Hibiscus tiliaceus (Bourao)

Le bourao Hibiscus tiliaceus est un arbre indigène de la famille des Malvacées. Il est originaire du Sud-Est asiatique. Aujourd'hui, il est largement répandu dans toutes les régions tropicales, en particulier dans les jardins comme arbre d'ornement (1).

En Nouvelle-Calédonie, le bourao  est présent dans tout l'archipel, sur le littoral, en arrière de mangroves, dans les fourrés secondaires, dans les milieux anthropisés (1). Les graines se dispersent en dérivant naturellement en mer (5). 

Allure générale

Les arbres font 2 à 10 m de hauteur et un tronc de 15 cm de diamètre. Il existe une importante diversité de ports et feuillages qui peut s'expliquer par une introduction pré-européenne (1). Les habitants de Maré distinguent deux variétés : celle à feuilles blanches (eru gada en Nengone) et celle à feuilles violacées (eru dridr) (5).

Le tronc et les branches se recourbent et se tordent dans toutes les directions. Les rameaux enlacent les troncs des autres arbres. Les fleurs jaunes à saumon sont éphémères et la floraison dure toute l'année (1).

La fiche ci-dessous présente les propriétés et usages médicinaux des différentes parties de la plante. Les feuilles et les racines sont les plus utilisées. 

Cette plante est utilisée dans la médecine traditionnelle kanak. Il peut entrer dans la composition du fortifiant donné traditionnellement aux bébés (5).

Voir la fiche "La médecine traditionnelle kanak."

Les vertus médicinales de Hibiscus tiliaceus sont nombreuses. Cette plante est traditionnellement utilisée pour traiter :

• la santé féminine (règles, contraception, grossesse, accouchement, allaitement) 
• les douleurs 
• les brûlures
• le stress
• la fièvre
• les troubles digestifs (diarrhées, dysenterie)
• les crises d'hémorroïdes
• les blessures (plaies, abcès)
• les troubles respiratoires (rhumes, angines, bronchites, tuberculose)
• les affections cutanées
• les yeux irrités

• Floraison toute l'année, surtout pendant la saison chaude (novembre à février).

Avant tout usage de plante médicinale, lisez attentivement la fiche Agripédia "Précautions d'usage des plantes médicinales", car certaines plantes sont toxiques, même à faible dose et un mauvais usage pourrait mettre votre santé en danger.

Quelques règles de bon sens :

• L'utilisation des remèdes présentés dans nos fiches ne se substitue aucunement à un avis médical, ni aux conseils d'un guérisseur traditionnel (tradithérapeute) ;
• En cas de symptômes persistants ou anormaux, consultez un professionnel de santé ;
• N'utilisez pas une plante quand vous avez un doute sur son identification botanique ou alors demandez une identification formelle à quelqu'un de votre entourage qui s'y connait vraiment, un botaniste, un tradithérapeute, un herboriste ou un pharmacien.

• Capsule de forme ovoïde de 1,5 cm à 3 cm de diamètre ;
• Recouvert de poils gris ;
• Contient de nombreuses graines.

Pas d'usage médicinal connu pour le fruit.

• Les fleurs sont éphémères ;
• Elles ont une couleur jaune vif le matin à l'éclosion puis virent au saumon le soir avant leur chute ;
• On les recueille lorsqu'elles sont tombées à terre et on les emploie à l'état frais.

Usages médicinaux en Nouvelle-Calédonie

• Émollient : les fleurs mûres sont riches en un mucilage qui adoucit la peau (2)
• Brûlures : associées aux feuilles de Tamanou, les stipules (=éléments à la base des tiges des feuilles) entrent dans la préparation d'un médicament contre les brûlures (2)
• Contraceptif : les fleurs fumées avec du tabac (2)

Autres usages médicinaux dans le Pacifique

• Blessures : les fleurs fraîches saupoudrées de sucre ou les fleurs cuites sont directement appliquées en cataplasme sur la peau pour traiter les plaies infectées ou les abcès. 
• Hémorroïdes : Une décoction préparée avec une poignée de fleurs fraîches et de l'eau bouillante est utilisée en bain de siège pour soigner les hémorroïdes (Polynésie française) (4)
• Affections diverses: les fleurs fraîches sont employées pour soigner la dysenterie, la blennorragie, les angines, les bronchites. Les polynésiens prennent des bains de bouche avec une infusion ou une décoction préparée avec une poignée de fleurs fraîches et de l'eau de bouillante. Ils consomment également 3 ou 4 tasses d'infusion par jour (4)
• Accouchement, allaitement : les femmes enceintes mâchent les fleurs pour faciliter leur accouchement et stimuler la lactation (Hawaï) (2)

La fiche "Les différentes préparations de plantes médicinales" explique comment préparer des infusions, décoctions, macérations...

