Le liseron d'eau Ipomea aquatiqua est une herbacée vivace qui appartient à la famille des Convolvulacées, comme la patate douce (Ipomea batatas). Ses feuilles sont consommées comme les épinards, d'où son autre nom d'épinard d'eau ou patate aquatique. C'est un légume feuille prisé en Asie où il porte le nom de kangkong.

Le liseron d'eau est originaire d'Afrique, d'Asie ou des îles du sud-ouest du Pacifique.

C'est une espèce aujourd'hui largement répandue dans les régions tropicales et subtropicales où on la trouve à l'état spontané ou cultivé. Cette plante aquatique rampante se développe en terrains humides ou en milieux d'eau douce (étangs, rivières, canaux, rizières) grâce à se tige creuse qui lui permet de flotter.

En Asie du Sud-Est et en Chine, le liseron d'eau est cultivé sur des milliers d'hectares pour être vendu sur les marchés (1,2). Il est peu cultivé en Nouvelle-Calédonie où il a sans doute été introduit (3) par les populations asiatiques. Il est cultivé à petite échelle en Océanie et en Europe (sous-abri) principalement pour satisfaire la communauté asiatique.

Dans certaines régions comme les États-Unis, le liseron d'eau est considéré comme une plante envahissante nuisible, car elle se développe rapidement sur de vastes surfaces et peut nuire à l'écoulement des canalisations, à la pêche et à la navigation.

Usages alimentaires et préparations culinaires

Les jeunes pousses et les feuilles du liseron d'eau sont utilisées comme légume vert et préparées comme des épinards. Ce légume peut se cuisiner de diverses manières :

• sauté à la poêle (souvent avec de l'ail et du piment),
• cuit à la vapeur,
• bouilli quelques minutes
• en soupe, ragoût, plats en sauce
• légèrement frit à l'huile
• en accompagnement de divers plats (viande, poisson, nouilles...)

Découvrir de délicieuses recettes dans "Les récoltes du Caillou" (4) et dans "Les feuilles comestibles du Pacifique" (5).

Qualités nutritionnelles

Le liseron d'eau contient de nombreux nutriments intéressants pour la santé. C'est un aliment recommandé en cas de diabète en raison de sa faible teneur en sucre et de ses vertus médicinales (voir ci-après).

Tableau 1. Composition pour 100 g de parties comestibles du liseron d'eau cru (source USDA, 2002, water convulvulus, raw) :

Vertus médicinales

Le liseron d'eau est utilisé comme plante médicinale dans le sud de l'Asie au moins depuis le 4e siècle après J.-C., peut-être même depuis 200 ans avant J.-C. (1) Les vertus médicinales relatées dans la littérature sont les suivantes :

• En Asie le jus est employé comme vomitif pour traiter les empoisonnements par exemple, mais aussi comme laxatif, calmant et sédatif. D'ailleurs, en Indonésie, le liseron d'eau est traditionnellement servi au diner aux  jeunes enfants pour les faire tenir tranquilles et les aider à bien dormir (2).
• Les bourgeons sont appliqués sur les lésions cutanées provoquées par la teigne et sur les furoncles (1).
• Les habitants de Bornéo, du Cambodge et de la Malaisie l'utilisent comme cataplasme en cas de fièvre (1).
• Au Sri Lanka, comme en Afrique, le liseron d'eau est utilisé pour traiter le diabète sucré (1). La plante contiendrait des composés analogues à l'insuline dont l'activité hypoglycémique serait aussi efficace que le tolbutamide (médicament oral) utilisé pour réduire la quantité de glucose dans le sang (essais sur les rats) (6).

Autres usages

• Fourrage pour le bétail et pour les porcs (toutefois effet laxatif en grande quantité) (2)
• Les graines sont un puissant pesticide qui tue les vers de terre, les sangsues et certains parasites intestinaux des animaux d'élevage (1).

Ipomea aquatica est une herbacée vivace, annuelle ou pérenne.

Allure

• Herbe rampante ou flottante
• Flotte sur l'eau ou s'enracine à partir des nœuds de la tige dans des terrains humides ou marécageux.

Fleurs

• L'inflorescence est une cyme axillaire composé de 1 à 7 fleurs
• Pédoncule jusqu'à 14 cm de long
• Fleurs bisexuées
• 4 cm de diamètre, forme régulière
• Corolle violette, rose ou blanche avec un centre violet. Forme d'entonnoir, de 4 à 10 cm de long et avec un tube étroit
• Sépales libres
• Étamines insérées à la base du tube de la corolle
• Autofécondation, fécondation par les abeilles et les papillons

Feuilles

• Alternes, simples, sans sipule
• Vert brillant
• Limbe généralement de forme sagittée (forme de flèche) mais très variable tronqué, cordé, sagitté ou hasté à la base, entier ou grossièrement denté.
• Mesure 2,5 à 25 cm de long et 0,5 à 10 cm de large. Peut être légèrement denté. Tronqué à cordé  ou hasté à la base.
• Pétiole fin de 2 à 25 cm de long qui se dresse dans l'eau, vert pâle et pourpré

