Le liseron d'eau Ipomea aquatiqua est une plante alimentaire et une plante envahissante des marais qui appartient à la famille des Convulacées. C'est une herbe aquatique rampante dont on consomme les feuilles comme des épinards, d'où son autre nom d'épinard d'eau ou patate aquatique. C'est un légume feuille prisé en Asie où il porte le nom de kangkong.

Le liseron d'eau est originaire d'Afrique, d'Asie ou des îles du sud-ouest du Pacifique. Il est utilisé comme plante médicinale dans le sud de l'Asie au moins depuis le 4e siècle après J.-C., peut-être même depuis 200 ans avant J.-C. (1).

C'est une espèce aujourd'hui largement répandue dans les régions tropicales et subtropicales. Elle se développe dans les milieux d'eau douce de type lacs, marais, étangs, rivières, canaux et rizières. Elle peut être récoltée à l'état sauvage ou cultivée. Le liseron d'eau se rencontre en Afrique tropicale, en Amérique tropicale, en Asie du Sud-Est, en Chine, au Japon et en Australie. Il est rare en Inde.

En Asie du Sud-Est et en Chine, le kangkong est cultivé sur des milliers d'hectares pour être vendu sur les marchés. Il est cultivée à petite échelle en Europe (sous abri) et en Océanie pour les communautés asiatiques (1,2). Les parties comestibles (feuilles, tiges) peuvent accumuler des métaux lourds lorsque la plante est cultivée dans des eaux polluées.

Le liseron d'eau est considérée comme une une plante aquatique envahissante nuisible aux États-Unis. Elle se développe rapidement sur de vastes surfaces et peut nuire à l'écoulement des canalisations, à la pêche et à la navigation.

Les jeunes pousses, les feuilles et tiges creuses sont utilisées comme légume vert.

Qualités nutritionnelles

Le liseron d'au ou kangkong contient de nombreux nutriments intéressants pour la santé. C'est un aliment qui diminue notamment le risque de diabète grâce à sa faible quantité de sucre (3,1 g pour 100 g).

Tableau 1. Composition pour 100 g de liseron d'eau cru (source USDA, 2002) :

Usages alimentaires et préparations culinaires

Les jeunes pousses et les feuilles du Kangkong sont utilisées comme légume vert et préparés comme des épinards. Il peut se cuisiner de diverses manières :

• sauté à la poêle (souvent avec de l'ail et du piment),
• cuit à la vapeur,
• bouilli quelques minutes
• en soupe, ragoût, plats en sauce
• légèrement frit à l'huile
• en accompagnement de divers plats (viande, poisson, nouilles...)

Découvrir de délicieuses recettes dans "Les récoltes du Caillou" (6).

Vertus médicinales

• En Indonésie, le liseron d'eau est traditionnellement servi au diner aux  jeunes enfants pour les faire tenir tranquilles et les aider à bien dormir (1).
• En Asie le jus est employé comme vomitif, laxatif, calmant et sédatif. Les boutons floraux servent à combattre la teigne ou des furoncles (1).
• Les habitants de Bornéo, du Cambodge et de la Malaisie l'utilisent comme cataplasme en cas de fièvre (2).
• Au Sri Lanka le kangkong est utilisé pour traiter le diabète sucré (1).
• Il a été montré une activité hypoglycémique aussi efficace que le tolbutamide (médicament oral) pour réduire la quantité de glucose dans le sang (essais chez les humains et le rat) (1).

Autres usages

• Fourrage pour le bétail et pour les porcs (toutefois effet laxatif en grande quantité)
• Les graines sont un puissant insecticide qui tue les vers de terre, les sangsues et certains parasites intestinaux des animaux d'élevage (2).

Ipomea aquatica est une herbacée vivace, annuelle ou pérenne.

Allure

• Herbe rampante ou flottante
• Flotte sur l'eau ou s'enracine à partir des nœuds de la tige dans des terrains humides ou marécageux.

Fleurs

• L'inflorescence est une cyme axillaire composé de 1 à 7 fleurs
• Pédoncule jusqu'à 14 cm de long
• Fleurs bisexuées
• 4 cm de diamètre, forme régulière
• Corolle de douleur violet, rose ou blanc avec un centre violet. Forme d'entonnoir, de 4 à 10 cm de long et avec un tube étroit
• Sépales libres
• Étamines insérées à la base du tube de la corolle
• Autofécondation, fécondation par les abeilles et les papillons

