parkinson lors d'un des voyages de James Cook, 1785

Usages alimentaires et vertus

Qualités nutritionnelles

La patate douce contient des nutriments intéressants pour la santé :

  • Riche en fibres
  • Riche en antioxydants
  • Indice glycémique modéré
  • Excellente source de vitamines, de manganèse et cuivre

Tableau 1. Composition pour 100 g de patate douce à chair orange, sans peau et crue (source USDA)

Eau

79,5 g

Énergie

79 kcal

Protéines

1,58 g

Lipides

0,38 g

Glucides

17,3 g

Cendres

1,18 mg

Calcium

22 mg

Magnésium

19,1 mg

Phosphore

37 mg

Fer

0,4 mg

Potassium, K

486 mg

Manganèse

0,417 mg

Cuivre

0,187 mg

Vitamine C

14,8 mg

Vitamine E

0,15 mg

Vitamine B1 (Thiamine)

0,045 mg

Vitamine B3 (Niacine)

0,432 mg

Vitamines B6

0,124 mg

ß-carotène

 

Préparations culinaires

Le tubercule constitue la principale partie comestible de la plante, toutefois, les feuilles peuvent également être consommées comme un condiment ou comme les épinards. La patate douce a un goût sucré, intermédiaire entre la pomme de terre et la châtaigne. On peut la préparer de nombreuses façons :

  • cuite à l'eau bouillante ou à la vapeur
  • en friture
  • en purée, 
  • en gratin
  • en potage
  • Farine
  • en tarte ou gâteau... 

Vertus médicinales

La forte teneur en vitamines A et en antioxydants contribue à maintenir une bonne vue, une belle peau et une bonne immunité.

Autres usages

  • Les parties aériennes constituent un fourrage apprécié du bétail.
  • C'est une culture de couverture qui peut étouffer les mauvaises herbes. La patate douce inhibe la croissance d'autres plantes en sécrétant des substances chimiques nocives ou toxiques (effet allélopathique) (9).

Description de la plante

Allure

  • Liane rampante avec des tiges pouvant atteindre de 50 cm à 3 m de longueur
  • Tige avec des entre-nœuds à partir desquels apparaissent des racines

Feuilles

  • Simples arrangées en spirales
  • Formes variées : ronde, en cœur, triangulaire, en fer de lance, lobée
  • Nombre de lobes varié : 3 à 9
  • Taille : environ 15 cm x 15 cm avec un pétiole de 5 à 30 cm
  • De couleur verte ou violacée, avec des nervures plus ou moins prononcées

Fleurs

  • Solitaires en forme de trompette
  • De couleur pourpre
  • 4 cm de diamètre
Culture de patate douce à Port Laguerre © S. Blanc, Adecal-Technopole
Culture de patate douce à Port Laguerre © S. Blanc, Adecal-Technopole

Fruits et graines

  • Fruits de petite taille avec 4 graines noires

Racines, tubercules

  • Juste sous la surface du sol, les racines se gorgent d'amidon et forment une dizaine de tubercules.
  • Tubercules de formes variables : rond à elliptique, ovale à oblong, long, oblong, long irrégulier, fusiforme ou globulaire, lisse ou avec des petits sillons
  • Peau externe de textures et couleurs variables : rugueuse, veinée, avec des constrictions horizontales, avec des rainures longitudinales, orange à violacée
  • Chair de couleur blanche, jaune, orange ou pourpre
Étal de patates douces à la foire de Bourail, Nouvelle-Calédonie (2018) ©Lincks
Étal de patates douces à la foire de Bourail, Nouvelle-Calédonie (2018) ©Lincks

Saisonnalité

La patate douce peut être plantée en saison fraîche (cycle de mai à septembre) ou tout au long de l’année, selon les variétés. La durée du cycle, qui correspond au temps entre la plantation des boutures et la récolte des tubercules, varie de 90 à 210 jours.

Cycles en saison chaude

  • Les cycles sont généralement plus longs.
  • Les températures élevées favorisent davantage le développement du feuillage au détriment des tubercules.
  • La chaleur favorise également la lignification (durcissement des tissus) et la pullulation de ravageurs, notamment les charançons.

