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Taro d'eau

Colocasia esculenta
Mis à jour le 29/08/2024

Le taro est une plante alimentaire facile à cultiver. Il est apprécié pour sa tige tubérisée nourrissante. C'est également une plante à forte symbolique dans la culture mélanésienne.

  • Identité

    Nom scientifique
    Colocasia esculenta
    Famille
    Araceae
    Statut Biogéographique
    Plante introduite cultivée
    Origine géographique
    Asie du Sud-est
    Distribution géographique
    Pays intertropicaux
    Noms Kanak
    Mwa (A'jië), Makué (Drehu), Néé (Drubea), Talo (Faga Uvea), Hyo (Nemi), Waud (Nengone), Âju-wë (Paicî), Mwè (Xârâcùù)
    Autres noms communs
    Cocoyam (anglais), macabo (français)
  • Description

    Type de plante
    Herbacée
    Feuillage
    Persistant
    Durée de vie
    Annuelle
    Hauteur à maturité
    Entre 50 cm à 2 m
    Largeur à maturité
    Entre 50 cm et 2 m
    Système racinaire
    Peu développé
  • Conduite culturale

    Multiplication
    Bouturage
    Où planter ?
    Intérieur
    En pot
    Extérieur
    Pleine terre
    Type de sol
    Sol drainant
    Tous types
    Densité
    20 000 plants / ha
    Productivité
    20 à 50 t de cormes / ha
    Pollinisation
    --
    Croissance
    Modérée
    Entretien / Soins
    Facile
    Exposition au soleil
    Soleil
    Besoin en eau
     
     
     
     
     
    Résistance à la sécheresse
     
     
     
     
     
  • Santé

    Résistance aux ravageurs
     
     
     
     
     
    Résistance aux maladies
     
     
     
     
     
    Principaux ravageurs
    Scarabée du taro
    Sphinx du taro
    Principales maladies
    Virus de la mosaïque
    Cladosporiose
  • Usage & vertus

    Alimentation
    Transformation
    Cuisiné
    Vertus
    --
    Autre usage
    Médecine naturelle
    Médecine kanak
  • Saisonnalité

    Floraison
    Jan
    Fév
    Mar
    Avr
    Mai
    Juin
    Juil
    A
    Sep
    Oct
    Nov
    Déc
    Fruits
    Jan
    Fév
    Mar
    Avr
    Mai
    Juin
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    Déc
    Taille
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Cormes de Taro d'eau © Istock-Chercvc
Cormes de Taro d'eau © Istock-Chercvc

Généralités

Le taro est une herbacée spontanée des forêts tropicales qui appartient à la famille des Aracées. Il est cultivé pour son "tubercule" nourrissant qui se forme par une accumulation de réserves à la base de la tige (et non dans les racines). On parle alors de corme plutôt que de tubercule.

Le terme "taro" comprend des plantes de genre différent : Colocasia, Xanthosoma, Alocasia et Cyrtosperma. Les taros cultivés en Nouvelle-Calédonie sont les suivants (1) :

  • Le taro d’eau Colocasia esculenta (le plus cultivé) ;
  • Le taro bourbon Colocasia antiquorum ;
  • Le taro de montagne Xanthosoma sagittifolium (ou macabo) ;
  • Le taro géant Alocasia macrorrhiza, aussi appelé oreille d'éléphant, makué (en Drehu) et Koè (en Ajië).

Les taros du genre Colocasia sont probablement originaires de l'Asie du Sud-Est, vers la zone de l'Inde et de la Malaisie. Il se serait ensuite diffusé en Chine, au Japon et dans les îles du Pacifique il y a plus de 2000 ans, au gré des différentes migrations humaines. Il est actuellement cultivé dans toute la zone intertropicale humide du monde (2). Le taro de montagne est originaire d’Amérique centrale et de la Caraïbe.

En 2021, la production mondiale de taro s'est élevée à 12,4 millions de tonnes (FAOSTAT).

Le taro est une plante toxique qui provoque des irritations si elle est consommée crue. La tige, les feuilles et les racines sécrètent des sucs riches en oxalate de calcium. Au fil du temps, les Océaniens ont sélectionné des variétés douces qui constituent, lorsque le "tubercule" est bien cuit, l'aliment de base dans de nombreuses îles du Pacifique (3).

