Liseron d'eau
Le liseron d'eau ou épinard aquatique est consommé comme un légume feuille tout au long de l'année. Très facile à cultiver, il est particulièrement prisé dans la cuisine asiatique.
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Identité
Nom scientifiqueIpomea aquaticaFamilleConvolvulaceaeStatut BiogéographiquePlante introduite cultivéeOrigine géographiqueAsieDistribution géographiqueRégions tropicalesNoms Kanak--Autres noms communsÉpinard d'eauPatate aquatiqueIpomée aquatiqueKangkong (Malaisie, Indonésie, Philippines)Water spinach, swamp spinach (anglais)
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Description
Type de planteHerbacéeFeuillagePersistantDurée de vieAnnuelleHauteur à maturitéEntre 2 et 5 mLargeur à maturitéEntre 50 cm et 2 mSystème racinairePeu développé
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Conduite culturale
MultiplicationBouturageSemisOù planter ?Pleine terreType de solTous typesDensitéProductivitéPollinisationAutopollinisationPar les insectesCroissanceRapideEntretien / SoinsFacileExposition au soleilSoleilBesoin en eauRésistance à la sécheresse
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Santé
Résistance aux ravageursRésistance aux maladiesPrincipaux ravageurs--Principales maladies--
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Usage & vertus
AlimentationCuisinéVertus--Autre usageMédecine naturelle
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Saisonnalité
FloraisonFruitsTaille

Généralités
Le liseron d'eau (Ipomea aquatiqua) est une herbacée vivace qui appartient à la famille des Convolvulacées. Ses feuilles, consommées comme des épinards, lui valent ses noms d'épinard d'eau ou patate aquatique. C'est un légume feuille prisé en Asie où il porte le nom de kangkong.
L’origine exacte du liseron d’eau reste incertaine, mais il serait natif d'Afrique, d'Asie ou des îles du Pacifique Sud-Ouest.
Aujourd’hui, il est largement répandu dans les régions tropicales et subtropicales, où il pousse à l’état spontané ou est cultivé.
Le liseron d'eau est une plante aquatique rampante qui prospère en zones humides ou en eau douce (étangs, rivières, canaux, rizières) grâce à se tige creuse qui lui permet de flotter et se développer rapidement.
En Asie du Sud-Est et en Chine, le liseron d'eau est cultivé sur des milliers d'hectares pour être vendu sur les marchés (1,2). En Nouvelle-Calédonie, il est peu cultivé et aurait été introduit par les populations asiatiques (3). En Océanie et en Europe, il est cultivé à petite échelle, souvent sous abri, principalement pour la communauté asiatique.
Dans des pays comme les États-Unis, le liseron d’eau est classé parmi les plantes envahissantes nuisibles. Son développement rapide sur de grandes surfaces peut perturber : l'écoulement des canaux et canalisations, la pêche et la navigation.
Usages et vertus
Usages alimentaires et préparations culinaires
Les jeunes pousses et feuilles du liseron d’eau sont consommées comme légume vert et préparées de multiples façons, à la manière des épinards :
- Sauté à la poêle, souvent avec de l’ail et du piment
- Cuit à la vapeur, pour préserver ses nutriments
- Bouilli quelques minutes, idéal pour les soupes
- En soupe, ragoût ou plats en sauce
- Légèrement frit à l’huile, pour un effet croustillant
- En accompagnement de viande, poisson ou nouilles
👉 Découvrez de délicieuses recettes dans "Les récoltes du Caillou" (4) et dans "Les feuilles comestibles du Pacifique" (5).
Qualités nutritionnelles
Le liseron d'eau est riche en nutriments essentiels et présente une faible teneur en calories, ce qui en fait un aliment recommandé pour une alimentation saine :
- Faible en calories, il est idéal pour les régimes légers.
- Riche en fibres, il favorise la digestion et le transit intestinal.
- Source de fer et de calcium, il participe au bon fonctionnement musculaire et osseux.