Cycles en saison fraîche

  • Les jours plus courts et les températures modérées sont plus favorables au développement des tubercules.
  • L’activité des charançons est également réduite durant cette période, limitant les dégâts causés aux cultures.

Variétés et cultivars

De nombreuses variétés et cultivars de patate douce sont présents en Nouvelle-Calédonie, la plupart étant conservés en collection au Centre des Tubercules Tropicaux (CTT) de l'Adecal-Technopole.

Consulter le catalogue des variétés de patates douces du CTT.

Variétés précoces

  • Cycle court : 3 à 4 mois.
  • Avantages :
    • Permettent des rotations rapides.
    • Mieux adaptées à la gestion des infestations de ravageurs.
    • Réduisent les risques de dégradation liés aux conditions météorologiques défavorables.

Variétés tardives

  • Cycle long : 5 à 7 mois.
  • Avantage :
    • Idéales pour assurer une couverture prolongée du sol, ce qui peut être bénéfique pour la conservation de l'humidité et la lutte contre l’érosion.

Variétés recommandées en toute saison

Kari, Carotte, CTT 56

  • Origine : locale
  • Tubercule à peau et chair orange, de forme arrondie à oblong, long
  • Feuilles avec un limbe vert en forme de cœur et nervures marquées
  • Cycle 100 à 120 jours
  • Rendement moyen : 22 à 27 t/ha
  • Plantation en toute saison
  • Reprise difficile de la bouture (tige fine)
  • Très sensible aux ravageurs et maladies
  • Chair molle à ferme après cuisson

Beauregard, US01

  • Origine : États-Unis, introduit en 2014
  • Tubercule à peau fine de couleur mauve à saumon et à chair orange, de forme ronde à elliptique
  • Jeunes feuilles en forme de cœur, de couleur vert-brun. Feuilles adultes de couleur verte avec 3 à 5 lobes
  • Cycle 90 à 130 jours
  • Rendement moyen : 18 à 27 t/ha
  • Plantation en toute saison
  • Bonne reprise de la bouture
  • Sensible aux ravageurs et maladies
  • Épluchage facile, apprécié en frite et en purée

Kari peau rouge, CTT 118

  • Origine : locale et ancienne
  • Tubercule à peau rouge sombre, de forme ronde elliptique à longue irrégulière. Rainures longitudinales et constrictions horizontales
  • Tige rouge épaisse, port très étalé
  • Feuilles en forme de cœur. Limbe vert-brun pour les jeunes feuilles. Limbe vert pour les feuilles adultes avec des nervures mauves.
  • Cycle 120 à 150 jours
  • Rendement moyen : 21 à 26 t/ha
  • Plantation en toute saison. Moins productive en été (janvier mars).
  • Bonne reprise de la bouture (tige épaisse)
  • Sensible aux ravageurs et maladies
  • Pas d'oxydation de la chair
Patate douce, variétés pour culture en toute saison © Adecal-Technopole
Patate douce, variétés pour culture en toute saison © Adecal-Technopole

Variétés recommandées pour une culture en saison fraîches

Peau rouge, CTT 54

  • Origine : locale
  • Tubercule à peau rouge, et à chair crème marbrée de mauve. Forme ronde elliptique à irérgulière
  • Liane courte, port compact
  • Feuilles avec un limbe vert en forme de cœur. Pétiole long et point mauve à l'insertion limbe-pétiole
  • Cycle : 100 à 120 jours
  • Rendement moyen : 11 à 16 t/ha
  • Plantation en saison fraîche
  • Reprise difficile de la bouture (tige fine). Arrosage conseillé après plantation.
  • Moyennement sensible aux ravageurs et maladies
  • Éclatement du tubercule sur sol lourd et humide
  • Chair bien ferme après cuisson, grise, peu sucrée, bonne qualité gustative

Papouasie Nouvelle-Guinée, CTT 62

  • Origine : Papouasie Nouvelle-Guinée, introduite en 1989
  • Tubercule à peau fine, pourpre et à chair blanche tachetée de quelques points mauves. Forme ronde elliptique, rainures longitudinales
  • Liane peu rampante
  • Feuilles en forme de fer de lance. Les feuilles adultes sont vertes avec 3 à 6 lobes. Les jeunes feuilles sont mauves avec 4 à 5 lobes.
  • Cycle 120 jours
  • Rendement moyen : 12 à 22 t/ha
  • Plantation en saison fraîche
  • Reprise peu vigoureuse de la bouture
  • Moyennement sensible aux ravageurs et maladies
  • Chair bien ferme après cuisson

