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La patate douce

La patate douce

 

La patate douce

Ipomea batatas
Mis à jour le 05/08/2024
  • Identité

    Nom scientifique
    Ipomea batatas
    Famille
    Convolvulaceae
    Statut Biogéographique
    Plante exotique
    Origine géographique
    Amérique centrale
    Distribution géographique
    Régions tropicales
    Noms Kanak
    Kumala
    Autres noms communs
    --
  • Description

    Type de plante
    Herbacée
    Feuillage
    Persistant
    Durée de vie
    Annuelle
    Hauteur à maturité
    Moins de 50 cm
    Largeur à maturité
    Entre 2 et 5 m
    Système racinaire
    Peu développé
  • Conduite culturale

    Multiplication
    Bouturage
    Semis
    Où planter ?
    Extérieur
    Pleine terre
    Type de sol
    Calcaire / corallien
    Volcano-sédimentaire
    Limoneux
    Sableux
    Humifère
    Densité
    Productivité
    Pollinisation
    --
    Croissance
    Rapide
    Entretien / Soins
    Facile
    Exposition au soleil
    Soleil
    Besoin en eau
     
     
     
     
     
    Résistance à la sécheresse
     
     
     
     
     
  • Santé

    Résistance aux ravageurs
     
     
     
     
     
    Résistance aux maladies
     
     
     
     
     
    Principaux ravageurs
    Charançon
    Nématodes
    Principales maladies
    --
  • Usage & vertus

    Alimentation
    Transformation
    Cuisiné
    Produit frais
    Confiture
    Vertus
    --
    Autre usage
    --
  • Saisonnalité

    Floraison
    Jan
    Fév
    Mar
    Avr
    Mai
    Juin
    Juil
    A
    Sep
    Oct
    Nov
    Déc
    Fruits
    Jan
    Fév
    Mar
    Avr
    Mai
    Juin
    Juil
    A
    Sep
    Oct
    Nov
    Déc
    Taille
    Jan
    Fév
    Mar
    Avr
    Mai
    Juin
    Juil
    A
    Sep
    Oct
    Nov
    Déc
La patate douce Ipomoea batatas
La patate douce Ipomoea batatas

Généralités

La patate douce Ipomea batatas est une plante alimentaire cultivée de longue date pour ses tubercules savoureux et nourrissants. C'est une liane rampante vivace  qui appartient à la famille des Convolvulacées.

La patate douce est originaire d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud. Elle était cultivée au Pérou vers -10 000 à -12 000 ans (1). Des études génétiques récentes ,croisées à des données historiques, archéologiques et linguistiques, attestent que la patate douce a été diffusée à travers tout le Pacifique au gré de diverses migrations humaines et selon trois parcours principaux (3,4) :

  • La lignée Kumara, aurait été amenée depuis le Pérou entre 1000 et 1100 après J-C vers la Polynésie occidentale par des navigateurs polynésiens qui l'auraient ensuite diffusée vers d'autres îles (Hawaï, île de Pâques, Polynésie orientale, Nouvelle-Zélande, Tonga, Fidji, Mélanésie). La patate douce était consommée aux îles Loyauté avant l'arrivée des missionnaires. Il existe par ailleurs d'importantes similitudes lexicales entre les langues désignant la patate douce en queschua au Pérou (cumar), dans les langues polynésiennes (kuumala et ses dérivées) et océaniennes Kumala (en Togien) et 'Umala (en Maori).

  • Les lignées Batata et Camote ont été introduites en Océanie au XVIe siècle par les Européens. La patate douce a tout d'abord été découverte aux Antilles par Christophe Colomb (1492), puis elle débarque en Espagne dès 1493 où elle y rencontre un rapide succès. Les Portugais diffusent ensuite la patate douce dans leurs colonies en Afrique et Indonésie (îles Moluques) vers 1500 (lignée Balata), tandis que les Espagnols l'implantent aux Philippines vers 1520 (lignée Camote). Le tubercule s'est ensuite dispersé dans différentes îles du Pacifique par l'intermédiaire de navigateurs locaux ou de navigateurs européens. Les récits du capitaine Cook font état de cultures de patates douces sur plusieurs îles qu’il visita au XVIIe siècle. Le tubercule a ainsi atteint la Nouvelle-Calédonie vraisemblablement vers la fin du 18e ou au début du 19e siècle. À Maré, il a conservé son nom polynésien Kumala. La patate douce ne commence à être cultivée en France qu'à partir de 1750, mais elle tombe rapidement dans l'oubli, car la pomme de terre lui était préférée.