Tiges

• Cylindriques, lisses et creuses
• Suc blanc laiteux
• Peuvent atteindre plus de 3 m de long
• Produisent des racines aux noeuds

Fruits et graines

• Le fruit est une capsule globuleuse à ovoïde d'environ 1 cm de diamètre, brune, lisse.
• Déhiscent ou indéhiscent, adapté à un mode de dispersion par l'eau grâce à des poches d'air qui lui permet de flotter pendant de longues périodes (2)
• Contient 2 à 4 graines.
• Les graines (environ 4 mm de long) sont anguleuses et arrondies, pubescentes, noires ou brunes.

Floraison stimulée par les jours courts (<12 h) et la sécheresse.

En Nouvelle-Calédonie, production toute l’année avec un pic d’octobre à juillet (Source Récoltes du caillou )

La plante se reproduit spontanément par l'enracinement des tiges au niveau des nœuds et par des stolons. En raison de sa forte capacité à se multiplier, certains auteurs ont classé le liseron d'eau parmi les plantes à contrôler car elle est susceptible d’être envahissante en Nouvelle-Calédonie (7).

Par semis (recommandé pour les cultures sur parcelles sèches)

• Les fleurs sont autofécondes (60-65%) et fécondées par les abeilles et les papillons.
• 1000 graines pèsent 50 à 60 g
• Taux de germination faible
• Les graines ne germent pas en dessous de 25°C
• Germination 2-3 semaines après le semis
• Floraison 2-5 mois après le semis

Par bouturage (recommandé pour les cultures sur parcelles inondées)

• Boutures plantées à 3-5 cm de profondeur dans la boue.

Croissance

• Le développement est d'abord lent puis la croissance s'accélère.
• La plante pousse vite et se récolte au bout de 2-3 mois.

Il existe en Asie plusieurs variétés selon la couleur des tiges, vertes ou rougeâtres, ainsi que la taille et la forme des feuilles (8).

La variabilité en Nouvelle-Calédonie n'est pas connue.

Exigences environnementales

• Plein soleil
• Cultivé généralement en-dessous de 500 m d'altitude
• Croissance à des températures comprises entre 10 et 35°C
• Préfère une pluviométrie annuelle comprise entre 2000 et 2500 mm/an
• S'adapte à tous milieux aquatiques d'eau douce

Sol et densité

• Tous types de sol avec une préférence pour les sols riches en matière organique
• pH optimal 5,3 à 6
• Peut être cultivé en parcelle sèche ou inondée
• Apport en fumier avant semis jusqu'à 30 t/ha, puis fumure de surface à 10 jours
• Dans le cas de récolte par coupes répétées, une fumure de surface supplémentaire est recommandée après chaque coupe
• Densité du semis : 60 à 100 g pour 10m² ou 60 à 100 kg par hectare
• Densité des boutures : 0,2 à 1,5 millions de boutures par hectare
• Densité de récolte : 0,3 à 0,7 millions de plantes par hectare

Plantation en parcelle sèche

• Semis à la volée ou en ligne
• Il est recommandé de mettre les graines à tremper 12-24 h avant de semer
• Arrosage journalier abondant
• Apport d'engrais azoté

Plantation en parcelle inondée

• Boutures ancrées sur un cadre en bambou flottant sur l'eau (les jeunes plants ne supportent pas la submersion)
• Niveau d'eau de 15 à 20 cm

En parcelle sèche

• Récolte 21 à 45 jours après le semis par une coupe à ras de terre
• Les plantes entières sont emballées dans du papier humides pour éviter qu'elles ne fanent
• Rendement : 1,5 à 2 kg par m² (au bout de 3 semaines) ou 7 à 20 t/ha de produit frais

En parcelle inondée

• Récolte 1 à 2 mois après la plantation des boutures, puis toutes les 4-6 semaines
• Pousses rassemblées en bottes
• Les tiges sont plus dures et fibreuses que les tiges du liseron d'eau cultivé à sec
• Rendement : 25 à 100 t/ha/an

• Champignons
• Nématodes
• Mollusques gastéropodes
• Insectes

Cette fiche a été réalisée grâce au soutien financier de l'Agence rurale dans le cadre de son appui au développement de la filière « Plantes comestibles, fruits et légumes de diversification ».

L'Agence rurale et l'Institut agronomique néo-calédonien ont signé une convention de partenariat en juin 2024 pour la réalisation et intégration d'une trentaine de fiches techniques variétales dans Agripedia. L'objectif est ainsi de contribuer à l’amélioration de la couverture alimentaire du pays en proposant des produits locaux originaux, de qualités nutritionnelles et environnementales remarquables et adaptés aux conditions pédoclimatiques de la Nouvelle-Calédonie.

L'équipe d'Agripedia et l'IAC remercie l'Agence rurale pour ce précieux soutien !

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