Chou kanak

Le chou kanak Abelmoschus manihot est un légume feuille qui appartient à la famille des Malvacées. Il est communément et traditionnellement cultivé en Nouvelle-Calédonie. Ses feuilles sont comestibles et abondantes toute l'année. Elles constituent un aliment de base pour de nombreuses familles et contribue à la sécurité alimentaire du pays.

La culture du chou Kanak est ancienne en Nouvelle-Calédonie. C'est une plante originaire d'Asie qui a été probablement introduite dans l'archipel il y a 3000 ans avec les premiers arrivants.

Proche de l'hibiscus, avec de belles fleurs jaunes, le chou kanak est aussi une plante d'ornement et une plante médicinale.

Noms dans les langues Kanak

• Wel(i) en Nengone (île de Maré), Wej en Drehu (île de Lifou), Xölaak en Iaai (île d'Ouvéa), Icârâ en Païcî, Kaawet en Cémuhi

Noms dans la Pacifique

• Bele aux îles Fidji
• Pele aux îles Samoa, Tonga et Cook
• Aibika en Papouasie Nouvelle-Guinnée
• Aelan Kapis au Vanuatu

Usages alimentaires et préparations culinaires

Bien que les fleurs et les tiges soient comestibles, ce sont principalement les feuilles qui sont consommées et cuisinées de diverses manières :

• en bouillon
• à la vapeur,
• mijotées avec du lait de coco
• sautées à la poêle pendant quelques minutes (1,2,3). 

Le chou kanak devient gluant lorsqu’il est cuit en contact avec de l’eau. Une cuisson à la vapeur ou sautée limitera la texture gluante.

Découvrir de délicieuses recettes dans "Les récoltes du Caillou" (4) et dans « Les feuilles comestibles du Pacifique » (5).

Vertus médicinales

Le chou kanak est recommandé :

• chez les femmes enceintes (croissance du foetus, accouchement, lactation)
• pour soigner les états grippaux, les problèmes de peau, les entorses, ainsi que les maladies du foie et des reins

Voir la fiche complète sur les vertus médicinales du chou Kanak.

Autres usages

• Au Japon, les racines sont utilisées pour la fabrication traditionnelle du papier. Ajoutées à la pâte à papier, elles servent d'agent dispersant (3).

Allure

• Arbrisseau qui peut atteindre 2 m de hauteur et 1,5 m de largeur.
• Le tronc et les rameaux sont de couleur beige pale à vert-gris. Ils ont un diamètre de 5 à 7 cm.
• Le feuillage est très fourni
• Il existe une grande diversité de types différents de chou kanak (morphotypes) qui se distinguent principalement par la couleur et la morphologie de leurs feuilles (1,7).  

Fleurs

• Ressemble à la fleur du bourao et de l'hibiscus
• Disposées de façon solitaire ou en petite grappe terminale
• Couleur jaune avec une base pourpre à l'intérieur et mesureant7 à 15 cm de diamètre
• : forme obovale (plus large vers l’extrémité) au nombre de 5 avec des nervures de couleur pourpre parfois
• Hermaphrodites, autogames préférentielles, mais fécondation croisée possible.
• Pollinisation par divers insectes dont les abeilles

Feuilles

• Il existe une grande diversité de formes pour les feuilles : en forme de cœur, arrondie ou en forme de main avec 3 à 7 lobes plus ou moins découpés, etc (voir photos). 
• Elles mesurent 10 à 30 cm de long et de large
• Elles sont de couleurs variées : vert, rouge, violet ou encore panaché vert/blanc
• Production de feuilles toute l'année, avec une abondance plus importante en saison chaude.

Fruits

• Capsule poilue de forme ovoïde à ellipsoïde
• Couleur marron foncé à grisâtre
• Fruit solitaire ou plusieurs fruits regroupés en une petite grappe terminale

Graines

• Poilues et gris foncé
• 25 graines par fruit en moyenne
• Forme de la graine haricot (réniforme)

Floraison

• De juillet à décembre avec un pic de floraison de septembre à octobre

Fructification

• Les fruits et graines se récoltent d'octobre à janvier

L'Institut agronomique néocalédonien (IAC) a dénombré jusqu'à présent 108 morphotypes différents sur toute la Nouvelle-Calédonie et pour la même espèce Abelmoschus manihot. Le chou Kanak n'existe pas à l'état naturel. Il est uniquement domestiqué (1). Une quarantaine de morphotypes sont actuellement conservées en collection à l'IAC dans les stations de Atha (Maré) et Port-Laguerre (Païta).

Les rendements obtenus sont variables d’un morphotype à l’autre. Sur les 24 morphotypes analysés, les scientifiques de l'IAC ont constaté que les morphotypes à feuilles rouges sont moins productifs que ceux à feuilles vertes. La forme de la feuille n'a pas d'influence sur les rendements (1).

La plupart du temps, les morphotypes portent un nom attribué par la population en fonction de  leur lieu de récolte (toponymes) ou en raison de leur forme particulière. Exemples :  Yaté, Ganaic, Corinne, Baco, Coula, Maré, Tiéou, Poulpe, Hirondelle, Padawa, Patte de poule, Crête de coq, Rasta, Régine, Tulipe, Sory... (7).