- Excellente teneur en vitamines A et C, essentielles pour la vision, la peau et le système immunitaire.
Tableau 1. Composition pour 100 g de parties comestibles du liseron d'eau cru
Énergie | 19 kcal |
Eau | 92,5 g |
Protéines | 2,6 g |
Glucides | 3,1 g |
Lipides | 0,2 g |
Fibres | 2,1 g |
Calcium | 77 mg |
Fer | 1,7 mg |
Magnésium | 71 mg |
Phosphore | 39 mg |
Potassium | 312 mg |
Sodium | 113 mg |
Zinc | 0,2 mg |
Vitamine C | 55 mg |
Vitamine B1 (Thiamine) | 0,03 mg |
Vitamine B2 (riboflavine) | 0,1 mg |
Vitamine B3 (Niacine) | 0,9 mg |
Précaution
Il a été rapporté dans la littérature que les parties comestibles (feuilles, tiges) peuvent accumuler des métaux lourds lorsque la plante est cultivée dans des zones polluées (2).
Vertus médicinales
Le liseron d’eau est utilisé comme plante médicinale en Asie du Sud depuis au moins le 4ᵉ siècle après J.-C., voire dès 200 ans avant J.-C. (1). Ses propriétés thérapeutiques sont largement documentées dans la littérature. Les usages traditionnels et bienfaits connus sont les suivants :
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Médecine traditionnelle asiatique :
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✔Jus employé comme vomitif, notamment pour traiter les empoisonnements
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✔ Effet laxatif, calmant et sédatif : en Indonésie, le liseron d'eau est traditionnellement servi au dîner aux jeunes enfants pour les apaiser et favoriser leur sommeil (2)
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✔ Utilisé en cataplasme par les habitants de Bornéo, du Cambodge et de la Malaisie pour faire baisser la fièvre (1).
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Affections cutanées : bourgeons appliqués sur les lésions cutanées provoquées par la teigne et sur les furoncles (1).
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Au Sri Lanka, comme en Afrique, le liseron d'eau est utilisé pour traiter le diabète sucré (1). La plante contiendrait des composés analogues à l'insuline dont l'activité hypoglycémique serait aussi efficace que le tolbutamide (médicament oral utilisé pour réduire la quantité de glucose sanguin) . Ces effets ont été observés sur les rats (6).
Autres usages
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Alimentation animale : Utilisé comme fourrage pour le bétail et les porcs. Attention : à haute dose, il peut avoir un effet laxatif (2)
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Biopesticide : Les graines du liseron d’eau sont un puissant pesticide naturel. Elles permettent d’éliminer les vers de terre, les sangsues et certains parasites intestinaux des animaux d’élevage (1).
Description de la plante
Ipomea aquatica est une herbacée vivace, pouvant être annuelle ou pérenne, selon les conditions de culture et l’environnement
Allure
- Herbe rampante ou flottante
- Flotte sur l'eau ou s'enracine à partir des nœuds de la tige dans des terrains humides ou marécageux.
Fleurs
- Inflorescence : cyme axillaire composé de 1 à 7 fleurs
- Pédoncule mesurant jusqu'à 14 cm de long
- Fleurs bisexuées mesurant 4 cm de diamètre, forme régulière
- Corolle : violette, rose ou blanche avec un centre violet. Forme d'entonnoir, de 4 à 10 cm de long et avec un tube étroit
- Sépales libres
- Étamines insérées à la base du tube de la corolle
- Pollinisation : autofécondation et fécondation par les abeilles et les papillons
Feuilles
- Alternes, simples, sans stipule
- Vert brillant
- Forme du limbe : généralement sagittée (forme de flèche) mais très variable : tronqué, cordé, sagitté ou hasté à la base, parfois légèrement denté.
- Taille : 2,5 à 25 cm de long et 0,5 à 10 cm de large.
- Pétiole : fin, de 2 à 25 cm de long, pouvant se dresser dans l'eau, vert pâle et pourpré.