L'introduction en Nouvelle-Calédonie du taro du genre Colocasia est ancienne. De vastes tarodières fossiles situées à flanc de colline dans la région de Païta et de Bourail ont été datées de xx par les archéologues. Elles font partie des paysages les plus anciens domestiqués par l'homme (1).

Usages et vertus

Qualités nutritionnelles

Le taro d'eau contient de nombreux nutriments intéressants pour la santé. Il est riche en fibres, en vitamines C, B1 et B2, en phosphore, calcium et fer.  Il est également riche en fibres, ce qui donne un assez long sentiment de satiété. C'est un aliment qui diminue le risque de diabète grâce à sa faible quantité de sucre (0,49 g pour 100 g).

Tableau 1. Composition pour 100 g du corme de taro d'eau cuit (source ciqual.anses.fr)

Énergie 131 kcal
Eau 63,8 g
Protéines 0,52 g
Glucides 29,5 g
Lipides 0,11 g
Fibres 5,1 g
Calcium 18 mg
Fer 0,72 mg
Magnésium 30 mg
Phosphore 76 mg
Potassium 484 mg
Sodium 15 mg
Vitamine C 5 mg
Vitamine E 2,93 mg
Vitamine B9 19 µg

 

Préparations culinaires

Le corme ("tubercule") est la partie comestible la plus consommée. Les feuilles sont également comestibles et se préparent comme les épinards. Le corme a un goût légèrement sucré, intermédiaire entre la pomme de terre, l'artichaut et le navet. On peut le préparer de nombreuses façons :

  • bouillie
  • à la vapeur
  • en gratin
  • en soupe ou velouté
  • en farine
  • en friture
  • à l'étouffée : c'est le mode de cuisson du bougna, le plat traditionnel kanak, où le taro, accompagné d'autres légumes, d'une viande ou d'un poisson, est arrosé de lait de coco, assaisonné, puis enveloppé dans des feuilles de bananier et cuit dans un four traditionnel en pierre pendant plusieurs heures.

Découvrez de délicieuses recettes dans Les récoltes du Caillou et dans Le taro  dans la cuisine du Pacifique.

Vertus médicinales

Différentes parties de la plante (feuilles, tige, racines) sont utilisées pour soigner ou apaiser les brûlures, les piqûres, les démangeaisons, les otites, les maux d'estomac et la diarrhée (3).

Consulter la fiche Agripédia "Vertus médicinales du taro"

Autres usages

  • Le taro d'eau est apprécié comme plante ornementale tropicale d'intérieur ou de bordure de bassin. Ses grandes feuilles vertes à pourpres sont décoratives et agrémentent les jardins.
  • Lorsqu'il pleut en Polynésie et au Vanuatu, les feuilles sont employées comme parapluie ou pour couvrir les huttes.
  • Au Japon, la racine est vendue comme éponge végétale pour les soins du visage (nettoyage, exfoliation).
  • Le mucilage purifié des racines (appelé glucomannane) désigné sous le code F425 est employé comme épaississant, émulsifiant ou gélifiant dans de nombreuses préparations alimentaires (3).

Importance dans la culture kanak

Le taro a une valeur symbolique très forte dans la culture kanak. Il est le symbole de la femme et de l'eau. Dans les cérémonies coutumières, il est le complément de l'igname, symbole de l'homme et de la terre (4).

Le taro d'eau en langues Kanak :

  • Mwa (A'jië)
  • Makué (Drehu)
  • Néé (Drubea)
  • Talo (Faga Uvea)
  • Hyo (Nemi)
  • Waud (Nengone)
  • Âju-wë (Paicî)
  • Mwè (Xârâcùù)

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter les deux fiches Agripédia suivantes :

  • Place de l'igname et du taro dans la culture Kanak

  • Concevoir et entretenir une tarodière traditionnelle

Description de la plante

Allure

  • Herbacée vivace qui peut atteindre à maturité 2 m de haut.