Par bouturage (recommandé) :

La technique du bouturage est détaillée dans la fiche "Faire une bouture de plante ornementale".

Concernant cette espèce :

• Vous pouvez préparer des boutures dès que les plants sont âgés de 12 -18 mois.
• Enlevez toutes les feuilles et ne gardez que les bourgeons axillaires.
• Les boutures prélevées peuvent être gardées au sec dans un endroit frais pendant quelques jours avant plantation.
• Au moment de la plantation, trempez-les dans une hormone de croissance comme Clonex® pour favoriser l'enracinement (optionnel).
• Plantation possible toute l’année : en début de saison humide, plantez directement les boutures dans le sol en les enfonçant au tiers. En saison plus sèche, une étape en pépinière est recommandée avant la plantation au champ.
• En conditions optimales, l’enracinement et la reprise de végétation est assez rapide en 2 à 3 semaines.
• Premières récoltes 4 à 5 mois après plantation.

Par semis

• Il est possible d'obtenir des jeunes plants par semis, mais ils mettront plus de temps à se développer que des plants issus de boutures et ils ne seront pas identiques au plant-mère.
• Les graines sont prêtes à être semées lorsque la capsule a séché et se fissure.
• Pour accélérer la germination des graines, il est conseillé de plonger les graines dans de l’eau bouillante puis de laisser tremper jusqu'à ce que l'eau refroidisse (1). 
• Les graines peuvent être semées directement dans le sol ou plantées dans des pots en pépinière.
• Elles germent en moyenne en 2 semaines (1). 

Exigences environnementales

• Sol drainant de PH 5 à 7
• Cultiver sur des buttes de 15 cm
• Préparer le sol à la charrue ou à la machine à bêcher
• Exposition : soleil à mi-ombre
• À l'abri du vent
• Température idéale : 25°C

Distances de plantation

• Laissez 80 à 100 cm entre les plantes

Eau et irrigation

• Goutte à goutte en petite quantité
• Faible résistance à la sécheresse

Entretien

• Période de jachère : 1 an
• Enlever les vieilles feuilles, les feuilles jaunes ou mortes pour éviter la propagation de maladies.
• Désherber régulièrement autour de la plante.
• Tailler 2 fois l'arbrisseau en saison chaude, avant la période cyclonique et 1 fois en saison fraiche. À une hauteur de 60 cm du sol.
• Tailler de tête pour récolter les jeunes feuilles destinées à être consommées consommation à la demande.

• Plante pluriannuelle avec une durée de vie moyenne de 2 ans.
• Un plant de chou Kanak est pleinement productif de 6 à 18 mois.
• Les morphotypes les plus productifs donnent en moyenne 940 g de feuilles par plant et par récolte et seulement 320 g pour les moins productifs.

• Les feuilles se récoltent toute l'année.
• Cassez-les à la main ou coupez-les avec un sécateur.
• Les feuilles se conservent jusqu'à 2-3 jours en les mettant au réfrigérateur dans un emballage hermétique (8).
• Les graines se conservent dans un récipient hermétique, au réfrigérateur, pendant pendant quelques années (1) mais le taux de germination décroît au fil des années.

Principaux ravageurs

• La cochenille bâtonnet Unaspis citri
• Les pucerons
• Les chenilles Earias Vittela, Haritalodes derogata
• L'escargot Lissachatina fulica

Principales maladies

Les maladies fongiques avec des symptômes foliaires (oïdium, fumagine, anthracnose) ou des pourritures du collet et racines (fusariose).

Pour éviter la propagation des maladies il est recommandé des mesures prophylactiques :

• éliminer les parties malades (feuilles jaunies) ou mortes de la plante,
• désinfecter régulièrement ses outils de jardinage,
• éclaircir la base du tronc
• effectuer une taille régulière (voir dans le paragraphe "Entretien") pour favoriser la circulation de l’air

Pour lutter contre certains ravageurs :

• Contre les pucerons : insecticide biologique ou naturel au savon de Marseille (10g/L) ;
• Contre les acariens, les aleurodes, les thrips et les pucerons : insecticide biologique aux extraits de neem 
• Contre les chenilles : insecticide biologique à base de Bacillus thuringiensis 

Cette fiche a été réalisée grâce au soutien financier de l'Agence rurale dans le cadre de son appui au développement de la filière « Plantes comestibles, fruits et légumes de diversification ».

L'Agence rurale et l'Institut agronomique néo-calédonien ont signé une convention de partenariat en juin 2024 pour la réalisation et intégration d'une trentaine de fiches techniques variétales dans Agripedia. L'objectif est ainsi de contribuer à l’amélioration de la couverture alimentaire du pays en proposant des produits locaux originaux, de qualités nutritionnelles et environnementales remarquables et adaptés aux conditions pédoclimatiques de la Nouvelle-Calédonie.

L'équipe d'Agripedia et l'IAC remercie l'Agence rurale pour ce précieux soutien !

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