Tiges
- Cylindriques, lisses et creuses, adaptées aux milieux aquatiques.
- Suc blanc laiteux à l’intérieur.
- Peuvent atteindre plus de 3 m de long
- Produisent des racines aux nœuds, favorisant leur multiplication et leur expansion.
Fruits
- Capsule globuleuse à ovoïde, d’environ 1 cm de diamètre, de couleur brune et lisse.
- Peut être déhiscent (s’ouvrant à maturité) ou indéhiscent (restant fermé)
- Dispersion adaptée à la dissémination par l’eau grâce à des poches d’air, permettant au fruit de flotter pendant de longues périodes (2).
Graines
- Contient 2 à 4 graines.
- Environ 4 mm de long
- Anguleuses et arrondies, pubescentes
- Noires ou brunes.
Saisonnalité
Floraison stimulée par les jours courts (<12 h) et la sécheresse.
En Nouvelle-Calédonie : production toute l’année avec un pic d’octobre à juillet (Source Récoltes du caillou )
Reproduction et multiplication
Le liseron d’eau se reproduit spontanément grâce à l’enracinement des tiges au niveau des nœuds et par stolons.
En raison de sa forte capacité de multiplication, certains auteurs le classent parmi les plantes à surveiller, car il peut devenir envahissant en Nouvelle-Calédonie (7).
Multiplication par semis (recommandé pour les cultures sur parcelles sèches)
- Les fleurs sont autofécondes à 60-65%) mais peuvent aussi être pollinisées par les abeilles et les papillons.
- 1000 graines pèsent 50 à 60 g
- Le taux de germination est faible
- Les graines ne germent pas en dessous de 25°C
- La germination a lieu 2-3 semaines après le semis
- La floraison intervient entre 2 et 5 mois après le semis.
Par bouturage (recommandé pour les cultures sur parcelles inondées)
- Boutures plantées à 3-5 cm de profondeur dans la boue.
Croissance
- La plante a une croissance initialement lente, avant d’accélérer son développement.
- Elle pousse rapidement et peut être récoltée après 2 à 3 mois.
Variétés et cultivars
Il existe en Asie plusieurs variétés selon la couleur des tiges, vertes ou rougeâtres, ainsi que la taille et la forme des feuilles (8).
La variabilité en Nouvelle-Calédonie n'est pas connue.
Exigences, plantation et entretien
Exigences environnementales
- Exposition : plein soleil
- Altitude : généralement cultivé en-dessous de 500 m.
- Température optimale : croissance entre 10 et 35°C.
- Pluviométrie : préfère une précipitation annuelle de 2000 à 2500 mm/an.
- Adaptation : pousse dans tous les milieux aquatiques d’eau douce.
Sol et densité
- S’adapte à tous types de sols, avec une préférence pour les sols riches en matière organique.
- pH optimal : 5,3 à 6
- Peut être cultivé en parcelle sèche ou inondée
Fertilisation
- Avant semis : apport de fumier jusqu’à 30 t/ha.
- Fumure de surface : application à 10 jours après le semis.
- Apport d’engrais azoté pour stimuler la croissance.
Densité de plantation
- Semis : 60 à 100 g pour 10m2 ou 60 à 100 kg par hectare
- Boutures : 0,2 à 1,5 millions de boutures par hectare
- Récolte : 0,3 à 0,7 millions de plantes par hectare
Plantation en parcelle sèche
- Semis à la volée ou en ligne
- Préparation des graines : trempage 12 à 24 h avant le semis pour améliorer la germination.
Irrigation
- Arrosage journalier abondant
Plantation en parcelle inondée
- Méthode traditionnelle : boutures ancrées sur un cadre en bambou flottant sur l’eau.
- Attention : les jeunes plants ne supportent pas la submersion.
- Niveau d’eau recommandé : 15 à 20 cm.