Feuilles

  • Grandes feuilles
  • Limbe épais, en forme de cœur (cordiforme) pointu à son extrémité. Il peut atteindre 85 cm de longueur et 60 cm de large. Couleur verte à violacée.
  • Feuilles disposées en spirale, mais elles forment une rosette.
  • Nervures saillantes vertes à violettes
  • Le pétiole se fixe au milieu du limbe et non à la base, ce qui fait pointer la feuille vers le sol. Il peut atteindre 50 cm à 1 m. Couleur verte à violacée.
Pied de taro d'eau, Colocasia esculenta © Agripédia
Pied de taro d'eau, Colocasia esculenta © Agripédia
Anatomie végétale du taro d'eau C. esculenta © E. Bonnet-Vidal (Lincks) d'après J. Brévart - Agripédia
Anatomie végétale du taro d'eau C. esculenta © E. Bonnet-Vidal (Lincks) d'après J. Brévart - Agripédia

Fleurs

  • Floraison rare, voire inexistante
  • L'inflorescence est un spadice, c'est-à-dire une fleur comme l'arum avec a un épi central entouré d'une enveloppe appelée spathe.
  • La spathe est formée d'une partie inférieure verte de 3 à 5 cm et d'une partie supérieure jaune et longue, de 15 à 35 cm, enroulée à son extrémité.
  • Les fleurs sont petites et unisexuées. Les fleurs femelles (ovaires) sont situées à la base du spadice et les fleurs mâles (étamines) sont situées au niveau supérieur (5).

Fruits, graines

  • Petites baies regroupées en grappe.
  • Les baies sont de couleur orangée à maturité et chacune contient 2 à 5 graines (5).

Tige, racines, corme

  • La partie souterraine du taro d'eau comprend le corme et les racines.
  • Le corme correspond à la base de la tige gorgée de réserves d'amidon. Il a une forme ovale et peut atteindre 4 kg.
  • Le corme principal produit des bourgeons qui se développent et donnent des cormes secondaires.
  • Les racines sont localisées dans le tiers supérieur du corme.
  • Le système racinaire du taro se comporte comme un tronc qui lorsqu'il grandit remonte vers la surface.
  • Le taro d'eau produit un seul corme principal. Le taro Bourbon produit un corme principal et des cormes secondaires.
Taros d'eau vendussur un marché de Nouméa © Agripédia
Taros d'eau vendussur un marché de Nouméa © Agripédia

Saisonnalité, calendrier

Plantation des boutures

  • En absence d'irrigation, plantez vos boutures au début de la saison chaude (en décembre, janvier).
  • Avec une irrigation, vous pouvez planter des boutures toute l'année.

Récolte des cormes

  • Récoltez vos cormes 7 à 8 mois après la plantation (entre juillet et août en l'absence d'irrigation).
  • Si vous avez planté vos boutures en saison fraîche (juillet-août), programmez votre récolte plutôt 9 à 10 mois après la plantation (1).

Cycle du taro d'eau

Le cycle du taro d'eau suit trois phases :

  • La phase d'installation : dure pendant 2 mois après la plantation. C'est le moment où la bouture produit ses premières feuilles.
  • La phase de développement des feuilles : s'étend de la 8e à la 25e semaine (6e mois). Période où la partie aérienne de la plante se développe jusqu'à atteindre sa hauteur maximale. Moment où la plante est particulièrement sensible au manque d'eau.
  • La phase de développement du corme : s'étend de la 25e à 40e semaine (8e mois). Période où les feuilles deviennent plus petites, jaunissent et sèchent. Dans le même temps, sous terre, le corme se gorge de réserves et grossit. C'est une période où la plante est sensible à l'excès d'humidité.

La période sèche en Nouvelle-Calédonie, d'août à décembre, ne permet pas à un second cycle de se produire (1).

Le cycle du taro, infographie © E. Bonnet-Vidal (Lincks) - Agripédia
Le cycle du taro, infographie © E. Bonnet-Vidal (Lincks) - Agripédia

Production en Nouvelle-Calédonie

La quantité de taros commercialisés sur les marchés néo-calédoniens a connu une forte croissance entre 2005 et 2013, avec une chute importante au cours de l'année 2012. Depuis 2014, les volumes vendus connaissent une décroissance discontinue pour atteindre 68 tonnes en 2022.

Quantités de taros commercialisés sur les marchés de Nouvelle-Calédonie entre 2005 et 2022, source Davar et CAPNC
Quantités de taros commercialisés sur les marchés de Nouvelle-Calédonie entre 2005 et 2022, source Davar et CAPNC

Caractéristiques des espèces ou variétés les plus cultivées

Il existe plus d'une soixantaine de variétés locales et introduites qui se distinguent par des morphotypes différents (1,5). Elles ont été sélectionnées pour la forme régulière de leur corme, leurs différentes saveurs et leurs rendements intéressants.