 

Patate douce, variétés de saison fraiche © Adecal-Technopole
Patate douce, variétés de saison fraiche © Adecal-Technopole

Production en Nouvelle-Calédonie

La production et la quantité de patates douces commercialisées sur les marchés néo-calédoniens sont très variables d'une année à l'autre. Elle a été en moyenne de 240 tonnes chaque année au cours de la décennie 2012-2022.

Quantité de patates douces commercialisées en Nouvelle-Calédonie entre 2005 et 2022, source Davar et CAPNC.
Quantité de patates douces commercialisées en Nouvelle-Calédonie entre 2005et 2022, source Davar et CAPNC.

Exigences environnementales

La culture de la patate douce est facile et adaptée à l’ensemble de la Nouvelle-Calédonie, où elle peut être cultivée toute l'année (1, 5, 6).

Conditions optimales

  • Température entre 21 et 29 °C.
  • Bon ensoleillement 
  • La plante ne supporte pas des températures inférieures à 10 °C.

Tubérisation

  • La formation des tubercules est accélérée lorsque les jours sont courts (10 à 11 heures).
  • Elle est inhibée lorsque les jours dépassent 14 heures, ce qui ralentit le développement des tubercules.

Sol, préparation et fertilisation

Type de sol

  • S'adapte bien à de nombreux types de sol.
  • Les sols argilosableux, drainant bien, riches en matière organique, lui conviennent le mieux.
  • Les sols à texture légère permettent d'obtenir de beaux tubercules
  • Le pH du sol doit être compris entre 5,5 et 6,5 mais les rendements sont acceptables avec des sols plus acides ou plus alcalins.
  • Il faut éviter les sols très lourds (argiles noires) ou trop sableux, sans réserve en eau

Préparation du sol

  • Comme toutes les plantes à tubercules, la patate douce a besoin d'un sol meuble.
  • Avant de planter, on prépare le sol en formant des buttes
    • En culture manuelle, sur sol naturellement meuble comme le sol des îles loyautés, procédez à un ameublissement localisé puis confectionnez une butte ou billon.
    • En culture mécanisée, pratiquez un labour profond suivi d'un émiettage puis d'un billonnage de 30 cm de hauteur environ.

Désherbage

  • La patate douce est considérée comme une plante nettoyante, car elle couvre bien le sol.
  • Un ou deux sarclages peuvent être nécessaires avant que la plante ne couvre entièrement le sol.

Fertilisation

  • La fertilisation dépend du type de sol et de la variété employée.
  • La patate douce est une plante moyennement exigeante : cette culture nécessite peu d’azote afin de limiter le développement des feuilles au détriment du tubercule. Environ :  80-120N; 100-128 P, 160-200 K
  • Les variétés récentes à chair orange ont des besoins en azote supérieurs aux cultivars traditionnels et aux variétés plus anciennes.
  • Un apport en azote trop important favorise le développement du feuillage au détriment du tubercule.
  • Sur les parcelles mécanisées, procédez à un apport en engrais comme suit :
    • Apport lors de la préparation du sol (dans la butte) : on ajoute des engrais de fond (généralement riches en phosphore et potasse) pour nourrir les jeunes plants dès leur mise en place.

    • Apport pendant la culture par fertigation (engrais solubles) : pour un cycle de 90 jours, on ajoute des engrais à 3 moments clés après la plantation : 15 jours (premières feuilles), 35 jours (croissance feuilles et tiges), 55 jours (formation des tubercules

  • Sur les parcelles manuelles, épandage tous les deux pieds.
  • Sur les sols pauvres en humus, il est recommandé un apport de 5 à 10 t/ha de fumier, lisier ou compost, à chaque pied après la plantation ou avant le billonnage.
  • Une récolte de 15 tonnes de tubercules consomme environ 70 kg d'azote, 20 kg de Phosphore (P2O5), 110 kg de Potassium (K2O).