Récolte, rendements et conservation
Récolte en parcelle sèche
- Première récolte 21 à 45 jours après le semis, par une coupe à ras du sol.
- Les plantes entières sont emballées dans du papier humides pour éviter le flétrissement.
- Rendement : 1,5 à 2 kg par m2 (au bout de 3 semaines) ou 7 à 20 t/ha de produit frais
Récolte en parcelle inondée
- Première récolte 1 à 2 mois après la plantation des boutures, puis toutes les 4 à 6 semaines.
- Les pousses sont rassemblées en bottes avant la vente.
- Les tiges sont plus dures et fibreuses que les tiges du liseron d'eau cultivé à sec
- Rendement : 25 à 100 t/ha/an
Maladies et ravageurs
- Champignons
- Nématodes
- Mollusques gastéropodes
- Insectes
Soutien à la réalisation de cette fiche
Cette fiche a été réalisée grâce au soutien financier de l'Agence rurale dans le cadre de son appui au développement de la filière « Plantes comestibles, fruits et légumes de diversification ».
L'Agence rurale et l'Institut agronomique néo-calédonien ont signé une convention de partenariat en juin 2024 pour la réalisation et intégration d'une trentaine de fiches techniques variétales dans Agripedia. L'objectif est ainsi de contribuer à l’amélioration de la couverture alimentaire du pays en proposant des produits locaux originaux, de qualités nutritionnelles et environnementales remarquables et adaptés aux conditions pédoclimatiques de la Nouvelle-Calédonie.
L'équipe d'Agripedia et l'IAC remercie l'Agence rurale pour ce précieux soutien !

Sources
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(1) Austin D. F., 2007. Water spinach (Ipomoea aquatic, Convolvulaceae) A food gone wild. Ethnobotanyjournal vol. 5 LIEN
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(2) Grubben, G.J.H, 2004. IMPOMEA AQUATICA Forssk. In Grubben, G.J.H. & Denton O.A. (Editeurs). Ressources végétales de l'Afrique tropicale 2. Légumes. Fondation PROTA, Wageningen, Pays-Bas/Backhuys Publishers, Leiden, Pays-Bas/CTA, Wageningen, Pays-Bas. pp 373-377 LIEN BOOKS GOOGLE
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(3) MacKee H.S., 1985. Les plantes introduites et cultivées en Nouvelle-Calédonie. Paris : MNHN. Flore de la Nouvelle-Calédonie et Dépendances, vol hors-série.159 p.
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(4) Agence rurale, 2023. Récoltes du Caillou
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(5) CPS, 2019. Les feuilles comestibles du Pacifique : Mettez du vert dans votre assiette !
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(6) Malalavidhane, S., Wickramasinghe, S. M. D. N., & Jansz, E. R. , 2001. An aqueous extract of the green leafy vegetable Ipomoea aquatica is as effective as the oral hypoglycaemic drug tolbutamide in reducing the blood sugar levels of Wistar rats. Phytotherapy Research, 15(7), 635–637.
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(7) Beauvais, M.-L., Coléno, A., & Jourdan, H. (éds.)., 2006. Ces espèces qui envahissent la Nouvelle-Calédonie. In Les espèces envahissantes dans l’archipel néo-calédonien. IRD Éditions. https://doi.org/10.4000/books.irdeditions.7628
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(8) Walter A., Lebot V., 2003. Jardins d'Océanie. IRD Éditions p199-1200
Auteurs
Publié : Mars 2025
Rédaction de la fiche
- Estelle Bonnet-Vidal (Lincks, communication et partage des savoirs)
- Nadia Robert (Institut agronomique néo-Calédonien - IAC)
Citation bibliographique recommandée
Bonnet-Vidal E., Robert N., 2025. Fiche technique Liseron d'eau. Agripedia, a programme by IAC. Support 2024 by Agence rurale. [En ligne] (consulté le jour/mois/année)
Voir également FAQ "Comment citer cette référence bibliographique ?"