Consulter le catalogue des variétés de taros d'eau multipliées au Centre des tubercules tropicaux de Nouvelle-Calédonie (2019-2021) (6).

Multiplication du taro

On peut utiliser quatre types de semences pour la multiplication du taro (1,7,8) :

  • les plantules
  • les boutures de tige
  • les rejets
  • les petits tubercules ou tubercules secondaires

Les plantules

Il s'agit de plants de la parcelle que l'on arrache avec son tubercule. Il est important de sélectionner des plants vigoureux et de même allure pour que la plantation soit harmonieuse.

Les boutures de tige

  • Lors de la récolte des cormes, conservez la partie aérienne, soit 30 à 50 cm de tiges, ainsi que le sommet de la partie souterraine, soit environ 2 cm de corme.
  • Supprimez les parties mortes, les feuilles vivantes et la partie haute des tiges

Les rejets

  • Une plantation peu dense produit en moyenne 6 à 8 rejets par plant (1 à 3 rejets par plant pour une plantation dense).
  • Sélectionnez des rejets sains, indemnes de maladie, puis supprimez les feuilles et le corme.
  • Les rejets doivent être stockés dans un lieu humide et ombragé, tels qu'une pépinière à boutures.

 

Exigences environnementales

  • Parcelle ensoleillée
  • À l'abri du vent
  • Sensible à la sécheresse

Sol et préparation du sol

Le taro peut être cultivé sur tout type de sol :

  • les sols bien drainés, profonds, friables et non inondés
  • les sols de zones fluviales, de zones marécageuses, les zones à forte pluviométrie aménagées avec un système de drainage

Préparation

  • Procédez au désherbage manuel ou mécanique de la parcelle
  • Labourez puis griffez et passez au rotobvator (fraise) à 5 ou 7 jours d'intervalle pour la pulvérisation des mottes.
  • En culture manuelle, à l'aide d'une pelle, creusez un trou de 15 à 20 cm de profondeur
  • En culture mécanique, utilisez une tarière à moteur pour les trous ou bien un corps rayonneur pour creuser des sillons d'environ 20 cm de profondeur.

Plantation

  • Plantez la bouture au fond du trou ou du sillon.
  • Recouvrez le sol d'un paillage épais pour bien garder l'humidité, à l'aide de paille, de sorgho, de paragrass ou de feuilles de cocotiers.
  • 1 à 2 mois après la plantation, rebouchez les trous, puis buttez les plants, à l'aide d'une binette (culture manuelle) en ramenant un peu de terre au pied du plant. Cela évite que le corme soit attaqué par les rats, les poules d'eau ou les insectes ravageurs. En culture mécanisée, utilisez un outil à dent, puis la butteuse, afin de ne pas abimer les racines si la plantation a été faite au fond des sillons.

Densité de la plantation

  • Plantez une bouture tous les 50 à 70 cm sur la ligne pour avoir les meilleurs rendements (soit 20 000 à 22 000 plants par ha).
  • Si les plants sont trop éloignés, les cormes seront gros, mais peu nombreux et les mauvaises herbes s'immisceront entre les plants.
  • Si les plants sont trop rapprochés, la taille des cormes est réduite.

Paillage

Différents matériaux peuvent être utilisés pour le paillage :

  • Des copeaux de bois
  • Des feuilles sèches de bananier ou de cocotier
  • Du carton

Fertilisation

  • La fertilisation doit être adaptée au type de sol.
  • Évitez les apports d'azote dans les 3 mois qui précèdent la récolte, car le corme deviendrait mou et spongieux.

Eau et irrigation

  • Exigence pluviométrique de l'ordre de 2500 m par an, bien répartis
  • Le taro  peut être cultivé dans des tarodières richement irriguées comme les rizières
  • Arrosez régulièrement pour maintenir le sol frais sans excès d'eau, surtout pendant la phase de croissance des feuilles.
  • Arrosage par aspersion ou goutte à goutte dès le début de la plantation.
  • Vous pouvez diminuer l'arrosage entre le 6e et 7e mois de culture.
  • Un bref stress hydrique peut stopper la croissance végétative.
  • Le taro supporte l'inondation, mais l'eau ne doit pas stagner et être évacuée. Une eau stagnante en fin de cycle entraine le pourrissement du corme.

