L'atémoya Annona cherimola x Annona squamosa est un hybride entre la pomme cannelle (ou pomme sucre Annona squamosa originaire du Pérou et de l'Équateur) et la chérimole (Annona cherimola originaire d'Amérique du Sud). L'atémoya est un arbre qui fait partie de la famille des Annonacées.

Cette nouvelle espèce a été obtenue en 1908 aux États Unis et des graines ont été envoyées aux Philippines dès 1911. Les fruits obtenus se sont avérés d'une qualité supérieure en qualité à ceux de la pomme cannelle et ont été nommés Atémoya, de l'union de deux mots hispaniques : "Ate" (pomme-cannelle en mexicain) et "Moya", (de cherimoya, chirimoya ou churimoya en Amérique du sud). D'autres pays ont ensuite mené leurs propres programmes de sélection variétales et il en résulte aujourd'hui une grande diversité de variétés (1,2). Les principaux pays producteurs de l'atémoya sont essentiellement l'Australie, les États-Unis (Floride, Hawaï) et Israël (1,2).

La pomme cannelle Annona squamosa a été introduite au Vanuatu, sur l'île de Tanna, par James Paddon et les missionnaires presbytériens dans les années 1850-1860 (3).

Le chérimolier est originaire des hauts plateaux et hautes vallées de la cordillère des Andes au Pérou, en Bolivie, au Chili et de l’Équateur. À l'état sauvage, il pousse à des altitudes comprises entre 1 300 et 2 600 m. Il a ensuite été diffusé dans d'autres pays tropicaux en Amérique, Asie, Afrique et Océanie (3). Le pommier-cannelle est originaire d'Amérique tropicale (4).

Qualités nutritionnelles

La pomme cannelle est un fruit généralement consommé frais. On peut simplement la couper en deux à la main puis consommer la chair avec une cuillère. Sa chair blanche est fondante comme la poire, légèrement acidulée et elle dégage un léger parfum de cannelle, d'où son nom.

L'atemoya présente des teneurs élevées en sucres, potassium, magnésium et vitamine C. La teneur en composés phénoliques et en flavonoïdes met en évidence son potentiel antioxydant.

Elle est parsemée de grosses graines noires qui ne doivent pas être avalées car elles contiennent des alcaloïdes toxiques (5).

Composition de l'Atemoya Annona cherimola x Annona squamosa pour 100 g de chair (5) :

Usages culinaires

• Fruits frais
• Salade de fruits
• Sorbet

Vertus médicinales

• Le fruit vert et les graines possèdent des propriétés vermicides et insecticides efficaces.

L’atemoya est une culture pérenne.

Allure

• Arbre de petite taille mesurant 3 à 9 m de haut
• Tronc court avec des branches tombantes dont les plus basses touchent souvent le sol
• Croissance rapide

Feuilles

• Feuilles caduques, alternes, elliptiques, coriaces, et moins velues que celles de la chérimole
• Elles peuvent atteindre 15 cm de long

Fleurs

• Espèce dichogame : les fleurs mâles et femelles ne se développent pas en même temps ce qui peut engendrer des problèmes de pollinisation.
• Fleurs jaunes, triangulaires (3 pétales extérieurs) et mesurant environ 6 cm de long et 4 à 5 cm de large.
• Fleurs portées sur les jeunes rameaux, généralement en groupes de 2 à 4, parfois solitaires, sur des pédoncules fins

Fruits

• Pseudocarpe globuleux mesurant 5 à 10 cm de diamètre. Certains spécimens peuvent peser plus de 2 kg.
• La forme et la taille du fruit varient selon la variété : rond, ovale, forme de cœur, conique...
• Couleur vert bleuâtre pâle avec des nuances légèrement jaunâtres entre les protubérances.
• Peau épaisse de 3 mm (1/8 pouce) composée de protubérances molles faiblement soudées et avec une couche poudreuse.
• Chair blanc-crème, fondante mais peu juteuse, parfumée et légèrement acidulée
• Nombreuses graines noires (mais moins que pour la pomme-cannelle)
• 20 à 30 kg de fruits par arbre par an. 

