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Le tempérament du bétail : gestion au quotidien et pistes d’amélioration

Pour assurer une meilleure production et reproduction des bovins, une bonne gestion de leur tempérament est essentielle.

Le tempérament du bétail : gestion au quotidien et pistes d’amélioration
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    Pourquoi se préoccuper des questions de tempérament ?

    Le tempérament du bétail se définit comme : "sa réponse comportementale et physiologique en réponse à un stress ou une contrainte de son environnement“. Il est important de se préoccuper du tempérament pour plusieurs raisons :

    1) LE COMPORTEMENT : UN ENJEU DE SÉCURITÉ

    Avoir du bétail calme permet des manipulations avec moins de risques pour l’éleveur et le bétail lui-même. En effet l’énervement est source de blessures dans la coulisse, avec parfois des pertes sèches (fractures et mortalités notamment).

    2) LE CALME EST UN FACTEUR DE MEILLEURE PRODUCTION ET REPRODUCTION

    • Le stress affecte certains processus comme la réponse immunitaire ou le système reproducteur. Les taux de gestation sont moindres chez des animaux stressés, et cela est particulièrement marquant lors d’insémination artificielle ou transfert embryonnaire, où les animaux nerveux montrent en général de moins bons résultats.
    • Les mauvais tempéraments ont un impact négatif sur les caractères de production. En effet ils affectent le GMQ (gain moyen quotidien, en kg, exprimant la vitesse de croissance), le poids vif, et la qualité de la viande (le pH et la tendreté notamment).

     

    Facteurs d'influence du tempérament

    Les vaches ont une forte influence, non génétique, sur le comportement de leur progéniture, au moins tant que celle-ci n’est pas sevrée. Les scores de tempérament ont tendance à diminuer avec l’âge des animaux, ils seraient donc plus « assagis » avec le temps. 

    Globalement à l’heure actuelle on sait que le tempérament a au moins en partie une origine génétique, mais tous les mécanismes ne sont pas encore élucidés. Selon les études, l’héritabilité se situe entre 0.11 et 0.61 chez les races allaitantes, c’est-à-dire que le tempérament est expliqué entre 10 et 60% par la génétique, on peut donc sélectionner sur ce critère. Plusieurs gènes seraient impliqués, expliquant que le mécanisme soit complexe.

    En revanche tous les chercheurs s’accordent pour dire que l’environnement des animaux influence également le tempérament.

    Pour agir sur le tempérament de son bétail, 2 voies majeures sont donc possibles : 

    • la gestion de l'environnement et une conduite adaptée
    • la sélection génétique

    Mettre le bétail dans les meilleures conditions

    Les bovins ont un champ de vision large de chaque côté, et sont facilement effrayés par des ombres ou des mouvements à l’extérieur de la coulisse. Ils ont également un appareil auditif très sensible. Ce sont des animaux vivant en troupeau, et qui ont une bonne mémoire des expériences passées, et notamment si elles sont négatives.

    Il convient donc :

    • De les manipuler dans le calme, et de limiter les bruits de chocs métalliques forts.
    • Si possible d’utiliser des couloirs dont les panneaux sont pleins : moins de distractions visuelles = réduction de la nervosité, moins de tentatives de fuite. Ceci est plus important à distance de la coulisse, ou s’il y a beaucoup de personnes ou de mouvements. Dans tous les cas éviter les mouvements brusques.
    • D’éviter de manipuler un bovin seul, préférer garder un petit groupe.
    • De faire en sorte de ne pas toujours associer la coulisse à une expérience contraignante voire douloureuse (écornage, marquage...). Des passages réguliers peuvent donc aider à faciliter les manipulations, et notamment si une récompense par un peu d’aliment peut être donnée par moments. Ceci est d’autant plus important pour les reproducteurs et futurs reproducteurs.
    • D’inspecter régulièrement les installations à la recherche d’objets ou d’extrémités saillantes pouvant blesser le bétail.
    • De réduire l’utilisation de la canne électrique au strict minimum.

    La conception des infrastructures a un rôle très important dans le comportement du bétail et les expériences vécues. En effet des constructeurs ont pu intégrer divers éléments du comportement dans la conception pour faciliter la progression des animaux :

    • Arrêts en caoutchouc pour atténuer les bruits, systèmes pneumatiques...
    • Couloirs incluant des courbes.
    • Des longueurs de couloirs avant virages permettant aux bovins situés dans la zone d’attente de voir au moins 3 animaux en file indienne.
    • Des parties des couloirs (ou la totalité) incluant des cloisons pleines.

    En effet, il est montré que les couloirs incluant des virages courbes sont plus efficaces pour 2 raisons :

    • Le bétail ne voit pas ce qui se passe au bout avant d’y être quasiment arrivé.
    • Cela prend en compte le comportement naturel du bétail à se déplacer en cercle autour de la personne qui les manipule, mais aussi à retourner à son point de départ.

    Cela favorise donc l’avancée dans les couloirs, ce qui est particulièrement intéressant sur des chantiers de vaccinations ou d’autres interventions de groupes.
    La courbe ne doit pas être trop serrée, idéalement avec un rayon interne de 3.5 à 5m.

    Gérer le tempérament par la sélection génétique

    Etant donné qu’une part non négligeable du tempérament s’explique par la génétique, alors il est également possible d’améliorer au fil du temps le tempérament global du cheptel en incluant ce critère dans ses décisions. Plusieurs méthodes sont utilisées pour évaluer le tempérament, notamment la « flight speed » sur les Bos indicus en Australie (= mesure du temps nécessaire à un bovin après un temps de contention, par exemple après la pesée, pour parcourir une distance donnée), mais qui nécessite un équipement de mesure électronique en sortie de coulisse, donc plutôt réservé à des protocoles expérimentaux.

    En revanche certaines mesures peuvent être faites facilement sur le terrain, comme celles réalisées par l’Institut de l’Elevage lors du pointage :

    • le comportement du veau à la pesée, en comptant de 1 à 10 le nombre de mouvements (tête, pieds) dans la cage (10 correspondant à 10 mouvements et plus).
    • Une note de 1 à 7 est attribuée à la réaction du veau lors du pointage, selon s’il vient vers le pointeur, est indifférent, fuit ou charge notamment.
    • D’autres paramètres sont enregistrés : distance pointeur-animal, présence ou non de la mère, pointage au pré ou au carré.

    L’UPRA Bovine a ainsi intégré la note de réaction à sa grille de pointage. Cette note ne rentre pas à l’heure actuelle dans le calcul des qualifications mais peut être fournie à l’éleveur si celui-ci le désire.

    Pour l’éleveur, la prise en compte de ce critère peut être utile concrètement dans sa conduite au moment du choix des génisses de renouvellement, ou des vaches à réformer. Ceci peut permettre de faire la différence entre 2 vaches ayant des performances équivalentes (morphologie, fertilité, croissance des veaux...).

    Au fur et à mesure, et en adaptant dans le même temps la méthode et les outils de manipulation, on peut ainsi arriver à améliorer le tempérament global du troupeau, permettant de gagner en confort de travail et en productivité.

     

    Sources

    • UPRA News N°20, Novembre 2019

    Auteurs

    • UPRA BOVINE    
    • Charlotte Raballand UCS

    Référent / Contact

    Adeline LESCANE
    Directrice de l'Upra bovine
    Upra bovine
    Mis à jour le 26/04/2025
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