Aujourd'hui, la patate douce est cultivée dans toute les régions tropicales, subtropicales et méditerranéennes de la planète (4). En 2000, la production mondiale s'élevait à 139 millions de tonnes. Les principaux producteurs sont la Chine, le Nigéria, l'Ouganda et l'Indonésie.

Usages alimentaires et vertus

Qualités nutritionnelles

x

Usages alimentaires et préparations culinaires

Le tubercule constitue la principale partie comestible de la plante, toutefois, les feuilles peuvent également être consommées comme condiment ou les épinards.

La patate douce a un goût sucré, intermédiaire entre la pomme de terre et la châtaigne. On peut la préparer de nombreuses façons :

  • cuits à l'eau bouillante ou à la vapeur
  • en frites,
  • en purée, 
  • Farine
  • en gâteau... 

Vertus médicinales

x

Autres usages

Les parties aériennes constituent un fourrage apprécié du bétail. 

La culture de la patate douce est relativement facile.

Tableau 1. Composition pour 100 g de tubercule cuit (source ciqual.anses.fr)

Énergie 62,8 kcal
Eau 78 g
Protéines 1,69 g
Glucides 12,2
Lipides 0,15
Sucres 6,11
Fibres 2,9
Calcium 32,5 mg
Magnésium 22,5 mg
Phosphore 43 mg
Potassium 353 mg
ß-Carotène 10500 µg

 

Description de la plante

Allure

  • Liane rampante avec des tiges pouvant atteindre de 50 cm à 3 m de longueur
  • Tige avec des entre-nœuds à partir desquels apparaissent des racines

Feuilles

  • Simples arrangées en spirales
  • Entières, ovales ou profondément lobées
  • 15 cm x 15 cm avec un pétiole de 5 à 30 cm
  • De couleur verte ou violacée

Fleurs

  • Solitaires en forme de trompette
  • De couleur pourpre
  • 4 cm de diamètre

Fruits et graines

  • Fruits de petite taille avec 4 graines noires

Racines, tubercules

  • Juste sous la surface du sol, les racines se gorgent d'amidon et forment une dizaine de tubercules.
  • Tubercules fusiformes ou globulaires, lisses ou avec des petits sillons
  • Peau externe de couleur orange ou violacée
  • Chair de couleur blanche, jaune, orange ou pourpre

Saisonnalité

Floraison

Fructification

  • Saison chaude favorise la croissance des parties aériennes au détriment des tubercules.
  • Saison fraîche : période où la croissance de la plante se ralentit
  • Pour une même variété, le cycle peut s'allonger d'un mois entre une plantation de décembre et une plantation en juillet.

 

Variétés et cultivars

Variétés et cultivars

Reproduction et multiplication

Reproduction et multiplication

Exigences environnementales

La culture de la patate douce est facile. Elle peut se cultiver dans toute la Nouvelle Calédonie, tout au long de l'année. Elle demande peu de travail et offre de nombreux avantages : 

  • Elle permet des rotations rapides : 4 mois de culture.
  • C'est une culture nettoyante : elle étouffe les mauvaises herbes. 
  • Elles est intéressante en interligne de plantation car elle n'est pas grimpante.

Exigences environnementales

  • Température idéale se situe entre 22 et 30°C
  • Bon ensoleillement.
     

Type de sol

  • S'adapte bien à de nombreux types de sol.
  • Les sols argilo-sableux, drainant bien, riches en matière organique lui conviennent le mieux.
  • Il faut éviter les sols très lourds (argiles noires) ou trop sableux, sans réserve en eau.

Eau, irrigation

Nécessite environ 500 mm de pluie durant son cycle.


 

Plantation et entretien

Plantation et entretien

Rendement et productivité

Rendement et productivité

Récolte et conservation

Récolte et conservation

Principaux ravageurs et maladies

Principaux ravageurs et maladies

Méthodes de lutte agroécologiques

Méthodes de lutte agroécologiques

Soutien à la réalisation de cette fiche

Soutien à la réalisation de cette fiche

Le choix des variétés

Il existe de nombreuses variétés en Nouvelle-Calédonie qui diffèrent par la forme et la couleur de leurs tiges et de leurs tubercules.

Le cycle de culture varie entre 105 et 210 Jours.

En culture commerciale on préfère les variétés de cycle court moins sensibles aux charançons et qui libèrent le terrain plus rapidement. Les variétés plus tardives gardent leur intérêt si l'on veut couvrir le sol plus longtemps.