Propriétés biologiques et/ou chimiques

• La cyanidine-3-glucoside est la principale anthocyane trouvée dans les fleurs de H. tiliaceus.

• Les feuilles sont arrondies, larges, coriaces, en forme de cœur sur de longs pétioles.

Usages médicinaux en Nouvelle-Calédonie

• Tonique : les femmes enceintes absorbent une décoction de feuilles dès les premières douleurs pour faciliter l'accouchement (2)
• Laxatif et vomitif (2)
• Relaxant : Les feuilles sont bouillies en décoction pour se relaxer (6)
• Cicatrisant et calmant : la sève des feuilles de la variété rouge cicatrisent les plaies profondes et calment les maux d'oreille (2,6)

Autres usages médicinaux dans le Pacifique

• Tonique : les femmes enceintes absorbent une infusion des feuilles après l'accouchement pour éviter les complications (Fidji) (2)
• Abortif : une infusion chaude de feuilles est injectée dans le vagin (Hawaï) (2)
• Anti-inflammatoire : remède contre la toux et les maux de gorge (Papouasie Nouvelle-Guinée), remède contre la gonorrhée (Fidji) ou encore les yeux irrités et les problèmes de peau (Tonga) (2)
• Calmant : les infusions de feuilles calment les douleurs au ventre (Wallis-et-Futuna) (2)
• Contre la fièvre (2)

Usages médicinaux dans le Pacifique

• Antiseptique et anti-inflammatoire : conjonctivite, fatigue oculaire (Polynésie) (4) ; une infusion d'écorce en usages externe (Australie). L'écorce traite également les yeux irrités, les problèmes de peau (Tonga), la toux et la tuberculose (Papouasie) (2)
• Contre la fièvre (Papouasie) (2)
• Règles : le jus de l'intérieur de l'écorce déclenche les règles ou régule le cycle menstruel (propriété emménagogue) (Fidji) (2)
• Tonique : une infusion d'écorce aide à l'expulsion du placenta (Tonga) (2)

Usages médicinaux en Polynésie française

• Traitement des hémorroïdes
• Remède contre la fièvre

D'autres usages du bourao sont connus :

• Alimentaire : le bourao était consommé en période de disette. L'écorce épaisse peut être mangée crue ou cuite dans le bougna (plat traditionnel kanak).  Dans ce dernier cas, un morceau de branche de bourao blanc est mis à cuire au four, l'écorce est détachée et la fibre blanche collée à l'écorce est mâchée avant d'être recrachée. Gluante, la consommation de l'écorce n'est plus très populaire (5,6) ;
• Horticulture : arbre d'ombrage dans les jardins. Il existe de nombreuses variétés horticoles ;
• Artisanat : bois pour les battes de cricket (5) et la construction des pirogues polynésiennes à balancier (4) ; fibres pour les cordes solides et les jupes des femmes (4,5). Pour ce faire, l'écorce de bourao blanc est mise à tremper plusieurs jours dans l'eau de mer, puis mise à sécher au soleil avant de les tresser (5,6).

Plante rustique qui supporte des conditions difficiles.

Exposition

• Idéalement soleil pour une croissance plus rapide
• Supporte les endroits ventés et les embruns

Besoin en eau, irrigation

• Modérée, régulière

Taille

• Supporte les tailles sévères

Le bourao se multiplie par idéalement bouture (lire la fiche "Faire une bouture de plante ornementale") mais aussi par semis.

Les racines de boutures sont nombreuses au bout de 3 semaines.

La croissance de la plante est rapide, car vous pouvez obtenir un arbuste de 2 m de hauteur qui fleurit au bout de un an.

L'Institut agronomique néo-calédonien (IAC) a été lauréat du "Fonds de sauvegarde du patrimoine immatériel des pays et territoires d'outremer (PTOM)" en mars 2022 pour intégrer dans Agripedia des fiches sur les plantes médicinales de la pharmacopée calédonienne.

Cette fiche a été réalisée grâce au soutien moral et financier de l'Union européenne, de l'Institut français, de l'OCTA et de l'ACPA dans la cadre du projet pilote ARCHIPEL.EU.

Cette fiche a été également réalisée grâce au soutien scientifique, technique et financier de l'IAC, l'ADCK-Centre Tjibaou, l'IRD, l'Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie et Lincks.