Le corossolier Annona muricata est un arbre assez grand de la famille des Annonacées. Il dépasse rarement 8 m.

Originaire d'Amérique tropicale, il se répand au 17e siècle à travers les Caraïbes, probablement à partir de l'île de Curaçao (Curasso) dont il a gardé le nom (2).  Il a été introduit au début des années 1900 en Nouvelle-Calédonie par la voie indochinoise et s'est modérément propagé (1).

Aujourd'hui le corossolier est présent dans de nombreuses régions tropicales : Afrique équatoriale, Caraïbes, Asie du Sud-Est, Chine, Australe, Inde Thaïlande, Philippines, îles du Pacifique (3).

La fiche "Corossol" présente en détails des descriptions botaniques et les techniques de culture.

Les vertus médicinales connues

Le corossol est utilisé depuis des siècles en médecine traditionnelle par les populations des populations des Antilles et d'Asie du Sud-Est. Toutes les parties du corossolier sont utilisées : feuilles, fruit, graine, écorce, racines. Les populations autochtones attribuent à cette plante diverses propriétés : sédative, antiparasitaire, antispasmodique, antitussive, hypotensive, lutte contre la fièvre (antipyrétique), stimulant de la production et sécrétion de lait maternel (galactogogue)(3).

Plusieurs études en laboratoire ont montré que le corossol avait diverses activités biologiques : antalgique, anti-convulsif, antidiurétique, hypotensif, anti-parasitaire.  Des propriétés anticancéreuses sont à l'étude.

La fiche ci-dessous présente en détails les propriétés et usages médicinaux des différentes parties de la plante : feuilles, fruits, racine, écorce.

Autres usages

• Alimentaire : le fruit est consommé cru, en sorbet, confitures, sirops, compotes (3)
• Insecticide et antiparasitaire : l'extraction du jus de racine, de feuilles ou de graines, les extractions alcoolique ou huileuses sont utilisées comme insecticide et antiparasitaire (3)
• Colorant : l'écorce de corossol est utilisée pour produire un colorant jaune ou brun en Ouganda (3).

• Sa floraison est discrète.
• Il produit des fruits isolés en décembre-janvier

Consommez modérément les préparations à base de corossol et de manière général à base d'Annonacées. 

Dans un rapport publié en avril 2010, l'agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) souligne les risques liés à la consommation trop importante de corossol et de ses préparations (tisanes, alicaments, compléments alimentaires...) puisque des études menées en laboratoire ont mis en évidence que certaines molécules du corossol avaient une action neurotoxique (altération des éléments du système nerveux) et cytoloxique (altérations cellulaires) (3).

Par ailleurs, des études menées dans les années 90 en Guadeloupe ont montré que la proportion anormalement élevée de personnes atteintes de syndromes parkinsoniens atypiques pouvait s'expliquer par la forte consommation de  fruits et/ou d'infusions de feuilles d'Annones (notamment corossol, pomme-cannelle)(3).

D'autres effets indésirables du corossol ont été mis en évidence (3) :

• Vomitif : Une étude menée sur des cochons a montré que de fortes concentrations de corossol entraînaient des nausées et des vomissement.
• Contractions utérines : Le corossol serait un stimulant utérin. Il ne doit donc pas être consommé durant une grossesse.
• Abaissement de la tension artérielle : Annona muricata a des propriétés hypotensives. Il ne doit donc pas être consommée chez les personnes ayant une pression artérielle basse. 

De manière générale, avant tout usage de plante médicinale, lisez attentivement la fiche Agripédia "Précautions d'usage des plantes médicinales", car certaines plantes sont toxiques, même à faible dose et un mauvais usage pourrait mettre votre santé en danger.

Quelques règles de bon sens :

• L'utilisation des remèdes présentés dans nos fiches ne se substituent aucunement à un avis médical ;
• En cas de symptômes persistants ou anormaux, consultez un professionnel de santé ;
• N'utilisez pas une plante quand vous avez un doute sur son identification botanique ou alors demandez une identification formelle à quelqu'un de votre entourage qui s'y connait vraiment, un botaniste, un tradithérapeute, un herboriste ou un pharmacien.

• Le fruit du corossolier s'appelle le corossol.
• C'est un fruit composé charnu qui pèse entre 3 à 7 kg (2,3).
• Il est de couleur verte devenant vert jaunâtre à maturité.
• Il a une forme de coeur allongé, hérissé d'épines recourbées et molles (2).
• La peau est mince, coriace, marquée de légères traces hexagonales (1). Ces traces délimitent les fruits élémentaires qui le compose.
• Le fruit devient mou et fragile à maturité. Il faut le toucher pour savoir s'il est mûr ou non. Il est rapidement périssable après la cueillette (3). 
• À l'intérieur, la chair est blanche, fibreuse, juteuse et de saveur sucrée et acidulée. Elle contient de nombreuses graines noires, ovoïdes et brillantes. Un fruit peut contenir jusqu'à 200 graines (3).

