Cordyline fruticosa
Plante importante dans la culture kanak, la cordyline est traditionnellement utilisée pour divers troubles : diarrhée, peau flasque, fièvre, brûlures.
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Identité
Nom scientifiqueCordyline fruticosaFamilleAsparagaceaeStatut BiogéographiquePlante indigèneOrigine géographiqueIndo-PacifiqueDistribution géographiqueNouvelle-CalédonieNoms KanakDirö (Ajië)Zi (Drehu)Ote, Uti (Nengone)Dro (Drubea)Tii (Faga uvea)Khûdi (Nemi)wâjiti (Paicî)Société (Xârâcùù)Autres noms communsCordylineBaton du sorcierMilieu naturel d'origineForêtsStatut IUCNPréocupation mineure (LC)
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Description
Type de planteArbusteCouleur des feuillesRougeCouleur des fleursBleuHauteur à maturitéEntre 2 et 5 m
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Type et préparations
Type de plante médicinaleEndémique ou indigèneType de médecineTraditionnelle KanakFamiliale couranteType de préparationsJusPartie utiliséesÉcorceGraineRacineFleurFeuille
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Propriétés
AbortifAntidiarrhéiqueAstringentTonique, énergisantAnti-inflammatoireFébrifuge (fièvre)
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Usages médicinaux
BrûluresYeux, oreillesAffections respiratoiresBlessuresPurges, laxatifsTroubles digestifsPeau, dermatologie
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Saisonnalité
FloraisonFruitsTaille
Généralités
Cordyline fruticosa, la cordyline est un petit arbuste à tendance monocaule appartenant à la famille des Asparagacées (3). Probablement originaire de Nouvelle-Guinée où la diversité foliaire est la plus grande (5), C. fruticosa est une espèce indigène présente en Indo-Malaisie et dans les îles du Pacifique (2). En Nouvelle-Calédonie, elle est plantée dans les jardins et pousse à l'état naturel dans la forêt humide et la forêt sèche (3).
Allure générale
La cordyline peut atteindre 2-3 m de hauteur (3). Son tronc mesure de 2 à 20 cm de diamètre avec un aspect annelé. Il est droit et non ramifié sauf les individus âgés. Il porte à son sommet un bouquet de feuilles vertes ou rouges. Les fleurs sont petites et bleues, regroupées en panicule de 30 à 60 cm de long. Les fruits sont des baies rouges puis noires à maturité (1,2).
La fiche ci-dessous présente les propriétés et usages médicinaux des différentes parties de la plante. Les feuilles et les racines sont les plus utilisées. Cette plante est utilisée dans la médecine traditionnelle kanak.
Voir la fiche "La médecine traditionnelle kanak."
Vertus générales
Les vertus médicinales de Cordyline fruticosa sont multiples. Cette plante est traditionnellement utilisée pour traiter :
- les brûlures
- les blessures (coupures, hémorragies)
- les affections de la peau (tissus distendus, éruptions cutanées)
- la fièvre
- les troubles digestifs (diarrhées, vomissements)
- les affections ORL (otite, maux de gorge, otalgie, asthme)
Les paragraphes suivants détaillent les remèdes traditionnels connus pour chaque partie de la plante en Nouvelle-Calédonie et dans différentes régions.
Précautions d'usages
Avant tout usage de plante médicinale, lisez attentivement la fiche Agripédia "Précautions d'usage des plantes médicinales", car certaines plantes sont toxiques, même à faible dose et un mauvais usage pourrait mettre votre santé en danger.
Quelques règles de bon sens :
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L'utilisation des remèdes présentés dans nos fiches ne se substitue aucunement à un avis médical, ni aux conseils d'un guérisseur traditionnel (tradithérapeute) ;
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En cas de symptômes persistants ou anormaux, consultez un professionnel de santé ;
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N'utilisez pas une plante quand vous avez un doute sur son identification botanique ou alors demandez une identification formelle à quelqu'un de votre entourage qui s'y connait vraiment, un botaniste, un tradithérapeute, un herboriste ou un pharmacien.
FEUILLES : description et usages
- Les feuilles sont elliptiques et lancéolées ;
- Elles sont longues de 30 à 70 cm et larges de 8 à 20 cm ;
- Elles sont entièrement glabres.
Usages médicinaux en Nouvelle-Calédonie
C'est la variété verte qui est préférentiellement utilisée (1).