Eau et irrigation

  • Nécessite environ 500 mm de pluie durant son cycle.
  • En Nouvelle Calédonie, la culture se faisant souvent en période sèche, il est recommandé de prévoir une irrigation d'appoint.
  • Les quantités d'eau nécessaires dépendent de la nature du sol, des pertes par ruissellement, du drainage et du stade de la culture.
  • Irrigation au goutte à goutte, régulièrement pendant les 30 jours qui suivent la plantation.
  • Diminuez l'irrigation un mois avant la récolte. Évitez notamment les fentes de retrait qui favorisent les attaques par les ravageurs
  • La plante tolère ensuite une période de sécheresse assez importante.
  • Les fortes variations d'humidité en fin de cycle provoquent l'éclatement des tubercules.
  • Dose d'irrigation nécessaire pour une semaine à Pouembout en avril :
    • 3,5 mm x 7 = 33mm
    • l'apport de 1mm équivaut à 1 L/m2, soit 1 m3 pour 10 ares).
    • Avec l'asperseur débitant 5 mm/heure, on arrosera au minimum 7 heures, soit par exemple 2 arrosages de 4 heures chaque semaine.

Multiplication

Les fleurs de patate douce produit beaucoup de fleurs qui attirent les abeilles (plante mellifère), ce qui favorise la pollinisation. Parfois, de nouvelles variétés apparaissent naturellement sans intervention humaine. Des variétés spontanées prometteuses sont parfois observées sur le terrain. 

La patate douce se multiplie essentiellement par bouturage, selon deux techniques :

Bouturage de tiges

Les boutures sont prélevées soit sur la culture précédente avant la récolte, soit sur des plants élevés en pépinière.

  • Choisissez des plantes saines, sans tâches, ni feuilles naines
  • Sélectionnez les extrémités de tiges (boutures apicales) qui donneront des boutures les plus vigoureuses.
  • Préparez des boutures de 30 à 40 cm portant 3 à 4 nœuds minimum en laissant 1 à 2 feuilles en haut. 
  • Vous pouvez conserver vos boutures quelques jours au frais et à l'ombre en enveloppant leur base dans un tissu humide.

Plus de détails et d'explications dans la fiche "Faire une bouture de plante ornementale".

  • En saison chaude, les lianes poussent rapidement, donc il faut les démarcotter régulièrement pour éviter qu'elles ne s'enracinent au mauvais endroit.

Seedbed

Le seedbed est une technique qui consiste à utiliser des tubercules pour produire des boutures de façon échelonnée (7).

  • Sur une parcelle éloignée, en plein soleil, sur un sol sain, meuble, drainant et désherbé, préparez des buttes aplaties de 1 m de large.
  • Sélectionnez un lot de tubercules sains et d'une grosseur équivalente. Prévoir 15 à 25 kg de tubercule par m2.
  • Placez vos tubercules sur la butte en lignes serrées 
  • Recouvrez les tubercules avec 3 à 5 cm de terre (pas plus, sinon, la germination est ralentie).
  • Fertilisation : 100 g/m2 d'engrais complet (formule 6-4-11). Après chaque coupe, ajoutez entre 60 et 80 kg d'azote par hectare.
  • Irrigation au goutte à goutte avec de l'eau de bonne qualité (sinon pourrissement)
  • Germination au bout de 3 à 5 semaines
  • Lorsque la plante fait 30-40 cm, coupez les tiges à 5 cm de sol. Plantez les boutures 1 à 2 jours après
  • Réalisez des coupes tous les 20 jours en saison chaude et tous les 30 à 40 jours en saison fraîche.
  • Les tubercules commencent à pourrir au bout de 6-7 mois

Coût de production : 15 F la bouture.

 

Préparation de boutures de patate douce, technique du Seedbed © Adecal-Technopole.png
Préparation de boutures de patate douce, technique du Seedbed © Adecal-Technopole

Plantation

Les boutures d'au moins 4 nœuds doivent être enterrées à moitié et en oblique :

  • Plantation manuelle : pour des bilIons écartés de 1 mètre, placez 1 bouture tous les 25 à 30 cm, soit 33 à 40 000 plants/hectare.
  • Plantation mécanique : utilisez une planteuse maraîchère. Les boutures sont placées par les opérateurs dans des pinces qui les déposent dans le sillon. Les sillons sont ensuite refermés par les corps butteurs de la machine. Ce type de machine permet de planter jusqu'à 7000 boutures/heure, soit environ 15 à 20 ares à l'heure avec 3 personnes (1 chauffeur et 2 planteurs).

