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Puceron du bananier

Le puceron du bananier Pentalonia nigronervoso Coquerel est l'insecte vecteur du virus du Bunchy Top. La lutte contre ce ravageur permet de limiter la diffusion de cette maladie.

Généralités

Le puceron du bananier est un insecte qui fait partie de l'ordre des Homoptères et de la famille des Aphididae. Il est probablement originaire d'Asie du sud-est. Aujourd'hui il est présent dans toute la ceinture tropicale et sub-tropicale. Cet insecte a été observé et décrit pour la première en Nouvelle-Calédonie en 1992.

Symptômes et dégâts

Les attaques de pucerons ne causent pas directement de dégâts majeurs aux bananiers. Les pucerons s'alimentent de la sève, mais leurs piqûres ne causent pas de dégâts directs importants.

Le puceron est néfaste parce qu'il est le vecteur du virus du Bunchy Top, l'une des plus graves maladies qui affectent les bananiers en Nouvelle-Calédonie.

Pour connaître les symptômes d'un bananier malade du Bunchy top, nous vous recommandons de lire la fiche Bunchy Top.

Bananier infecté par le Bunchy Top
Bananier infecté par le Bunchy Top

Modes de transmission du Bunchy top aux pucerons

  • Un jeune puceron devient vecteur lorsqu'il s'est nourrit de matériel végétal infecté.
  • Un puceron infecté est vecteur toute sa vie
  • Un puceron infecté transmet le virus à d'autres bananiers par ses piqûres
  • Les pucerons adultes ne transmettent pas le virus à leur descendance.

Description du ravageur

Le puceron du bananier se reconnaît grâce à différentes particularités physiques :

  • Sa taille est très petite et atteint 1,6 et 1,8 mm lorsque les ailes sont déployées
  • Son abdomen est de couleur brun foncé.
  • Ses antennes sont légèrement plus longues que le corps
  • Ses ailes sont bordées de veines brunes
  • Ses cornicules (petits tubes à l'arrière de l'abdomen) sont longues et légèrement enflées à l'extrémité
Puceron du bananier Pentalonia nigronervosa (forme aptère) ©IAC - D. Paulaud
Puceron du bananier Pentalonia nigronervosa (forme aptère) ©IAC - D. Paulaud

Colonies et infestations

Les pucerons forment des colonies. Celles-ci se nichent généralement :

  • sur la face inférieure des feuilles, près de la nervure centrale,
  • sur le pseudo-tronc, de la base de la feuille la plus jeune jusqu'au sol. 

Quand la colonie compte trop d'individus et que la qualité de la matière végétale se détériore (vieillissement, jaunissement), des pucerons ailés apparaissent et migrent sur de nouvelles plantes, situées :

  • jusqu'à 20 mètres de leur colonie d'origine, sans vent
  • jusqu'à plusieurs kilomètres, avec du vent

La forme ailée du puceron apparait au bout de 7 à 10 générations de pucerons sans ailes (aptères).

Les fourmis sont des alliées des colonies de pucerons.  Elles récoltent le miellat produit par les pucerons et semble en échange leur apporter une protection contre les prédateurs et parasitoïdes.

Colonie de puceron du bananier Pentalonia nigronervosa (Aptères, mues blanches et fourmis protectrices). Photo D. Paulaud
Colonie de puceron du bananier Pentalonia nigronervosa (Aptères, mues blanches et fourmis protectrices). Photo D. Paulaud
Puceron du bananier (forme ailée) ©IAC - D. Paulaud
Puceron du bananier (forme ailée) ©IAC - D. Paulaud

Cycle de vie

Il n'y a pas de mâle chez le puceron du bananier.

  • La reproduction de cette espèce se fait sans fécondation (parthénogénèse).
  • Les femelles ne pondent pas d'oeufs.  Elles donnent directement naissance aux petits pucerons. Elles sont donc vivipares.
  • En moyenne, une femelle donne naissance à 14 petits dans sa vie, à raison deux petits par jour.
  • Le petit puceron atteint le stade adulte en 9 à 16 jours 
  • L'espérance de vie d'un adulte est de 8 à 26 jours.

En Nouvelle-Calédonie, la période la plus propice à la reproduction du puceron (températures les plus favorables) est la saison chaude, d'octobre à avril. Une saison de reproduction génère jusqu'à 16 générations de descendants. La  saison fraîche est moins favorable au développement du puceron.

Autres plantes hôtes

Le bananier est la principale plante-hôte du puceron du bananier.  Toutefois, il existe d'autres plantes hôtes :

  • Taro (Colocasia)
  • Alpinia
  • Heliconia
  • Costus
  • Zingiber
  • Palisota sp.
  • Tomate

Ces plantes ne développent pas la maladie du Bunchy top et ne sont pas des réservoirs à virus.Toutefois, elles peuvent héberger des colonies de pucerons infectés qui sont susceptibles de transmettre la maladie à des bananiers à proximité.

Méthodes de lutte agroécologiques

Si vos bananiers sont infectés par le Bunchy Top :

  • Détruisez vos plants infectés selon le protocole recommandés par la réglementation en vigueur
  • Ne déplacez pas vos plants, ils pourraient contaminer une zone saine

Si vos bananiers sont infestés de pucerons, mais qu'ils sont indemnes du Bunchy top :

  • Procédez à un lâcher d'insectes parasitoïdes. Ceux-ci vont pondre leurs oeufs dans les pucerons et les tuer.

Autres méthodes de lutte

Les infestations de pucerons peuvent être traitées en utilisant des produits phytopharmaceutiques à usages agricoles (PPUA) qui ont une action systémique. Ce mode d'action permet de véhiculer les molécules actives par la sève. Les pucerons se nourrissent de sève et sont ainsi éliminés.

Les PPUA contiennent des substances toxiques pour la santé humaine et pour l'environnement (sol, eau). Ils favorisent également l'émergence de bioagresseurs résistants qui rendent la lutte chimique de moins en moins efficace. Leur usage doit donc être modéré et raisonné.

Avant tout usage, vous devez vous référer à la liste des produits homologués par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et vous conformer aux conseils d'utilisation : doses, protection, agrément Certiphyto-NC....

 

Mot de l'auteur

Cette fiche a été réalisée avec l'appui financier du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie

Auteurs

Publication initiale : Mai 1999

  • Christian MILLE, Institut agronomique néo-calédonien (IAC)
  • Valérie KAGY, Institut agronomique néo-calédonien (IAC)
  • François MADEMBA-SY, Institut agronomique néo-calédonien (IAC)

Ré-écriture web : Février 2020

Actualisation du contenu et validation : Février 2020

  • Christian MILLE, Institut agronomique néo-calédonien (IAC)

Référent / Contact

Christian MILLE
Chercheur en entomologie
Institut agronomique néo-calédonien (IAC)
Mis à jour le 21/12/2024
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