Avec les variétés locales la période de plantation traditionnelle est l'automne (mars - mai) correspondant à une culture de saison fraîche.

En saison chaude ces variétés obtiennent souvent des rendements décevants en tubercules malgré un fort développement du feuillage.

Parmi les variétés traditionnelles à cycle plus long on peut citer :

Le CIRAD (ex IRAT) a sélectionné localement et introduit depuis plusieurs années des variétés adaptées à chaque saison et qui permettent d'obtenir des rendements de 20 tonnes/ha ou plus.

Des boutures de ces variétés sélectionnées sont disponibles en petites quantité auprès du CIRAD (Station de Port-Laguerre, de Wagap Poindimié et de Ataï à Maré) et chez de nombreux agriculteurs qui en assurent la culture.

Patate douce - Variétés traditionnelles
Variétés traditionnelles à cycle long
Variétés recommandées en cultures en saison fraîche - Plantation d'avril à août
N° CIRAD Nom commun Tubercules Consistance du tubercule après cuisson à l'eau Cycle en jour saison chaude Observations
Peau Chair
10 3 mois peau blanche jaune clair blanche molle 105-120  
48 Cari-patte de poule jaune jaune molle 110-120 lianes courtes. A récolter précoce sinon éclatement des tubercules
54 Peau-rouge Mégélé rouge crème marbré rouge ferme 105-120 tendance à l'éclatement éviter sols lourds et l'excès d'humidité en fin de cycle
56 Cari carotte jaune orange ferme 115-125 reprise parfois difficile sensible aux charançons
Variétés recommandées pour culture en saison chaude et humide - Plantation entre octobre et février
N° CIRAD Nom commun Tubercules Consistance du tubercule après cuisson à l'eau Cycle en jour saison chaude Observations
56 Cari carotte jaune orange ferme 105-110 variété pouvant être cultivée en toute saison
59 Fidji rosé blanche ferme 120 (1) longues lianes, grosses feuilles (très couvrantes)
62 Papouasie Nouvelle-Guinée rose blanche blanche ferme 120 (1) chair bien ferme
69 Nigéria blanche jaune molle 120 (1) reprise parfois difficile, goût de châtaigne, sensible aux défoliateurs
Étal de patates douces à la foire de Bourail, Nouvelle-Calédonie (2018) ©Lincks
Étal de patates douces à la foire de Bourail, Nouvelle-Calédonie (2018) ©Lincks

La préparation du sol

Comme toute les plantes à tubercules, la patate douce demande un sol meuble.

En culture manuelle sur sol naturellement meuble (sol des Iles loyautés) un ameublissement localisé, suivi de la confection d'une butte convient bien.

En culture mécanisée, on pratiquera un labour profond suivi d'un émiettage puis d'un billonnage de 30 cm de hauteur environ.

La fertilisation

La patate douce est une plante relativement exigeante et demande une bonne fertilisation. Une récolte de 15 tonnes de tubercules exporte environ 70 kg d'azote, 20 kg de P2 05, 110 kg de K20.

Il n'est pas recommandé d'apporter un excès d'azote qui favoriserait le feuillage au détriment de la production de tubercules. Pour le phosphore il faut tenir compte du caractère peu mobile de cet élément et du phénomène de rétrogradation dans le sol qui en bloque souvent une proportion importante.

La fertilisation devra être adaptée en fonction des conditions locales notamment en ce qui concerne les amendements calcomagnésiens.

L'apport en couverture pourra se faire en localisé en plaçant une dose pour 2 pieds dans le cas des petites parcelles. En grandes parcelles mécanisées on épandra à la volée et on fera un buttage pour ramener et enfouir l'engrais.

Recommandation de la fertilisation moyenne en cas d'absence de carence
  Sol appauvris Sols fertiles (terre d'alluvion)
Avant la plantation Engrais 0-32-16 à 300 kg/ha Engrais 13-13-21 à 200 kg/ha
à la volée avant billonage
En couverture Engrais 13-13-21 à 500 kg/ha soit 25 g/2 pieds Engrais 13-13-21 à 300 kg/ha soit 15 g/2 pieds
30 jours après plantation
Eléments apportés (kg/ha) N-P2 05-K20 65-161-153 65-161-105

Matière organique

La patate douce réagit très bien à l'apport de matière organique : un apport de 5 à 10 t/ha de fumier, de lisier ou de compost est recommandé, notamment dans les sols ferralitiques (Terres rouges du Sud ou des Iles) où en l'absence d'argile minéralogique la capacité d'échange cathionique est dépendante de la teneur en matière organique.