Rendement et productivité

Cultivars traditionnels : 5 à 10 t/ha

Cultivars sélectionnés : 40 à 50 t/ha

Le nombre de jours à consacrer aux diverses activités agricoles est indiqué dans le tableau suivant :

Temps de travaux en culture manuelle, mais avec une préparation de sol mécanisée
Opérations Nombre de jours-homme pour 1 hectare
Préparation des billons 20 à 25 j
Coupe et préparation des boutures 10 j
Plantation manuelle 10 à 15 j
Plantation mécanique 3 j
Entretien divers 5 à 15
Récolte et tri des tubercules 20 à 40

Récolte

La récolte doit être effectuée dès que les tubercules ont atteint leur maturité.

  • Déterrez quelques tubercules et évaluez leur bonne maturité par leur grosseur puis précédez à la récolte de la parcelle 
  • Une récolte tardive entraine un risque de pourriture ou de dégradations par les rongeurs, cochons sauvages, poules sultane…
  • En culture manuelle, récoltez vos tubercules en arrachant les plants ou en ouvrant le billon avec un outil (ex : fourche, bêche...).
  • En culture mécanisée, récoltez vos tubercules à l'aide de récolteuses-chargeuses. On peut aussi utiliser un outil qui ouvre le billon (arrache pommes e terre ou disque buttoir) et récolter à la main.

Conservation

Les tubercules de patate douce ne se conservent pas très longtemps. Le stockage doit se faire dans un local sain, sec, frais et ventilé.

Au bout de 3 à 6 semaines, la qualité des tubercules se détériore. Ils deviennent fibreux, pourrissent et germent. Le comportement varie selon les variétés.

Vous pouvez allonger la conservation jusqu'à 5 à 6 mois :

  • en procédant dans un premier temps au réessuyage des tubercules (curing), c'est-à-dire à un passage de quelques jours dans une atmosphère chaude et humide (29°C, 90%) qui va permettre une tubérisation des tubercules.
  • puis, en stockant les tubercules dans un endroit sec au frais (température entre 13 et 16°C) à 85%.

Ravageurs et maladies

Les charançons de la patate douce

Les charançons Cylas formicarius et Euscepes postfasciatus sont les principaux nuisibles du tubercule en Nouvelle Calédonie. Les adultes attaquent les tiges et les feuilles mais les plus importants dégâts sont causés par les larves qui minent les tubercules, les rendant impropres à la consommation.

  • Le charançon adulte Cylas formicarius mesure 6 - 7 mm, son corps est roux avec des élytres bleu-noir. La femelle pond ses œufs dans des cavités qu’elle creuse directement dans les tubercules ou les tiges. La larve émerge entre 5 et 12 jours plus tard, selon les conditions climatiques. Les premiers stades larvaires durent de 10 à 35 jours, selon la température. Le dernier stade larvaire (pupe) se produit dans le tubercule ou dans la tige. Il dure 7 jours en été et 28 jours en hiver. L’adulte peut vivre jusqu’à 300 jours (8).
  • Le charançon adulte Euscepes postfasciatus mesure 3 à 4 mm, son corps est ovale, de couleur brun foncé à noir.

Ces deux charançons peuvent occasionner des dégâts considérables

Charançon de la patate douce Cylas formicarius © Sylvie Cazères, IAC
Charançon de la patate douce Cylas formicarius © Sylvie Cazères, IAC

Autres ravageurs

  • Chrysomèles
  • Grillons
  • Rongeurs
  • Chenilles

La gale / Le scab

C'est une maladie fongique causée par le champignon Elsinoe batatas qui provoque de petites tâches brunes sur les feuilles jeunes dont les bords s'enroulent et exposent la face inférieure des feuilles au soleil. Les attaques sont plus importantes durant la saison chaude et humide. La maladie se propage essentiellement par les boutures infectées. Le champignon n'attaque pas les tubercules. Les pertes de rendement peuvent atteindre 60%.