Récolte

  • Le corme se récolte  7 à 8 mois après la plantation lorsque les feuilles jaunissent et sèchent.
  • Le corme est récolté avec 15 à 20 cm de tige, afin de mieux le conserver.
  • Vous pouvez conserver les cormes 2 à 3 mois sous terre pendant la période sèche et ainsi, échelonner la récolte.
  • Si les cormes arrivent à maturité pendant la saison humide, récoltez-les rapidement pour éviter leur pourrissement.R2coltez vos cormes rapidement.

 

Conservation

Les cormes se conservent mal à température ambiante après la récolte et doivent être commercialisés et consommés rapidement, dans les quelques jours qui suivent la récolte.

Les cormes peuvent être conservés pendant 6 mois dans une pièce fraîche (à 10°C +/- 3°C) et humide (85 à90 % d'humidité). Ils sont faciles à congeler (8).

Rendement

Les rendements atteignent 20 à 50 tonnes de cormes par hectare (8) en culture traditionnelle.

Le temps consacré à la culture d'un hectare se décompose ainsi (en jour-personne) (8)

  • Préparation du sol : 20 à 30 jours
  • Plantation : 6 à 10 jours
  • Entretien : 25 à 35 jours
  • Récolte : 30 à 40 jours

Soit un total de 81 à 115 journées.

Maladies et ravageurs

Les principaux ravageurs et pathogènes du taro d'eau sont les suivants (1,9) :

Feuilles

  • Le puceron Aphis gossypiien peut pulluler sur la face inférieure des feuilles. Vecteur potentiel du virus de la mosaïque du taro (Dasheen mosaic virus).

  • L'insecte sauteur Tarophagus proserpina s'attaque aux feuilles et aux tiges. L'adulte mesure 4 mm de long. Il est noir avec une large bande blanche sur le dos du thorax et de l'abdomen. Insecte spécifique du taro, qui peut transmettre des viroses.

  • Le sphinx du taro Hippotion celerio est un papillon nocturne dont la chenille se reconnait à son éperon noir caudal. Elle dévore la bordure des limbes, ne laissant que le point d'attache du pétiole en cas de forte attaque. La femelle pond ses œufs sur les feuilles du taro. La larve s'alimente de feuilles. Il se produit 4 stades larvaires jusqu'à la chrysalide, puis le papillon adulte (5).

Sphinx du taro, H. celerio © S. Cazeres, IAC
Sphinx du taro, H. celerio © S. Cazeres, IAC

 

  • La noctuelle du tabac Spodoptera litura est un papillon dont les œufs sont déposés en grappe sur les limbes. Les chenilles sont d'abord grégaires, puis solitaires. Les colonies de jeunes chenilles se nourrissent du limbe. La femelle pond 200 à 300 œufs sur la face inférieure des feuilles. Six Stades larvaires se succèdent sur une période de 14 à 15 jours. L'adulte vit 8 jours. Le cycle complet dure en moyenne 1 mois (5).

La noctuelle du tabac S. litura © S. Cazères, IAC
La noctuelle du tabac S. litura © S. Cazères, IAC

 

  • Les cicadelles peuvent pulluler sur les feuilles.

  • L'acarien Tetranychus neocaledonicus est principalement présent sur la face inférieure des feuilles. Les feuilles atteintes montrent de larges zones argentées le long des nervures.

  • Le champignon Cladosporium colocasiae est responsable de cladosporiose. Cette maladie entraine une perte importante des feuilles. Elle se manifeste au moment de la saison fraiche par la présence de taches circulaires sur les feuilles et un jaunissement entre les nervures qui conduit à la nécrose.

  • Le virus de la mosaïque du taro se manifeste par la présence de symptômes de mosaïque sur les feuilles. Il est transmis par des insectes piqueurs ou suceurs.

Cormes

  • Le champignon Pythium sp., présent dans le sol, provoque la pourriture du corme. La chair devient molle et malodorante.

  • Le scarabée du taro Papuana huebneri vit dans le sol. Sa larve creuse des galeries sur les cormes, les rendant impropres à la commercialisation.