La matière organique sera épandue avant le billonnage ou apportée à chaque pied après plantation.

La plantation

Préparation des boutures

La patate douce se multiplie essentiellement par bouturage de tiges. Les boutures sont prélevées soit sur la culture précédente avant la récolte, soit sur une pépinière préparée à cet effet.

Les lianes seront prises sur des plantes saines sans tâche brune (scab) ni feuille naine (maladie de la petite feuille). Les extrémités de tiges donneront les boutures les plus vigoureuses (boutures apicales).

Avant plantation les lianes seront coupées en bouture de 30 à 40 cm portant 3 à 4 noeuds.

On laissera 1 à 2 feuilles en haut de la bouture. Les feuilles supprimées seront coupées et non arrachées ce qui blesserait la tige.

Il est conseillé de tremper les boutures 15 minutes dans une solution fongicide insecticide. Si les boutures ne sont pas utilisées immédiatement, elles seront conservées en botte, au frais et à l'ombre et enveloppées à leur base dans un tissu mouillé ou posées sur du sable humide.

A 50 litres d'eau on ajoutera 150g Dithane ou Manzate (matière active :  Mancozeb à 80%) et 125cc Knock-Out 200 ou de Diazinon 20P (matière active : Diazinon 20%) ou 50ml de Rogor 50 (matière active dimethoate à 50%).

Besoin en pépinière 

La production de lianes est très variable selon la variété et la saison. Elle est supérieure en saison chaude. La pousse des lianes est favorisée par un apport d'azote. (500 g d'urée pour 100 m2 de pépinière à deux mois d'âge).

Une bonne protection sanitaire de la pépinière est à prévoir.

Il est conseillé de démarcotter les pépinières pour faciliter la récolte des lianes.

Pour cela on soulévera les lianes pour les détacher du sol, une à deux fois en cours de culture.

Pour le transport des lianes, à titre indicatif une camionnette bâchée peut transporter 4000 à 5000 lianes non préparées.

Mise en place de la culture

Les boutures doivent être enterrées à moitié et obliquement.Le besoin en bouture sera de 300 à 400 pour 100 m2.

Sur butte : on placera 2 boutures par butte.

Sur billon : l'écartement entre billon sera fonction des outils utilisés.

Pour des bilIons écartés de 1 mètre, on placera 1 bouture tous les 25 - 30 cm. Soit 33 à 40 000 plants/hectare.

Plantation mécanique : on peut utiliser une planteuse maraîchère. Les boutures sont placées par les opérateurs dans des pinces qui les déposent dans le sillon. Les sillons sont ensuite refermés par les corps butteurs de la machine.

Ce type de machine permet de planter jusqu'à 7000 boutures/heure soit environ 15 à 20 ares à l'heure avec 3 personnes (1 chauffeur et 2 planteurs).

Besoin pépinière pour planter 1 000 m2 de champs de production
Epoque de la pépinière Surface de pépinière pour planter 1000 m2
Saison chaude (Décembre-Avril) 35-70 m2
Saison fraîche (Mai-Septembre 75-150 m2
Patate douce - Mise en place de la culture
Schéma de plantation mécanique

Besoins en eau

La patate douce nécessite au moins 500 mm de pluie pendant sa période de croissance. Le sol doit être humide à la plantation pour une bonne reprise des boutures. Les besoins en eau sont assez élevés des deux premiers mois au moment de l'initiation de la tubérisation. Après cette période elle peut tolérer une période assez importante de sécheresse.

Pour l'éviter l'éclatement on limitera l'arrosage, un mois avant la récolte.

L'excès d'eau en fin de cycle favorise l'éclatement des tubercules.

En Nouvelle Calédonie, la culture se faisant souvent en période sèche, il est recommandé de prévoir une irrigation d'appoint.

L'aspersion est le système le plus utilisé mais l'arrosage par goutte à goutte (ex T.Tape), plus économe en eau, peut être utilisé avec succès.

Les quantités d'eau à apporter dépendent de la nature du sol, des pertes par ruisselement, du
drainage et du stade de la culture.

D'un point de vue pratique on déterminer les quantités nécessaires une période donnée par la formule :

  • E.T.P. - Précipitation
  • ETP = évapotranspiration potentielle.