La maladie de la petite feuille

Cette maladie est causée par un microorganisme proche des virus : le phytoplasme Candidatus phytoplasma aurantifolia. Les nouvelles feuilles restent plus petites et deviennent jaunâtres. La maladie se transmet par les boutures issues de plantes infectées. Elle se transmet aussi par des cicadelles.

D'autres maladies sont transmises par des virus.

Méthodes agroécologiques

Choix des variétés

  • Variétés à cycle court (3-4 mois) : elles réduisent le risque de pullulations car la récolte intervient avant que les populations d'insectes soient trop importantes.

  • Variétés riches en carotène (Kari carotte) semblent plus plus sensibles aux charançons et doivent être récoltées tôt.

Techniques culturales :

  • Boutures saines
  • Rotation des cultures, jachère
  • Buttage : il protège mieux les tubercules des attaques
  • Boutures saines
  • Destruction des tubercules malades ou infectés.
  • Élimination au champ des plantes atteintes et hôtes (ipomée sauvage)

Lutte biologique

  • Les champignons entomopathogènes Beauveria bassiana et Metarhizium anisoplae
  • Piégeage et utilisation de phéromones sexuelles pour capturer les charançons mâles Cylas formicarius.

Soutien à la réalisation de cette fiche

Cette fiche a été réalisée grâce au soutien financier de l'Agence rurale dans le cadre de son appui au développement de la filière « Plantes comestibles, fruits et légumes de diversification ».

L'Agence rurale et l'Institut agronomique néo-calédonien ont signé une convention de partenariat en juin 2024 pour la réalisation et intégration d'une trentaine de fiches techniques variétales dans Agripedia. L'objectif est ainsi de contribuer à l’amélioration de la couverture alimentaire du pays en proposant des produits locaux originaux, de qualités nutritionnelles et environnementales remarquables et adaptés aux conditions pédoclimatiques de la Nouvelle-Calédonie.

L'équipe d'Agripedia et l'IAC remercient l'Agence rurale pour ce précieux soutien !

En savoir plus sur le mécénat GOLD.

Logos du partenariat "Plantes utiles"
Logos du partenariat "Plantes utiles"

Sources

(1) Collectif 2023. Mémento de l’agronome. Cirad, Gret, Ministère des affaires étrangères (France). Éditions Quae p 843-850.
(2) Birlouez É. 2023. Petite et grande histoire des légumes. Ouvrage, éditions Quae, Versailles, 2023, 168 p.
(3) Roullier C. and al., 2013. Historical collections reveal patterns of diffusion ofsweet potato in Oceania obscured by modern plantmovements and recombination. PNAS 110(6)2205-2210. DOI 1,
(4) Lormée N., Cabalion P., Hnawia É., 2011. Hommes et plantes de Maré, îles Loyauté, Nouvelle-Calédonie. IRD éditions, p 282-283 (5) Walter A., Lebot V., 2003. Jardins d'océanie. IRD Éditions 329 p
(6) Vernier P., Varin D., 1994. Fiche technique « La culture de la patate douce". Bulletin Agriculture et développement, Cirad.

(7) Blanc S., 2019. Appui technique collectif du centre des tubercules tropicaux. Adecal-Technopole
(8) Mille C., Caz.res S., Grandison G., Toussirot M. et Jourdan H., 2023. Guide de reconnaissance des ravageurs et des auxiliaires de Wallis-et-Futuna. IAC éditions/DSA, 447 pages.

(9) : Shicai Shen et al., 2018. Allelopathic potential of sweet potato (Ipomoea batatas) germplasm resources of Yunnan Province in southwest China. Acta Ecologica Sinica. Vol.38, Issue 6, December 2018, pages 444-449

Auteurs

Publié : Août 2024

Rédaction de la fiche

Relecture

  • Sébastien Blanc (Adecal-Technopole, centre des tubercules tropicaux)
  • David Bruy (IRD)

Citation bibliographique recommandée

Bonnet-Vidal E., Varin D., Vernier P., Blanc S., 2025. Patate douce. Agripedia.nc [En ligne] (consulté le jour/mois/année)

Voir également FAQ "Comment citer cette référence bibliographique ?"

Référent / Contact

Sébastien BLANC
Responsable du centre des tubercules tropicaux (CTT)
L'Adecal Technopole
Mis à jour le 23/02/2025
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