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La patate douce

La patate douce

 

La patate douce

Ipomea batatas
Mis à jour le 06/08/2024
  • Identité

    Nom scientifique
    Ipomea batatas
    Famille
    Convolvulaceae
    Statut Biogéographique
    Plante exotique
    Origine géographique
    Amérique centrale
    Distribution géographique
    Régions tropicales
    Noms Kanak
    Kumala
    Autres noms communs
    --
  • Description

    Type de plante
    Herbacée
    Feuillage
    Persistant
    Durée de vie
    Annuelle
    Hauteur à maturité
    Moins de 50 cm
    Largeur à maturité
    Entre 2 et 5 m
    Système racinaire
    Peu développé
  • Conduite culturale

    Multiplication
    Bouturage
    Semis
    Où planter ?
    Extérieur
    Pleine terre
    Type de sol
    Calcaire / corallien
    Volcano-sédimentaire
    Limoneux
    Sableux
    Humifère
    Densité
    Productivité
    Pollinisation
    --
    Croissance
    Rapide
    Entretien / Soins
    Facile
    Exposition au soleil
    Soleil
    Besoin en eau
     
     
     
     
     
    Résistance à la sécheresse
     
     
     
     
     
  • Santé

    Résistance aux ravageurs
     
     
     
     
     
    Résistance aux maladies
     
     
     
     
     
    Principaux ravageurs
    Charançon
    Nématodes
    Principales maladies
    --
  • Usage & vertus

    Alimentation
    Transformation
    Cuisiné
    Produit frais
    Confiture
    Vertus
    --
    Autre usage
    --
  • Saisonnalité

    Floraison
    Jan
    Fév
    Mar
    Avr
    Mai
    Juin
    Juil
    A
    Sep
    Oct
    Nov
    Déc
    Fruits
    Jan
    Fév
    Mar
    Avr
    Mai
    Juin
    Juil
    A
    Sep
    Oct
    Nov
    Déc
    Taille
    Jan
    Fév
    Mar
    Avr
    Mai
    Juin
    Juil
    A
    Sep
    Oct
    Nov
    Déc
La patate douce Ipomoea batatas
La patate douce Ipomoea batatas

Généralités et origine

La patate douce Ipomea batatas est une plante alimentaire cultivée de longue date pour ses tubercules savoureux et nourrissants. C'est une liane rampante vivace  qui appartient à la famille des Convolvulacées. Elle est cultivée dans toute les régions tropicales, subtropicales et méditerranéennes de la planète (1). La production mondiale de patate douce s'élève à 89 millions de tonnes, la Chine concentrant 75% de la production (FAO-STAT, 2021).

La patate douce est originaire d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud. Elle était cultivée au Pérou entre 10 000 et 12 000 ans avant J-C (2). Des études génétiques récentes croisées à des données historiques, archéologiques et linguistiques, attestent que la patate douce a été diffusée à travers tout le Pacifique au gré de diverses migrations humaines et selon deux parcours principaux (3) :

  • Du Pérou vers la Polynésie au XIIe siècle : la lignée Kumara, aurait été amenée depuis le Pérou entre 1000 et 1100 après J-C vers la Polynésie occidentale par des navigateurs polynésiens qui l'auraient ensuite diffusée vers d'autres îles (Hawaï, île de Pâques, Polynésie orientale, Nouvelle-Zélande, Tonga, Fidji, Mélanésie). Il existe d'ailleurs d'importantes similitudes lexicales entre les langues désignant la patate douce en queschua au Pérou (cumar), dans les langues polynésiennes (kuumala et ses dérivées) et océaniennes Kumala (en Togien) et 'Umala (en Maori).

  • Des Caraïbes ou de l'Amérique du Sud vers l'Europe, puis l'Asie au XVIe siècle : la patate douce a tout d'abord été découverte aux Antilles par Christophe Colomb (1492), puis elle débarque en Espagne dès 1493 où elle y rencontre un rapide succès. Les Portugais diffusent ensuite  la patate douce (lignée Balata) dans leurs comptoirs en Afrique et Indonésie vers 1500, tandis que les Espagnols l'implantent aux Philippines vers 1520 (lignée Camote). Le tubercule s'est ensuite dispersé dans différentes îles du Pacifique par l'intermédiaire de navigateurs européens ou de navigateurs locaux (Papouasie Nouvelle-Guinée, Fidji, Polynésie, Micronésie...). Les récits du capitaine Cook font état de cultures de patates douces sur plusieurs îles qu’il visita au XVIIe siècle. La Papouasie Nouvelle-Guinée et la Mélanésie représentent le 2e spot mondial de diversification de la patate douce avec leurs milliers de cultivars et variétés.

Concernant la Nouvelle-Calédonie, on sait que la patate douce était consommée aux îles Loyauté avant l'arrivée des missionnaires. Le tubercule a atteint la Nouvelle-Calédonie vraisemblablement vers la fin du 18e ou au début du 19e siècle. À Maré, la patate douce a conservé son nom polynésien Kumala (4).

La patate douce ne commence à être cultivée en France qu'à partir de 1750, mais elle tombe rapidement dans l'oubli, car la pomme de terre lui était préférée.

Pirogue traditionnelle de Papouasie Nouvelle-Guinée ou Lakatoï, Oceanic Culture Museum, Okinawa © Agripedia
Pirogue traditionnelle de Papouasie Nouvelle-Guinée ou Lakatoï, Oceanic Culture Museum, Okinawa © Agripedia
Dispersion de la patate douce en Océanie par Green and Clarke (3)
Dispersion de la patate douce en Océanie par Green and Clarke (3)

Usages alimentaires et vertus

Qualités nutritionnelles

La patate douce contient des nutriments intéressants pour la santé :

  • Riche en fibres
  • Riche en antioxydants
  • Indice glycémique modéré
  • Excellente source de vitamines, de manganèse et cuivre

Usages alimentaires et préparations culinaires

Le tubercule constitue la principale partie comestible de la plante, toutefois, les feuilles peuvent également être consommées comme condiment ou les épinards. La patate douce a un goût sucré, intermédiaire entre la pomme de terre et la châtaigne. On peut la préparer de nombreuses façons :

  • cuits à l'eau bouillante ou à la vapeur
  • en friture
  • en purée, 
  • en gratin
  • en potage
  • Farine
  • en gâteau... 

Vertus médicinales

La forte teneur en vitamines et en anti-oxydants contribue à une maintenir une bonne vue, une belle peau et une bonne immunité.

Autres usages

Les parties aériennes constituent un fourrage apprécié du bétail.

C'est une culture de couverture qui peut étouffer les mauvaises herbes. 

Tableau 1. Composition pour 100 g de tubercule cuit (source ciqual.anses.fr)

Énergie 62,8 kcal
Eau 78 g
Protéines 1,69 g
Glucides 12,2
Lipides 0,15
Sucres 6,11
Fibres 2,9
Calcium 32,5 mg
Magnésium 22,5 mg
Phosphore 43 mg
Potassium 353 mg
ß-Carotène 10500 µg

 

Description de la plante

Allure

  • Liane rampante avec des tiges pouvant atteindre de 50 cm à 3 m de longueur
  • Tige avec des entre-nœuds à partir desquels apparaissent des racines

Feuilles

  • Simples arrangées en spirales
  • Entières, ovales ou profondément lobées
  • 15 cm x 15 cm avec un pétiole de 5 à 30 cm
  • De couleur verte ou violacée

Fleurs

  • Solitaires en forme de trompette
  • De couleur pourpre
  • 4 cm de diamètre

Fruits et graines

  • Fruits de petite taille avec 4 graines noires

Racines, tubercules

  • Juste sous la surface du sol, les racines se gorgent d'amidon et forment une dizaine de tubercules.
  • Tubercules fusiformes ou globulaires, lisses ou avec des petits sillons
  • Peau externe de couleur orange ou violacée
  • Chair de couleur blanche, jaune, orange ou pourpre

Saisonnalité

  • x : préparation des parcelles, des champs
  • Mars à mai: plantation des tubercules-semences
  • x: récolte des tubercules.
  • Floraison abondante lorsque les journées font 11 à 12 h

Le cycle varie de 105 jours (3,5 mois) à 210 jours (7 mois).

Cycle court de 4 mois

  • Septembre à novembre : plantation recommandée (4)
  • Avril à août : Récolte des tubercules
  • Juillet-août : période de repos végétatif de la plante pendant les mois les plus froids. Elle qui peut perdre ses feuilles (3).

Cycle long de 7 mois

  • Septembre à novembre : plantation recommandée
  • Avril à février : Récolte des tubercules
  • Pour les cycles de 18 mois intégrant une période de saison chaude, les rendements peuvent être importants. Toutefois, les risques de dommages par les rats sont importants. De plus, les tubercules deviennent plus fibreux et leur qualité gustative diminue (4).
  • Saison chaude favorise la croissance des parties aériennes au détriment des tubercules.
  • Saison fraîche : période où la croissance de la plante se ralentit
  • Pour une même variété, le cycle peut s'allonger d'un mois entre une plantation de décembre et une plantation en juillet.

 

Variétés et cultivars

Il existe de nombreuses variétés et cultivars en Nouvelle-Calédonie. La plupart sont conservées en collection au centre des tubercules tropicaux de l'Adecal-Technopole.

  • Les variétés de cycle court sont moins sensibles aux charançons et libèrent le terrain rapidement.
  • Les variétés tardives sont intéressantes si l'on veut couvrir le sol plus longtemps.

Variétés recommandées en toute saison

Kari, Carotte, CTT 56

  • Origine : locale
  • Tubercule à peau et chair orange, de forme arrondi à oblong, long
  • Feuilles avec un limbe vert en forme de cœur et nervures marquées
  • Cycle 100 à 120 jours
  • Rendement moyen : 22 à 27 t/ha
  • Plantation en toute saison
  • Reprise difficile de la bouture (tige fine)
  • Très sensible aux ravageurs et maladies
  • Chair molle à ferme après cuisson

Beauregard, US01

  • Origine : États-Unis, introduite en 2014
  • Tubercule à peau fine de couleur mauve à saumon et à chair orange, de forme ronde à elliptique
  • Jeunes feuilles en forme de cœur, de couleur ver-brun. Feuilles adultes de couleur verte avec 3 à 5 lobes
  • Cycle 90 à 130 jours
  • Rendement moyen : 18 à 27 t/ha
  • Plantation en toute saison
  • Bonne reprise de la bouture
  • Sensible aux ravageurs et maladies
  • Épluchage facile, appréciée en frite et en purée

Kari peau rouge, CTT 118

  • Origine : locale et ancienne
  • Tubercule à peau rouge sombre, de forme ronde elliptique à longue irrégulière. Rainures longitudinales et constrictions horizontales
  • Tige rouge épaisse, port très étalé
  • Feuilles en forme de cœur. Limbe vert-brun pour les jeunes feuilles. Limbe vert pour les feuilles adulte avec des nervures mauves.
  • Cycle 120 à 150 jours
  • Rendement moyen : 21 à 26 t/ha
  • Plantation en toute saison. Moins productive en été (janvier mars).
  • Bonne reprise de la bouture (tige épaisse)
  • Sensible aux ravageurs et maladies
  • Pas d'oxydation de la chair
Patate douce, variétés pour culture en toute saison © Adecal-Technopole
Patate douce, variétés pour culture en toute saison © Adecal-Technopole

Variétés recommandées pour une culture en saison fraîches

Peau rouge, CTT 54

  • Origine : locale
  • Tubercule à peau rouge, et à chair crème marbrée de mauve. Forme ronde elliptique à irrgulière
  • Liane courte, port compact
  • Feuilles avec un limbe vert en forme de cœur. Pétiole long et point mauve à l'insertion limbe-pétiole
  • Cycle : 100 à 120 jours
  • Rendement moyen : 11 à 16 t/ha
  • Plantation en saison fraîche
  • Reprise difficile de la bouture (tige fine). Arrosage conseillé après plantation.
  • Moyennement sensible aux ravageurs et maladies
  • Éclatement du tubercule sur sol lourd et humide
  • Chair bien ferme après cuisson, grise, peu sucrée, bonne qualité gustative

Papouasie Nouvelle-Guinée, CTT 62

  • Origine : Papouasie Nouvelle-Guinée, introduite en 1989
  • Tubercule à peau fine, pourpre et à chair blanche tachetée de quelques points mauves. Forme ronde elliptique, rainures longitudinales
  • Liane peu rampante
  • Feuilles en forme de fer de lance. Les feuilles adultes sont vertes avec 3 à 6 lobes. Les jeunes feuilles sont mauves avec 4 à 5 lobes.
  • Cycle 120 jours
  • Rendement moyen : 12 à 22 t/ha
  • Plantation en saison fraîche
  • Reprise peu vigoureuse de la bouture
  • Moyennement sensible aux ravageurs et maladies
  • Chair bien ferme après cuisson

 

Patate douce, variétés de saison fraiche © Adecal-Technopole
Patate douce, variétés de saison fraiche © Adecal-Technopole

Exigences environnementales

La culture de la patate douce est facile. Elle peut se cultiver dans toute la Nouvelle Calédonie, tout au long de l'année (1,5, 6) :

    Exigences environnementales

    • Température idéale se situe entre 21 et 29°C
    • Bon ensoleillement
    • Ne supporte pas des températures inférieures à 10°C
    • La tubérisation (formation des tubercules) est plus rapide lorsque les jours font 10-11 h et s'inhibe lorsque les jours durent plus de 14 h.

    Type de sol

    • S'adapte bien à de nombreux types de sol.
    • Les sols argilo-sableux, drainant bien, riches en matière organique lui conviennent le mieux.
    • Les sols à texture légère permettent d'obtenir de beaux tubercules
    • Le pH du sol doit être compris entre 5,5 et 6,5 mais les rendements sont acceptebles avec des ols plus acides ou plus alcalins.
    • Il faut éviter les sols très lourds (argiles noires) ou trop sableux, sans réserve en eau.

    Eau, irrigation

    • Nécessite environ 500 mm de pluie durant son cycle.
    • En Nouvelle Calédonie, la culture se faisant souvent en période sèche, il est recommandé de prévoir une irrigation d'appoint.
    • Les quantités d'eau nécessaires dépendent de la nature du sol, des pertes par ruissellement, du drainage et du stade de la culture.
    • Irrigation par aspersion ou goutte à goutte conseillé jusqu'au début de formation des tubercules (vers 6-8 mois).
    • Cessez d'irriguer un mois avant la récolte
    • La plante tolère ensuite une période de sécheresse assez importante.
    • L'excès d'eau en fin de cycle provoque l'éclatement des tubercules.
    • Dose d'irrigation nécessaire pour une semaine à Pouembout en avril :
      • 3,5 mm x 7 = 33mm
      • l'apport de 1mm équivaut à 1 litre/m2, soit 1 m3 pour 10 ares).
      • Avec l'asperseur débitant 5 mm/heure on arrosera au minimum 7 heures, soit par exemple 2 arrosages de 4 heures chaque semaine.

    Préparation du sol et fertilisation

    Comme toute les plantes à tubercules, la patate douce demande un sol meuble.

    • En culture manuelle, sur sol naturellement meuble comme le sol des îles loyautés, procédez à un ameublissement localisé puis confectionnez une butte ou billon.
    • En culture mécanisée, pratiquez un labour profond suivi d'un émiettage puis d'un billonnage de 30 cm de hauteur environ.

    Fertilisation

    • La fertilisation dépend du type de sol et de la variété employée.
    • La patate douce est une plante relativement exigeante et demande une bonne fertilisation.
    • Les variétés récentes à chair orange ont des besoins en azote supérieurs aux cultivars traditionnels et aux variétés plus anciennes.
    • Un apport en azote trop important favorise le développement du feuillage au détriment du tubercule.
    • Sur les parcelles mécanisées, procédez à un apport en engrais en deux fois : avant la plantation, au moment du billonnage, puis en couverture 30 jours après la plantation. Épandage à la volée puis enfoui par le billonnage. Sur les parcelles manuelles, épandage tous les deux pieds.
    • Sur les sols pauvre en humus, il est recommandé un apport de 5 à 10 t/ha de fumier, lisier ou compost, à chaque pied après la plantation ou avant le billonnage.
    • Une récolte de 15 tonnes de tubercules consomme environ 70 kg d'azote, 20 kg de Phosphore (P2O5), 110 kg de Potassium (K2O).
    Fertilisation moyenne recommandée en Nouvelle-Calédonie d'engrais Azote (N), Phosphore (P2O5), Potassium (K2O)
      Sol appauvris Sols fertiles (terre d'alluvion)
    Avant la plantation 300 kg/ha (formule 0-32-16) 200 kg/ha (formule 13-13-21)
     
    En couverture

    500 kg/ha (formule13-13-21)

    ou 25 g pour 2 pieds

    300 kg/ha (formule 13-13-21

    ou15 g pour 2 pieds

     
    Total (en kg/ha) 65-161-153 65-161-105

    Désherbage

    • La patate douce est considérée comme une plante nettoyante car elle couvre bien le sol.
    • Un ou deux sarclages peuvent être nécessaire avant que la plante ne couvre entièrement le sol.

     

    Multiplication

    La patate douce se multiplie essentiellement par bouturage, selon deux techniques :

    Bouturage de tiges

    Les boutures sont prélevées soit sur la culture précédente avant la récolte, soit sur des plants élevés en pépinière.

    • choisissez des plantes sains, sans tâches, ni feuilles naines
    • sélectionnez les extrémités de tiges (boutures apicales) qui donneront des boutures les plus vigoureuses.
    • Préparez des boutures de 30 à 40 cm portant 3 à 4 nœuds en laissant 1 à 2 feuilles en haut. Les feuilles à supprimer seront coupées au sécateur et non arrachées ce qui blesserait la tige.
    • Vous pouvez conserver vos boutures quelques jours au frais et à l'ombre et enveloppées à leur base dans un tissu humide.

    Plus de détails et d'explications dans la fiche "Faire une bouture de plante ornementale".

    • En pépinière : la production de lianes est plus importante en saison chaude.  Prévoyez de démarcotter régulièrement les lianes en soulevant les tiges pour les détacher du sol.

    Seedbed

    Le seedbed est une technique qui consiste à utiliser des tubercules pour produire des boutures de façon échelonnée.

    • Sur une parcelle éloignée, en plein soleil, sur un sol sain, meuble, drainant et désherbé, préparez des buttes aplaties de 1 m de large et 10 m de long
    • Sélectionnez un lot de tubercules sains et d'une grosseur équivalente. Prévoir 15 à 25 kg de tubercule par m2
    • Placez vos tubercules sur la butte en lignes serrées avec environ 4 tubercules par ligne.
    • Recouvrez les tubercules avec 3 à 5 cm de terre (pas plus, sinon, la germination est ralentie).
    • Fertilisation : 100 g/m2 d'engrais complet (formule 6-4-11). Après chaque coupe ajouter entre 60 et 80 kg d'azote par hectare.
    • Irrigation au goutte à goutte ou par aspersion : peu d'eau mais de façon régulière
    • Germination au bout de 3 à 5 semaines
    • Lorsque la plante fait 30-40 cm, coupez les tiges à 5 cm de sol. Plantez les boutures 1 à 2 jours après
    • Réalisez des coupes tous les 20 jours en saison chaude et tous les 30 à 40 jours en saison fraîche.
    • Les tubercules commencent à pourrir au bout de 6-7 mois

    Coût de production : 15 F la bouture

     

    Préparation de boutures de patate douce, technique du Seedbed © Adecal-Technopole.png
    Préparation de boutures de patate douce, technique du Seedbed © Adecal-Technopole

    Plantation

    Les boutures doivent être enterrées à moitié et en oblique :

    • Plantation manuelle : pour des bilIons écartés de 1 mètre, placez 1 bouture tous les 25 à 30 cm, soit 33 à 40 000 plants/hectare.
    • Plantation mécanique : utilisez une planteuse maraîchère. Les boutures sont placées par les opérateurs dans des pinces qui les déposent dans le sillon. Les sillons sont ensuite refermés par les corps butteurs de la machine. Ce type de machine permet de planter jusqu'à 7000 boutures/heure soit environ 15 à 20 ares à l'heure avec 3 personnes (1 chauffeur et 2 planteurs).

    Rendement et productivité

    Cultivars traditionnels : 5 à 10 t/ha

    Cultivars sélectionnés : 40 à 50 t/ha

    Le nombre de jours à consacrer aux diverses activités agricoles sont indiquées dans le tableau suivant :

    Temps de travaux en culture manuelle, mais avec une préparation de sol mécanisée
    Opérations Nombre de jours-homme pour 1 hectare
    Préparation des billons (à la main) 20 à 25 j
    Coupe et préparation des boutures 10 j
    Plantation manuelle 10 à15 j
    Plantation mécanique 3 j
    Entretien divers 5 à15
    Récolte et tri des tubercules 20 à 40

    Récolte

    La récolte doit être effectuée dès que les tubercules ont atteint leur maturité.

    • Déterrez quelques tubercules et évaluez leur bonne maturité par leur grosseur puis précédez à la récolte de la parcelle 
    • Une récolte tardive entraine un risque de ravage par le charançon et d'éclatement des tubercules.
    • En culture manuelle, récoltez vos tubercules en arrachant les plants ou en ouvrant le billon avec un outil.
    • En culture mécanisée, récoltez vos tubercules à l'aide d'un gyrobroyeur et de récolteuses chargeuses. On peut aussi utiliser un outil qui ouvre le billon et récolter à la main.

     

    Conservation

    Les tubercules de patate douce ne se conservent pas très longtemps. Le stockage doit se faire dans un local sec, frais et ventilé.

    Au bout de 3 à 6 semaines, la qualité des tubercules se détériore. Ils deviennent fibreux, pourrissent et germent. Le comportement varie selon les variétés.

    Vous pouvez allonger la conservation jusqu'à 5 à 6 mois :

    • en procédant dans un premier temps au réessuyage des tubercules (curing), c'est-à-dire à un passage de quelques jours dans une atmosphère chaude et humide (29°C, 90%)
    • puis, en stockant les tubercules dans un endroit sec au frais (température entre 13 et 16°C)
    Étal de patates douces à la foire de Bourail, Nouvelle-Calédonie (2018) ©Lincks
    Étal de patates douces à la foire de Bourail, Nouvelle-Calédonie (2018) ©Lincks

    Ravageurs et maladies

    Les charançons

    Les charançons de la patate douce Cylas formicarius et Cylas Euscepes sont les principaux nuisibles du tubercule en Nouvelle Calédonie. Les adultes attaquent les tiges et les feuilles mais les principaux dégâts sont causés par les larves qui minent les tubercules, les rendant impropres à la consommation.

    • Le charançon adulte Cylas formicarius mesure 6 - 7 mm, son corps est roux avec des élytres bleu-noires. Le stade larvaire dure 15 - 20 jours. Chaque nouvelle génération apparait après 4 - 6 semaines en fonction de la température et 3 générations de charançons peuvent se développer en un seul cycle de culture.
    • Le charançon adulte Cylas Euscepes mesure 3 à 4 mm, son corps est ovale, de couleur brun foncé à noir.

    Les deux espèces ont des ailes mais volent rarement et leurs larves sont semblables. Les dégâts sont plus à craindre dans les sols compacts qui se crevassent facilement (argileux), les adultes pénétrant jusqu'aux tubercules par les fentes du sol.

    La gale

    C'est une maladie fongique causée par le champignon Elsinoe batatae qui provoque de petites tâches brunes sur les feuilles jeunes dont les bords s'enroulent et exposent la face inférieure des feuilles au soleil. Les attaques sont plus importantes durant la saison chaude et humide. La maladie se propage essentiellement par les boutures infectées. Le champignon n'attaque pas les tubercules. Les pertes de rendement peuvent atteindre 60%.

    La maladie de la petite feuille

    Cette maladie est causée par un microorganisme proche des virus. Les nouvelles feuilles restent plus petites et deviennent jaunâtre. La maladie se transmet par les boutures issues de plantes infectées. Elle se transmet aussi par des cicadelles.

    Méthodes de lutte

    Méthodes préventives

    Choix des variétés : les variétés précoces réduisent le risque d'attaque, la récolte intervenant avant que les populations d'insecte soient trop importantes. Les variétés riches en carotène (Cari carotte) semblent plus susceptibles aux charançons et doivent être récoltées tôt.

    Techniques culturales :

    • Le billonnage favorise protège mieux les tubercules des attaques.
    • Utilisez des boutures saines et détruisez les tubercules malades ou infectés.
    • Privilégiez la rotation de cultures
    • Éliminez au champ les plantes atteintes

    Soutien à la réalisation de cette fiche

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    Auteurs

    (1) Birlouez É. 2023. Petite et grande histoire des légumes. Ouvrage, éditions Quae, Versailles, 2023, 168 p.
    (2) Walter A., Lebot V., 2003. Jardins d'océanie. IRD Éditions 329 p
    (3) Roullier C. and al., 2013. Historical collections reveal patterns of diffusion ofsweet potato in Oceania obscured by modern plantmovements and recombination. PNAS 110(6)2205-2210. DOI https://www.pnas.org/doi/full/10.1073/pnas.1211049110

    Lormée N., Cabalion P., Hnawia É., 2011. Hommes et plantes de Maré, îles Loyauté, Nouvelle-Calédonie. IRD éditions, p 282-283
    (4) Varin D., 2018. La production commerciale du manioc en Nouvelle-Calédonie. Présentation DDR province Sud.
    (5) Collectif 2023. Mémento de l’agronome. Cirad, Gret, Ministère des affaires étrangères (France). Éditions Quae p 843-850.
    (6) Agence rurale. 2023. Récoltes du Caillou

    Référent / Contact

    Stéphane LEBÉGIN
    Ingénieur agronome
    Institut agronomique néo-calédonien (IAC)
    Mis à jour le 22/11/2024
    Voir le profil complet