Exemple :

  • en l'absence de précipitation. Dose d'irrigation nécessaire pour une semaine à Pouembout en avril.
    • 3,5mm x 7 = 33mm
  • (l'apport de 1mm équivaut à 1 litre/m2 soit 1 m3 pour 10 ares).

Avec l'asperseur débitant 5 mm/heure on arrosera au minimum 7 heures soit par exemple 2 arrosages de 4 heures chaque semaine.

Données 1991 - Service de la Météorologie - Nouméa
Localité E.T.P. (mm/jour)
Avril Juin Août Octobre
La Foa 3.0 1.8 2.6 4.3
Pouembout 3.5 2.3 2.9 4.7
Ouanaham (Lifou) 3.6 2.2 3.2 5.2

L'entretien de la culture

Le désherbage

La patate douce est une plante qui couvre bien le sol. On la considère comme une plante nettoyante.

Cependant les premières semaines un ou deux sarclages sont souvent nécessaires.

Lorsque les surfaces sont importantes l'emploi d'herbicide devient recommandé.

  • Contre graminées et adventices à feuille large non pérennes

On pulvérisera un herbicide entre les lignes de boutures avec un cache avant que le développement du feuillage soit trop important.

  • Contre les mauvaises herbes pérennes

En cas d'infestation de la parcelle avec des espèces vivaces comme la paille (Imperata cylindrica) ou l'herbe à oignon (Cyperus rotondus) il faudra un traitement herbicide spécifique.

Pour lutter efficacement contre ces adventices pérennes, il faudra combiner les traitements herbicides avec des pratiques culturales adéquates : passage d'outil à dent après le labour pour mettre les rhizomes à sécher en surface. Éviter l'utilisation d'outil à disques (pulvériseurs) qui fractionnent et multiplient les rhizomes.

Lutte contre les parasites

Pour avoir une culture en bonne état sanitaire certains principes de bases doivent être respectés :

Faire des rotations de culture : la patate douce ne doit pas revenir sur la même parcelle avant 12 mois en alternance avec d'autres cultures.

Les boutures doivent être prélevées sur des pieds sains.

Parmi les parasites de la patate douce les plus courants en Nouvelle Calédonie on peut citer :

Les charançons (Cylas formicarius et Euscepes postfasciatus)

Ces coléoptères constituent le principal problème de la culture de patate douce en Nouvelle Calédonie. Les adultes attaquent les tiges et les feuilles mais les principaux dégâts sont causés par les larves qui minent les tubercules, les rendant impropres à la consommation, sans affecter de façon notable le rendement pour autant.

Chez Cylas l'adulte mesure 6 - 7 mm. Son corps est roux avec des élytres bleu-noires. La femelle pond dans les tiges ou sur les tubercules qu'elle gratte superficiellement.

Les oeufs éclosent après une semaine et donnent naissance à des larves sans patte, à tête rougeâtre et au corps blanc.

Le stade larvaire dure 15 - 20 jours. Chaque nouvelle génération apparait après 4 - 6 semaines en fonction de la température et 3 générations de charançons peuvent se développer en un seul cycle de culture.

Chez Euscepes l'adulte mesure 3 à 4 mm, son corps est ovale, de couleur brun foncé à noir.

Les deux espèces ont des ailes mais volent rarement et leurs larves sont semblables. Les dégâts sont plus à craindre dans les sols compacts qui se crevassent facilement (argileux), les adultes pénétrant jusqu'aux tubercules par les fentes du sol.

Les méthodes de luttes

  • Choix des variétés :

Les variétés précoces réduisent le risque d'attaque, la récolte intervenant avant que les populations d'insecte soient trop importantes.

Les variétés riches en carotène (Cari carotte) semblent plus susceptibles aux charançons et doivent être récoltées tôt.

  • Techniques culturales :

Le buttage en cours de culture améliore la protection des tubercules contre la pénétration
des adultes.

Détruire les tiges et les tubercules non commercialisés qui seraient infectés.

  • Lutte chimique :

Les boutures doivent être traitées avec un insecticide comme indiqué ci-dessus. Les derniers 50 cm de l'extrémité des lianes sont en général moins infectés par les oeufs et les larves des charançons.

Le scab ou gale

C'est une maladie fongique causée par un champignon (Elsinoe batatae) qui provoque de petites tâches brunes, s'éclaircissant avec l'âge, situées sur les nervures centrales et secondaires. L'infestation apparait surtout sur les feuilles jeunes dont les bords s'enroulent et exposent la face inférieure des feuilles au soleil.

Les attaques sont plus importantes durant la saison chaude et humide. La maladie se propage essentiellement par les boutures infectées. Le champignon n'attaque pas les tubercules. Les pertes de rendement peuvent atteindre 60%.

Outre les rotations de cultures et l'emploi de boutures saines et traitées (cf ci-dessus) des traitements fongicides peuvent être utilisés pendant la culture. On traitera dès l'apparition des premiers symptômes foliaires par pulvérisation du feuillage (mancozèbe).

La maladie de la petite feuille

Cette maladie est causée par un mycoplasme, microorganisme proche des virus.

Elle débute par un jaunissement des nervures des feuilles. Progressivement les nouvelles feuilles restent plus petites jusqu'à 1/8 de la taille normale) d'où le nom de maladie de la petite feuille. Les feuilles malades présentent un aspect chlorotique (couleur jaunâtre).

La maladie se transmet par les boutures issues de plantes infectées d'où l'importance de prélever le matériel végétal sur des plants sains.

Elle se transmet aussi par des cicadelles, sortes de petites sauterelles (vert clair) longues de 3 mm.

Le contrôle de la maladie se fait de façon indirecte essentiellement par l'élimination au champs des plantes atteintes et le prélèvement des boutures sur des pieds sains.

Il n'y a pas de traitement chimique contre cette maladie.

En cas de présence importante de cicadelle ou d'autre insecte défoliateur un traitement insecticide est recommandé avec un pyrethrinoïde de synthèse (deltaméthrine).

La récolte

La récolte doit être effectuée dès que les tubercules ont atteint leur maturité si l'on veut des tubercules de qualité. Un arrachage trop tardif augmente les risques de dégâts de charançon et d'éclatement des tubercules. La maturité n'est pas toujours évidente à repérer par le feuillage dont le jaunissement et la chute tarde souvent sous nos climats.

Le plus pratique reste encore de regarder dans le sol la taille des tubercules pour décider de la date de récolte.

En culture manuelle la récolte se fait simplement par arrachage des pieds.

En culture mécanisée, un gyrobroyage du feuillage ou un défanage chimique est souvent indispensable. En l'absence d'équipement lourd spécialisé on peut utiliser un corps billonneur pour ouvrir le billon et soulever les tubercules qui resteront en surface.

Le tri et le ramassage restent manuels. Pour des surfaces importantes il existe des récolteuses-chargeuses dont le coût doit être amorti sur plusieurs dizaines d'hectares par an.

Temps de travaux en culture manuelle mais avec une préparation de sol mécanisée
Opérations Jour/homme/hectare
Préparation des billons (à la main) 20-25
Coupe et préparation des boutures 10
Plantation manuelle 10-15
Plantation mécanique 3
Entretien divers 5-15
Récolte et tri des tubercules 20-40

La conservation

Les tubercules de patate douce ne se conservent normalement pas très longtemps après la récolte. Pour être optimum le stockage doit se faire dans un local sec, frais et ventilé.

Après un certain temps (entre 3 à 6 semaines) la qualité des tubercules se détériore.

Ils deviennent fibreux, pourrissent et germent. Le comportement varie selon les variétés :

  • Variété se conservant bien : n° 10, 20, 48, 54 (5-6 semaines).
  • Variété se conservant mal : n° 56 (Cari carotte) (maximum 3 semaines).

Auteurs

(1) Birlouez É. 2023. Petite et grande histoire des légumes. Ouvrage, éditions Quae, Versailles, 2023, 168 p.
(2) Walter A., Lebot V., 2003. Jardins d'océanie. IRD Éditions 329 p
(3) Roullier C. and al., 2013. Historical collections reveal patterns of diffusion ofsweet potato in Oceania obscured by modern plantmovements and recombination. PNAS 110(6)2205-2210. DOI https://www.pnas.org/doi/full/10.1073/pnas.1211049110

Lormée N., Cabalion P., Hnawia É., 2011. Hommes et plantes de Maré, îles Loyauté, Nouvelle-Calédonie. IRD éditions, p 282-283
(4) Varin D., 2018. La production commerciale du manioc en Nouvelle-Calédonie. Présentation DDR province Sud.
(5) Collectif 2023. Mémento de l’agronome. Cirad, Gret, Ministère des affaires étrangères (France). Éditions Quae p 843-850.
(6) Agence rurale. 2023. Récoltes du Caillou

Référent / Contact

Stéphane LEBÉGIN
Ingénieur agronome
Institut agronomique néo-calédonien (IAC)
Mis à jour le 13/11/2024
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