Usages médicinaux du fruit dans le monde

• Digestion (1) : la pulpe de fruit est utilisée pour soulager les ulcères d'estomac (Panama) (3)
• Stimulant : le fruit frais a des propriétés légèrement excitantes probablement dues à une assez forte teneur en vitamine C. Si vous y êtes sensibles, n'en mangez pas le soir (Nouvelle-Calédonie,Antilles) (1,3)
• Allaitement : le fruit mûr appliqué sur la poitrine stimule la production et sécrétion de lait maternel (activité galactogogue) (Antilles) (3)
• Antispasmodique : le fruit mûr (Antilles, Brésil, Pérou, Vénézuéla) (3)
• Astringeant : le jus de fruit appliqué sur la peau resserre et dessèche les tissus (Nigéria) (3)

Composition 

• Éléments minéraux : le jus de fruit contient divers nutriments essentiels (valeurs pour 100 g) : Fer (8,1 mg), Sodium (31 mg), Potassium (0,23 mg), Manganèse (0,3 mg) (3)
• Alcaloïdes : le fruit contient de l'annonaine, de la nornuciférine, de l'asimilobine (3)
• Acétogénines d'Annonaceae (AAG) : muricinines J, K et L

Activités biologiques

• Des études ont montré que les alcaloïdes isolés des espèces du genre Annona pourraient induire un effet antidépresseur et des effets neurotoxiques (3) susceptibles d'être mis en relation avec la prévalence anormalement élevée de syndromes parkinsoniens atypiques observés chez les populations tropicales qui consomment du corossol.
• Des études phytochimiques et biologiques sur les muricines du corossol ont montré une toxicité contre les cellules cancéreuses de la prostate PC-3 (3).

• Ses feuilles alternes et vertes

Usages médicinaux en Nouvelle-Calédonie et dans le monde

Curieusement elles ont plutôt un effet inverse de celui des fruits (1) :

• Anti-inflammatoire : À Maré, les feuilles sont utilisées en bain pour traiter la varicelle (Nouvelle-Calédonie) (4). Des décoctions de feuilles sont employées sur des compresses appliquées sur les inflammations et les pieds échauffés (Antilles) (3). Certaines personnes prennent des bains dans une infusion feuilles de corossol pour soulager les coups de soleil (Antilles) (3).
• Sédatif, relaxant : des feuilles de corossol infusées dans un bain ont un effet relaxant (Antilles,Nouvelle-Calédonie) (1,3). C'est un remède utilisé pour endormir les bébés rendus nerveux par la chaleur ou légèrement fiévreux. Aux Antilles néerlandaises, les feuilles sont introduites dans les taies d'oreiller pour garantir une bonne nuit de sommeil (3). Les infusions ont également un effet relaxant et sédatif. Pour cela, faites infuser cinq feuilles de corossol dans un quart de litre d'eau bouillante (1). En donnant un ou deux bouillons à l'infusion (avec du miel) vous obtiendrez une décoction vaillante contre les insomnies (Antilles, Amérique du Sud, Nouvelle-Calédonie) (1,3). L'inhalation de la vapeur qui se dégage des feuilles chauffées au feu apaise les crispations stomacales dues aux contrariétés (1).
• Digestion : les décoctions de feuilles sont employées pour faciliter la digestion (Pérou, Vénézuéla, Guadeloupe, île Cook) (3).
• Antispasmodique (Antilles, Amérique du Sud) (3)

Composition 

• Alcaloïdes : les feuilles contiennent divers alcaloïdes : annonaine, isolaureline, xylopine, annonamine, norcorydine, methylcoclaurine, dimethylcoclaurine (3)
• Terpènes : ’analyse de l’huile essentielle d’A. muricata extraite de la feuille a permis la détection de 80 composés, principalement des dérivés de sesquiterpènes.
• Diverses Acétogénines d'Annonaceae (AAG) 

Usages médicinaux des racines en Nouvelle-Calédonie

Elles concentrent souvent les principes actifs contenus à plus faible dose dans les feuilles ou les organes reproducteurs (1)

• Antidysentérique (1)

Usages médicinaux

L'écorce, riche en tanins, est utilisée comme astringent et hémostatique. L'écorce est frottée sur les plaies aux Antilles et en Asie du Sud est (3).

Le corossolier demande une terre assez riche en composés azotés.

Les graines germent assez facilement mais les semis de corossol sont peu résistants et longs à pousser.

Vous pourrez réussir, sur des arbres déjà grands, des marcottes, opération qui consiste à faire raciner une branche aérienne qui est ensuite bouturée. Des boutures se trouvent aussi toutes préparées dans le commerce. 

L'IAC a été lauréat du "Fonds de sauvegarde du patrimoine immatériel des pays et territoires d'outremer (PTOM)" en mars 2022 pour intégrer dans Agripedia des fiches sur les plantes médicinales de la pharmacopée calédonienne.

Cette fiche a donc été réalisée grâce au soutien moral et financier de l'Union européenne, de l'Institut français, de l'OCTA et de l'ACPA dans la cadre du projet pilote ARCHIPEL.EU.

Cette fiche a été également réalisée grâce au soutien scientifique, technique et financier de l'IAC, l'ADCK-Centre Tjibaou, l'IRD et l'institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie.