Atemoya
Atemoya
L'atemoya est un hybride entre la pomme cannelle et la chérimole. Sa chair est délicieuse, sucrée et parfumée.
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Identité
Nom scientifiqueAnnona cherimola x Annona squamosaFamilleAnnonaceaeStatut BiogéographiquePlante introduite cultivéeOrigine géographiqueAmériqueDistribution géographiqueRégions tropicalesNoms KanakKasitrapul (Nengone)Autres noms communsPomme cannelleCustard apple (anglais)
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Description
Type de planteArbusteFeuillagePersistantType de fruit alimentaireFruit à pépinsCouleur du fruitVertDurée de viePluriannuelleHauteur à maturitéEntre 2 et 5 mLargeur à maturitéEntre 50 cm et 2 mSystème racinairePeu développé
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Conduite culturale
MultiplicationGreffageOù planter ?ExtérieurPleine terreType de solCalcaire / corallienSol drainantLimoneuxSableuxHumifèreArgileuxDensité660 plants/haProductivité20 à 30 kg/arbrePollinisationA la mainPar les insectesCroissanceLenteEntretien / SoinsFacileExposition au soleilSoleilBesoin en eauRésistance à la sécheresse
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Santé
Résistance aux ravageursRésistance aux maladiesPrincipaux ravageursCochenillesMouche des fruitsPrincipales maladies--
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Usage & vertus
AlimentationProduit fraisVertusVermifugeRiche en PotassiumRiche en vitamine CAutre usageMédecine naturelle
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Saisonnalité
FloraisonFruitsTaille

Généralités
L'atémoya (Annona cherimola x Annona squamosa) est un arbre qui fait partie de la famille des Annonacées. Il est issu du croisement entre deux espèces fruitières originaires d'Amérique du Sud : la chérimole (Annona cherimola), native de la cordillière des Andes (1) et la pomme cannelle, ou pomme sucre (Annona squamosa) originaire des régions tropicales d'Amérique (2).
Cet hybride a été créé en 1908 aux États-Unis. Très rapidement, il a suscité l’intérêt pour la qualité supérieure de ses fruits, à la fois plus parfumés et plus sucrés que ceux de la pomme cannelle. Dès 1911, des graines ont été envoyées aux Philippines, marquant le début de sa diffusion à l'international (2).
Le nom Atémoya vient de la combinaison de deux mots hispaniques : Ate, qui désigne la pomme cannelle en espagnol mexicain et Moya, du mot cherimoya (ou chirimoya, churimoya) nom espagnol de la chérimole (3).
Aujourd’hui, l’atémoya est cultivée dans plusieurs pays tropicaux et subtropicaux, notamment en Australie, aux États-Unis (Floride, Hawaï) et en Israël. Grâce à divers programmes de sélection, de nombreuses variétés ont été développées (3,4).
En Nouvelle-Calédonie, les cultivars Pink’s Mammoth et African Pride ont été introduits dans les années 1990 à la station de l'institut agronomique néocalédonien (IAC) à Pocquereux (5).
Usages et vertus
Usages alimentaires et préparations culinaires
L'atemoya est un fruit généralement consommé frais. Il suffit de couper le fruit en deux ou en quartier, puis de déguster sa chair blanche et fondante avec une cuillère. Son goût est doux, sucré, avec une légère note acidulée.
IIl peut également être utilisé dans diverses préparations culinaires (2) :
- Salades de fruits
- Jus et smoothies
- Sorbet et crème glacée
- Yaourts aromatisés
Qualités nutritionnelles
Fruit énergétique et digeste, l'atémoya offre un apport rapide en glucides naturels, tout en fournissant des micronutriments favorables à l’immunité, au métabolisme et à la fonction musculaire. Ses principales qualités nutritionnelles sont les suivantes (4,6) :
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Peu calorique et riche en sucres simples naturels
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Bonne source de vitamine C, de potassium et de caroténoïdes antioxydants
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Apports intéressants en vitamines du groupe B et en minéraux essentiels (calcium, magnésium, phosphore, fer, zinc)
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Faible teneur en lipides et en protéines
⚠️ Attention : la chair contient de grosses graines noires non comestibles. Elles ne doivent pas être avalées, car elles renferment des alcaloïdes toxiques (2).