Graines

• Cylindriques mesurant 2 cm de long et 8 mm de large
• Dures et lisses
• Brun foncé paraissant noir

Données Queensland 

Floraison principale : octobre et novembre

Fruits mûrs : avril et mai.

Le stade idéal pour récolter les fruits est lorsque des lignes crémeuses apparaissent autour des aréoles, indiquant que les espaces entre elles s'élargissent. Si les fruits sont cueillis trop tôt, ils ne mûriront pas correctement. Ils deviendront sombres et se ratatineront.

Si la nouaison est faible en octobre/novembre, la floraison peut se poursuivre jusqu'en février, mais les fruits issus de ces floraisons tardives devront être récoltés prématurément et mûris artificiellement pour éviter les températures nocturnes froides. Cependant, ces fruits n'atteindront pas leur qualité optimale.

Deux variétés ont été introduites en 1990 à la station de recherche agronomique de l'IAC à Pocquereux (6) :

• Pink's Mammoth : cette variété est un hybride apparu dans le Queensland en Australie après l’introduction de graines de chérimole provenant d’Amérique du Sud. Elle a été nommée Mammoth (également connu sous les noms Pink's Prolific ou Pink's Mammoth). Elle est la base de la production commerciale d’atemoyas dans la région.  Cette variété a été introduite à Hawaï en 1960.

• African Pride : est un clone amélioré originaire d'Afrique du Sud. Il a été introduit dans le Queensland par la pépinière Langbecker et 3 000 arbres furent distribués pour des plantations commerciales en 1961. Cette variété a rapidement remplacé d'autres variétés car elle a des qualités supérieures (moins amère et moins décolorée sous la peau).

Pollinisation

Espèce dichogame : les fleurs mâles et femelles ne se développent pas en même temps. selon la littérature :

• La fleur femelle s'ouvre l'après-midi puis devient une fleur mâle le lendemain après-midi, elle
• L'organe femelle est fonctionnel peu de temps car la surface du stigmate se dessèche rapidement
• La pulvérisation de gibbérelline plusieurs fois sur les fleurs améliore le rendement, mais les fruits obtenus n'ont pas de graines, sont plus petits et moins savoureux.
• Les insectes jouent donc un rôle essentiel pour réussir la pollinisation
• La pollinisation manuelle améliore la nouaison. Cette pratique est courante en Égypte.

Par semis

• Les graines destinées à produire des port-greffe germent en environ 4 semaines dans des pépinières.
• À un an, les plants sont plantés avec un espacement de 45 cm entre les plants et de 90 cm entre les rangées.

Par greffage

• La technique de multiplication sur porte-greffe Annona reticulata (cœur de boeuf) est maîtrisée à la station IAC de Pocquereux (6).
• Technique de greffe simple ou double (whip ou tongue-graft).
• Greffe en fente ou sous écorce pour les arbres plus âgés qui doivent être surgreffés.
• Greffons prélevés sur des cultivars sélectionnés après la chute des feuilles. En Floride et en Inde, l'atémoya est généralement greffée sur des porte-greffes de pomme cannelle ou de pomme sucre. En Israël, la chérimole est utilisée comme porte-greffe.

Exigences environnementales

• En Nouvelle-Calédonie, les zones de production à privilégier sont les zones à forte humidité relative (6)
• En Australie (Nouvelle Galle du Sud), l'atemoya prospère particulièrement près de la côte, où les précipitations et l'humidité sont élevées et les hivers chauds (5). 
• Un temps pluvieux pendant la saison de maturation des fruits peut provoquer leur fissuration.