Scarabée du Taro Papuana huebneri © Antoine Mantilleri, MNHN Paris
Scarabée du Taro Papuana huebneri © Antoine Mantilleri, MNHN Paris

Les maladies physiologiques

  • Le loliloli est provoqué par un excès d'azote lors de la période de grossissement du corme, ce qui le rend spongieux et mou. Ce phénomène se produit lorsque la croissance végétative se poursuit alors que le corme est formé. L'amidon du corme se transforme en sucre et migre vers les feuilles.

  • Le corme est atteint par une pourriture dure lorsque sa peau s'épaissit, se craquelle et s'effrite. La chair est parcourue d'indurations de couleur jaune-brun. Cette maladie détruit le système vasculaire de la plante. Elle serait due à un excès de sel dans le sol.

Méthodes de lutte agroécologiques

  • Utilisez des variétés naturellement résistantes aux ravageurs et maladies.

  • Plantez des boutures saines provenant de plants sains ;

  • Évitez l'eau stagnante sur la parcelle. Celle-ci s'échauffe et la chaleur combinée à une forte humidité favorise les attaques du champignon ;

  • Ne conservez pas les plants arrivés à maturité trop longtemps sur la parcelle, notamment en saison chaude et humide ;

  • Déplacez la culture sur une nouvelle parcelle en cas de forte attaque. Cultivez d'autres productions pendant 2 à 3 ans sur la parcelle contaminée. 

 

Soutien à la réalisation de cette fiche

Cette fiche a été réalisée grâce au soutien financier de l'Agence rurale dans le cadre de son appui au développement de la filière « Plantes comestibles, fruits et légumes de diversification ».

L'Agence rurale et l'Institut agronomique néo-calédonien ont signé une convention de partenariat en juin 2024 pour la réalisation et intégration d'une trentaine de fiches techniques variétales dans Agripedia. L'objectif est ainsi de contribuer à l’amélioration de la couverture alimentaire du pays en proposant des produits locaux originaux, de qualités nutritionnelles et environnementales remarquables et adaptés aux conditions pédoclimatiques de la Nouvelle-Calédonie.

L'équipe d'Agripedia et l'IAC remercient l'Agence rurale pour ce précieux soutien !

En savoir plus sur le mécénat GOLD.

Logos du partenariat "Plantes utiles"
Logos du partenariat "Plantes utiles"

Sources

(1)  Varin D., 1994. La culture du taro d’eau. Magazine Agriculture et développement N°4, Cirad.
(2) Joudy I. D., 2011. Pratiques traditionnelles, valeur alimentaire et toxicité du taro C. esculenta produit au Tchad. Thèse Université Blaise Pascal Clermond Ferrand.
(3) Limousin P., 2014. Oceania planta medica, flore de Kanaky, vol. II - Panacées alimentaires - p 190-191
(4) Collectif ADCK, 1998. Le guide des plantes du chemin Kanak. Agence de développement de la culture Kanak (ADCK), Centre culturel Tjibaou p 20-21
(5) Colocasia esculenta, Taro, Wikipedia  https://fr.wikipedia.org/wiki/Colocasia_esculenta consulté le 14 août 2024.
(6) Jordan M., Blanc S., Varin D., 2021. Catalogue des variétés de taro d’eau C. esculenta multipliées au Centre des tubercules tropicaux, Adecal-Technopole.
(7) Garnier C., 2004. La culture du taro, note technique. Service du développement rural de Polynésie française, 16 p.
(8) Collectif 2023. Mémento de l’agronome. Cirad, Gret, Ministère des affaires étrangères (France). Éditions Quae p 843-850.
(9) Mille C., Cazères S., Grandison G., Toussirot M. et Jourdan H., 2023. Guide de reconnaissance des ravageurs et des auxiliaires de Wallis-et-Futuna. IAC Éditions/DSA, 447 pages.

Auteurs

Publié : Août 2024

Rédaction de la fiche

Relecture

  • Sébastien Blanc (Adecal-Technopole, centre des tubercules tropicaux)
  • David Bruy (IRD)

Citation bibliographique recommandée

Agripédia. Fiche technique "Taro d'eau" [En ligne] (consulté le jour/mois/année)

Voir également FAQ "Comment citer cette référence bibliographique ?"

Référent / Contact

Estelle VIDAL
Communication scientifique
Lincks
Mis à jour le 27/09/2024
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