Composition nutritionnelle de l'Atemoya pour 100 g de chair (2) :
Calories | 94 |
Eau | 71,5 à 78.7 g |
Protéines | 1,07 à 1,4 g |
Lipides | 0,4 à 0,6 g |
Glucides | 24 g |
Fibres | 0,05 à 2,5 g |
Cendres | 0,4 à 0,75 g |
Sodium | 4 à 5 mg |
Potassium | 250 mg |
Fer | 0,3 mg |
Calcium | 17 mg |
Magnésium | 32 mg |
Zinc | 0,2 mg |
Vitamine B1(Thiamine) | 0,05 mg |
Vitamine B1(Riboflavine) | 0,07 mg |
Vitamine B3 (Niacine) | 0,8 mg |
α-carotène | 10 µg |
ß-carotène | 10 µg |
Cryptoxanthine | 10 µg |
Vitamine C | 50 mg |
Description de la plante
L’atémoya est une culture fruitière pérenne appartenant à la famille des Annonacées.
Allure
- Arbre de petite taille mesurant entre 3 et 9 m de hauteur
- Tronc court, à branches souples et tombantes, parfois jusqu’au sol
- Croissance rapide
Feuilles
- Feuilles caduques, alternes, elliptiques
- Texture coriace, moins velues que celles de la chérimole
- Les feuilles peuvent présenter une certaine variabilité de forme sur un même arbre
- Dimensions : 8 à 20 cm de long, 3 à 8 cm de large
Fleurs
- Espèce dichogame : les organes femelles mûrissent avant les organes mâles, ce qui peut limiter l’autopollinisation naturelle
- Fleurs vert jaunâtre, à la forme triangulaire typique (3 pétales extérieurs bien visibles)
- Dimensions : environ 6 cm de long et 4 à 5 cm de large
- Disposées sur les jeunes rameaux, généralement en groupes de 2 à 4, parfois solitaires
- Portées par de fins pédoncules
- Pollinisation entomophile (par les insectes, principalement des coléoptères), mais pollinisation manuelle recommandée

Fruits
- La forme et la taille du fruit varient selon la variété, mais ils sont souvent en forme de cœur (cordiformes). On peut également rencontrer des fruits ronds, ovales ou coniques.
- Le fruit ne se fissure pas à maturité, contrairement à la pomme-cannelle (Annona squamosa)
- Pseudocarpe globuleux
- Dimensions : 5 à 10 cm de diamètre ; certains spécimens peuvent dépasser 2 kg.
- Épiderme : vert bleuâtre pâle avec des nuances jaunâtres entre les protubérances.
- Peau épaisse (environ 3 mm, composée de protubérances molles, faiblement soudées, souvent recouvertes d’une fine couche poudreuse
- Chair blanc crème, fondante, peu juteuse, parfumée et sucrée, avec une légère acidité évoquant parfois un goût de piña colada vanillée
- Rendement moyen : 20 à 30 kg de fruits par arbre et par an (selon conditions culturales et variété)

Graines
- Contient de nombreuses graines, mais en quantité moindre que la pomme cannelle
- Cylindriques mesurant 2 cm de long et 8 mm de large
- Dures et lisses
- Brun foncé paraissant noir
Saisonnalité
En Nouvelle-Calédonie, le cycle de production de l’atémoya s’organise ainsi :
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Floraison principale : d'octobre à novembre
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Fructification, production, récolte : de mars à mai
À maturité, le fruit cède légèrement sous la pression et se détache facilement du pédoncule.
En cas de nouaison insuffisante, lors de la floraison principale (octobre/novembre), celle-ci peut se prolonger jusqu’en février. Toutefois, les fruits issus de ces floraisons tardives doivent être récoltés prématurément puis mûris artificiellement, afin d’éviter l’exposition aux températures nocturnes fraîches. Ces fruits restent généralement de qualité inférieure.
Variétés et cultivars
Deux variétés ont été introduites en 1990 à la station de recherche agronomique de l'IAC à Pocquereux (5) :
Pink's Mammoth
Cette variété est issue d'un hybride apparu dans le Queensland (Australie), après l’introduction de graines de chérimole provenant d’Amérique du Sud. Connue aussi sous les noms ‘Mammoth’ ou ‘Pink’s Prolific’, elle constitue aujourd’hui la base de la production commerciale d’atémoyas dans la région. Elle a été introduite à Hawaï en 1960.
Elle a été nommée Mammoth (également connu sous les noms Pink's Prolific ou Pink's Mammoth). Elle est la base de la production commerciale d’atemoyas dans la région. Cette variété a été introduite à Hawaï en 1960.
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African Pride : est un clone amélioré originaire d'Afrique du Sud. Il a été introduit dans le Queensland par la pépinière Langbecker et 3 000 arbres furent distribués pour des plantations commerciales en 1961. Cette variété a rapidement remplacé d'autres variétés car elle a des qualités supérieures (moins amère et moins décolorée sous la peau).
Multiplication, reproduction
Pollinisation
Espèce dichogame : les fleurs mâles et femelles ne se développent pas en même temps. selon la littérature :
- La fleur femelle s'ouvre l'après-midi puis devient une fleur mâle le lendemain après-midi, elle
- L'organe femelle est fonctionnel peu de temps car la surface du stigmate se dessèche rapidement
- La pulvérisation de gibbérelline plusieurs fois sur les fleurs améliore le rendement, mais les fruits obtenus n'ont pas de graines, sont plus petits et moins savoureux.
- Les insectes jouent donc un rôle essentiel pour réussir la pollinisation
- La pollinisation manuelle améliore la nouaison. Cette pratique est courante en Égypte.

Par semis
- Les graines destinées à produire des porte-greffes germent en environ 4 semaines dans des pépinières.
- Premiers fruits vers 3 à 5 ans avec des arbres issus de semis
Par greffage
- Premiers fruits : 2 à 4 ans pour les arbres greffés
- La technique de multiplication sur porte-greffe Annona reticulata (cœur de bœuf) est maîtrisée à la station IAC de Pocquereux (6).
- Technique de greffe simple ou double (whip ou tongue-graft).
- Greffe en fente ou sous écorce pour les arbres plus âgés qui doivent être surgreffés.
- Greffons prélevés sur des cultivars sélectionnés après la chute des feuilles. En Floride et en Inde, l'atémoya est généralement greffée sur des porte-greffes de pomme cannelle ou de pomme sucre. En Israël, la chérimole est utilisée comme porte-greffe.
Exigences et plantations
Exigences environnementales
- En Nouvelle-Calédonie, les zones de production à privilégier sont les zones à forte humidité relative (5)
- L'atémoya ne supporte pas les sols constamment humides ou inondés.
- En Australie (Nouvelle Galle du Sud), l'atemoya prospère particulièrement près de la côte, où les précipitations et l'humidité sont élevées et les hivers chauds (5).
- Un temps pluvieux pendant la saison de maturation des fruits peut provoquer leur fissuration.
Sol et plantation
- En Nouvelle-Calédonie, les sols à privilégier sont : drainants, profonds (alluvions). Les sols plus légers, schisteux ou sableux peuvent convenir (5).
- En Australie : croissance et productivité optimales avec un sol composé de sable, limon et argile. Sols profonds, riches, de texture moyenne, avec une bonne teneur en matières organiques.
- Plantez en terre les plants greffés lorsqu'ils sont en période de dormance
- Désherber régulièrement au niveau des pieds pour éviter toute concurrence avec le système racinaire
Densité
- Espacement de 6 à 7 m entre les plants et entre les rangées --> densité de 170 à 200 arbres/ha
- Espacement de 8 à 9 m entre les plants et entre les rangées --> densité de 120 à 150 arbres/ha
- Haute densité : 660 et 1000 arbres /ha
Eau et irrigation
- Humidité modérée.
- L’irrigation pendant la floraison et la nouaison améliore le rendement ainsi que la qualité des fruits.
- L'arbre ne supporte pas l'engorgement en eau (pourriture des racines).
Fertilisation
- Aucun engrais n’est appliqué tant que les arbres ne sont pas bien établis, car les jeunes racines sont très sensibles.
- Formule d’engrais recommandée : 6-10-16, à diffuser sur la zone racinaire.
- Augmenter progressivement la quantité pour atteindre 4,5 à 5,4 kg par an pour les arbres matures.
- Fractionnement : la moitié de cette dose est appliquée un mois avant la floraison.
Entretien
- Taille de formation : au cours des 2 ou 3 premières années, les arbres sont taillés pour former une structure solide
- Taille d’entretien : une taille légère une fois les récoltes terminées.
Rendement et productivité
L'atemoya est un fruit frais haut de gamme mais il a un rendement modeste, en raison d'une pollinisation difficile.
- En Nouvelle-Calédonie : 20 à 30 kg par arbre
- Un arbre âgé de 5 ans peut produire environ 50 fruits par an.
- Dans le Queensland, les vergers commerciaux ont obtenu jusqu'à 5 boisseaux de fruits par arbre (environ 100 à 125 kg par arbre), soit 67 boisseaux par acre (1340 à 1675 kg par hectare).