Feuilles

• Alternes, simples
• Vert brillant
• Limbe ovale ou triangulaire à lancéolé ou linéaire. Mesure 2,5 à 25 cm de long et 0,5 à 10 cm de large. Peut être légèrement denté. Tronqué à cordé  ou hasté à la base.
• Pas de stipules
• Pétiole fin de 2 à 25 cm de long qui se dresse dans l'eau, vert pâle et pourpré

Tiges

• Cylindriques, lisses et creuses
• Suc blanc laiteux
• Peuvent atteindre plus de 3 m de long

Fruits et graines

• Le fruit est une capsule globuleuse à ovoïde d'environ 1 cm de diamètre, brune, lisse. Il est enfermé dans les sépales.
• Déhiscent ou indéhiscent, adapté à un mode de dispersion par l'eau grâce à des poches d'air qui lui permet de flotter pendant de longues périodes (2)
• Contient 2 à 4 graines.
• Les graines (environ 4 mm de long) sont anguleuses et arrondies, pubescentes, noires ou brunes.

Floraison stimulée par les jours courts (<12 h) et la sécheresse.

La plante se reproduit spontanément par l'enracinement des tiges au niveau des nœuds et par des stolons.

Par semis (recommandé pour les cultures sur parcelles sèches)

• Les fleurs sont autofécondes (60-65%) et fécondées par les abeilles et les papillons.
• 1000 graines pèsent 50 à 60 g
• Taux de germination faible
• Les graines ne germent pas au dessous de 25°C
• Germination 2-3 semaines après le semis
• Floraison 2-5 mois après le semis

Par bouturage (recommandé pour les cultures sur parcelles inondées)

• Boutures plantées à 3-5 cm de profondeur dans la boue.

Croissance

• Le développement est d'abord lent puis la croissance s'accélère.
• La plante pousse vite et se récolte au bout de 2-3 mois.

Il existe en Asie plusieurs variétés selon la couleur des tiges, vertes ou rougeâtres, ainsi que la taille et la forme des feuilles (3).

La variabilité en Nouvelle-Calédonie n'est pas connue.

• Plein soleil
• Cultivé généralement en-dessous de 500 m d'altitude
• Croissance à des températures comprises entre 10 et 35°C
• Préfère une pluviométrie annuelle comprise entre 2000 et 2500 mm/an
• S'adapte à tous milieux aquatiques d'eau douce

• Tous types de sol
• Préfère des sols fertiles riches en matière organique
• pH optimal 5,3 à 6
• Peut être cultivé en parcelle sèche ou inondée
• Apport en fumier avant semis jusqu'à 30 t/ha, puis fumure de surface à 10 jours
• Dans le cas de récolte par coupes répétées, une fumure de surface supplémentaire est recommandée après chaque coupe

Densité

• Densité du semis : 60 à 100 g pour 10m² ou 60 à 100 kg par hectare
• Densité des boutures : 0,2 à 1,5 millions de boutures par hectare
• Densité de récolte : 0,3 à 0,7 millions de plantes par hectare

En parcelle sèche

• Semis à la volée ou en ligne
• Il est recommandé de mettre les graines à tremper 12-24 h avant de semer
• Arrosage journalier abondant
• Apport d'engrais azoté
• Récolte 21 à 45 jours après le semis par une coupe à ras de terre
• Les plantes entières sont emballées dans du papier humides pour éviter qu'elles ne fanent
• Rendement : 1,5 à 2 kg par m² (au bout de 3 semaines) ou 7 à 20 t/ha de produit frais

En parcelle inondée

• Boutures ancrées sur un cadre en bambou flottant sur l'eau
• Niveau d'eau de 15 à 20 cm
• Les jeunes plants ne supportent pas la submersion
• Récolte 1 à 2 mois après la plantation des boutures, puis toutes les 4-6 semaines
• Pousses rassemblées en bottes
• Les tiges sont plus dures et fibreuses que les tiges du liseron d'eau cultivé à sec
• Rendement : 25 à 100 t/ha/an

• Champignons
• Nématodes
• Mollusques gastéropodes
• Insectes

Cette fiche a été réalisée grâce au soutien financier de l'Agence rurale dans le cadre de son appui au développement de la filière « Plantes comestibles, fruits et légumes de diversification ».

L'Agence rurale et l'Institut agronomique néo-calédonien ont signé une convention de partenariat en juin 2024 pour la réalisation et intégration d'une trentaine de fiches techniques variétales dans Agripedia. L'objectif est ainsi de contribuer à l’amélioration de la couverture alimentaire du pays en proposant des produits locaux originaux, de qualités nutritionnelles et environnementales remarquables et adaptés aux conditions pédoclimatiques de la Nouvelle-Calédonie.

L'équipe d'Agripedia et l'IAC remercie l'Agence rurale pour ce précieux soutien !

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