Sol et plantation

• En Nouvelle-Calédonie, les sols à privilégier sont : drainants, profonds (alluvions). Les sols plus légers, schisteux ou sableux peuvent convenir (6).
• En Australie : croissance et productivité optimales avec un sol composé de sable, limon et argile. Sols profonds, riches, de texture moyenne, avec une bonne teneur en matières organiques (5).
• Plantez en terre les plants greffés lorsqu'ils sont en période de dormance avec un espacement de 8 à 9 m entre les plants et entre les rangées et lorsqu'ils sont taillés à 60 à 75 cm de hauteur.
• Densité : 660 plants /ha
• Enlever régulièrement l'herbe au pied pour éviter toute concurrence avec le système racinaire

Eau et irrigation

• Humidité modérée.
• L’irrigation pendant la floraison et la nouaison améliore le rendement ainsi que la qualité des fruits.
• L'arbre ne supporte pas l'engorgement en eau (pourriture des racines).

Fertilisation

• Aucun engrais n’est appliqué tant que les arbres ne sont pas bien établis, car les jeunes racines sont très sensibles.
• Formule d’engrais recommandée : 6-10-16, à diffuser sur la zone racinaire.
• Augmenter progressivement la quantité pour atteindre 4,5 à 5,4 kg par an pour les arbres matures.
• La moitié de cette dose est appliquée un mois avant la floraison.

Entretien

• Au cours des 2 ou 3 premières années, les arbres sont taillés pour former une structure solide
• Ensuite, seule une taille légère

L'atemoya est un fruit frais haut de gamme mais il a un rendement modeste, en raison d'une pollinisation difficile.

• En Nouvelle-Calédonie : 20 à 30 kg par arbre
• Un arbre âgé de 5 ans peut produire environ 50 fruits par an.
• Dans le Queensland, les vergers commerciaux ont obtenu jusqu'à 5 boisseaux de fruits par arbre (environ 100 à 125 kg par arbre), soit 67 boisseaux par acre (1340 à 1675 kg par hectare).

La manutention et le transport des atemoyas est délicat. Voici quelques recommandations pour la récolte, le conditionnement et le transport :

• Les fruits doivent être coupés avec précaution, en veillant à ce que le pédoncule laissé sur le fruit ne dépasse pas de la partie bombée.
• Cueillette fréquente pour récolter les fruits à leur stade idéal (lorsque des lignes crémeuses apparaissent autour des aréoles).
• Les fruits colonisés par des cochenilles farineuses doivent être nettoyés par brossage ou à l'aide d'air comprimé avant leur commercialisation.
• Ils ne doivent pas être emballés individuellement, car cela accélérerait leur maturation. 
• Ils doivent être placés dans des caisses avec un rembourrage entre les couches.
• En raison de leur forme irrégulière, les fruits doivent être soigneusement ajustés, avec la base de chaque fruit contre la paroi du conteneur et leur apex, plus délicat, orienté vers l'intérieur.

Les principaux ravageurs de l'atemoya sont :

• les mouche des fruits Bactrocera sp. Voir la fiche complète de description du ravageur et moyens de lutte

• la cochenille des seychelles Icerya seychellarum : se retrouve principalement le long des nervures principales des fruits et les jeunes pousses.

Lutte agroécologique contre la cochenille des Seychelles :

• Traitement réguliers aux huiles végétales d'été
• Lutte biologique : coccinelles, coccinelle de Montrouzier

Lutte agroécologique contre les mouches de fruits :

• Contre les mâles : pièges avec de la paraphéronone cue lure
• Contre les femelles : appât alimentaire (hydrolysat de protéines associé à un insecticide d'origine naturelle (tel que spinosad)

Cette fiche a été réalisée grâce au soutien financier de l'Agence rurale dans le cadre de son appui au développement de la filière « Plantes comestibles, fruits et légumes de diversification ».

L'Agence rurale et l'Institut agronomique néo-calédonien ont signé une convention de partenariat en juin 2024 pour la réalisation et intégration d'une trentaine de fiches techniques variétales dans Agripedia. L'objectif est ainsi de contribuer à l’amélioration de la couverture alimentaire du pays en proposant des produits locaux originaux, de qualités nutritionnelles et environnementales remarquables et adaptés aux conditions pédoclimatiques de la Nouvelle-Calédonie.

L'équipe d'Agripedia et l'IAC remercie l'Agence rurale pour ce précieux soutien !

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