Récolte, conservation, transformation
La manutention et le transport des atemoyas est délicat. Voici quelques recommandations pour la récolte, le conditionnement et le transport :
- À maturité, le fruit cède légèrement sous la pression et se détache facilement du pédoncule.
- Les fruits doivent être coupés avec précaution, en veillant à ce que le pédoncule laissé sur le fruit ne dépasse pas de la partie bombée.
- Cueillette fréquente pour récolter les fruits à leur stade idéal (lorsque des lignes crémeuses apparaissent autour des aréoles).
- Les fruits colonisés par des cochenilles farineuses doivent être nettoyés par brossage ou à l'aide d'air comprimé avant leur commercialisation.
- Ils ne doivent pas être emballés individuellement, car cela accélérerait leur maturation.
- Ils doivent être placés dans des caisses avec un rembourrage entre les couches.
- En raison de leur forme irrégulière, les fruits doivent être soigneusement ajustés, avec la base de chaque fruit contre la paroi du conteneur et leur apex, plus délicat, orienté vers l'intérieur.
Principaux ravageurs et maladies
Les principaux ravageurs de l'atemoya sont :
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la mouche des fruits Bactrocera sp.
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la cochenille des seychelles Icerya seychellarum : se retrouve principalement le long des nervures principales des fruits et les jeunes pousses.
Moyens de lutte agroécologiques
Lutte agroécologique contre la cochenille des Seychelles :
- Traitement réguliersaux huiles végétales d'été
- Lutte biologique : coccinelles, coccinelle de Montrouzier
Lutte agroécologique contre les mouches de fruits :
- Contre les mâles : pièges avec de la paraphéronone cue lure
- Contre les femelles : appât alimentaire (hydrolysat de protéines associé à un insecticide d'origine naturelle (tel que spinosad)
Soutien à la réalisation de cette fiche
Cette fiche a été réalisée grâce au soutien financier de l'Agence rurale dans le cadre de son appui au développement de la filière « Plantes comestibles, fruits et légumes de diversification ».
L'Agence rurale et l'Institut agronomique néo-calédonien ont signé une convention de partenariat en juin 2024 pour la réalisation et intégration d'une trentaine de fiches techniques variétales dans Agripedia. L'objectif est ainsi de contribuer à l’amélioration de la couverture alimentaire du pays en proposant des produits locaux originaux, de qualités nutritionnelles et environnementales remarquables et adaptés aux conditions pédoclimatiques de la Nouvelle-Calédonie.
L'équipe d'Agripedia et l'IAC remercient l'Agence rurale pour ce précieux soutien !

Sources
- (1) Le Bellec V. Et F., 2020. Fruits tropicaux, invitation au voyage. Livre, édition Quae, 171 p.
- (2) George A.P. & Nissen R.J., 1991. Annona cherimola × Annona squamosa. In: Verheij, E.W.M. and Coronel, R.E. (Editors): Plant Resources of South-East Asia No 2: Edible fruits and nuts. PROSEA Foundation, Bogor, Indonesia. Database record: prota4u.org/prosea
- (3) Walter A., Lebot V., 2003. Jardins d'Océanie. IRD Éditions
- (4) Wikipedia, Annona cherimola et Attier (Annona squamosa) consultés le 27.11.2024
- (5) Morton J., 1987 Atemoya p 72-75. In In: Fruits of warm climates. Julia F. Morton, Miami, FL.
- (6) Desprez-Lemerre Z., [Année]. Fiche technique, Atemoya. Institut agronomique néo-calédonien (IAC)
- (7) Walter N.L. Dos Santos et al., 2016 Mineral composition, nutritional properties, total phenolics and flavonoids compounds of the atemoya fruit (Annona squamosa L. x Annona cherimola Mill.) and evaluation using multivariate analysis techniques. Earth Sciences • An. Acad. Bras. Ciênc. 88 (03) • Sept 2016
Auteurs
Publié : Novembre 2024
Rédaction de la fiche
- Estelle Bonnet-Vidal (Lincks, communication et partage des savoirs)
Relecture
- Christian Mille (IAC)
- Stéphane Lebégin (IAC)
- Sylvie Cazères (IAC)
- Nadia Robert (IAC)
- Julien Drouin (IAC)
Citation bibliographique recommandée
Agripédia.nc. Fiche technique "Atemoya" [En ligne] (consulté le jour/mois/année)
Voir également FAQ "Comment citer cette référence bibliographique ?"