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Brûlures, affections cutanées : à Maré, les feuilles sont mâchées et crachées sur les brûlures (5). Le jus de feuilles en friction externe fait mûrir les abcès (1)
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Blessures, hémorragies : Le jus des feuilles pressé et chauffé avec un fragment de tige-tronc peut être appliqué sur des coupures et des blessures pour arrêter l'hémorragie (1)
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Soins de la peau : le jus des feuilles en massage resserre les tissus distendus (astringent) (1)
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Contre la fièvre : le jus des feuilles est réputé pour faire tomber la fièvre (1)
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Anti-vomitif : le jus des feuilles pressé et chauffé avec un fragment de tige-tronc peut arrêter les vomissements de sang noir d'origine digestive (1)
Usages médicinaux dans le Pacifique
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Anti-diarrhéique : le suc issu de l'écrasement de plusieurs jeunes feuilles est mélangé à l'eau d'un coco vert. Un demi-verre de ce remède est consommé 4 fois par jour jusqu'à la guérison (Polynésie) (2).
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Contre la fièvre : (Polynésie, Thaïlande)
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Maux de gorge et douleurs cervicales : les feuilles sont nouées autour du cou pour soulager la douleur (îles Cook) (7).
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Blessures : les jeunes feuilles et les pousses sont chauffées et la sève chaude est pressée sur la plaie qui va gonfler et devenir rouge (Papouasie Nouvelle Guinée) (8).
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Abortif : les feuilles sont signalées comme induisant l’avortement (Vanuatu, Papouasie Nouvelle Guinée), par l'absorption d’une infusion chaude de feuilles (Hawaï) ou en utilisant le cœur de la feuille et la tige (Fidji) (6).
Composés chimiques
Les composés identifiés dans les feuilles sont les suivants (6) :
- Des saponines stéroïdiennes : smilagénine, sarsasapogénine, spirostanes, cholestane
- Des métabolites : tyramine, thymidine, acide quinique, acide shikimic (feuilles)
RACINES : descriptions et usages
- La racine de cordyline est pivotante, allongée, souvent ramifiée ;
- Elle peut atteindre 2 m chez un individu de 20 ans, avec un diamètre équivalent à la cuisse d'un homme ;
- La surface est rugueuse, striée longitudinalement et porte de petites radicelles.
Usages médicinaux en Nouvelle-Calédonie
- Purges : une racine est écrasée dans un verre d'eau et le liquide filtré sert de purgatif doux (Nouvelle-Calédonie) (1)
- Infections sexuellement transmissibles : à Maré, la racine serait utilisée dans le traitement de la blennorragie (5)
- Tonique : à Maré, la racine de la cordyline entre parfois dans la composition de l'aeneshaba, un mélange fortifiant de plantes (5)
Composés chimiques
Des fructanes ont été identifiés dans les racines.
ÉCORCE, FLEURS ET GRAINES : description et usages
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Otites, otalgies (Polynésie) (2)
- Éruptions cutanées : la sève de graines rouges est frottée sur la zone affectée de la peau de façon à briser les plaies et laisser la peau se guérir progressivement (Papouasie Nouvelle Guinée) (8).
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Affections respiratoires : les fleurs sont associées à d'autres préparations à base de plantes pour le traitement de l'asthme, et contre les vomissements (Hawaï) (6).
Autres usages
Cordyline fruticosa est utilisée à d'autres fins :
Culture kanak
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La cordyline rouge, et dans une moindre mesure la cordyline verte, évoque tout ce qui en rapport avec le mythe d'origine et le sacré dans la culture kanak (4). Les monnaies kanak, images des ancêtres et des clans, sont enveloppées dans des feuilles de cordyline (4).
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C. fruticosa et l'espèce endémique C. neocaledonica sont couramment plantées comme plante d'ornement dans les jardins calédoniens. Il existe une grande gamme de colorations de feuillages. Les femmes kanak aiment multiplier, sélectionner et échanger leurs clones d'intérêt. L'engouement est tel qu'une fête communale est consacrée aux cordylines à Poindimié (3).
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Les danseurs kanak portent des bouquets de feuilles au cours des cérémonies (4).
Autres usages
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Alimentation : le rhizome de la cordyline est un aliment courant en Polynésie. Il était autrefois consommé à Ouvéa, à l'île des Pins et à Maré (Nouvelle-Calédonie) où sa cuisson durait plusieurs jours dans des fours réservés à cet effet (5,6). Les feuilles servent à envelopper, transporter ou cuire les aliments. Le jus des feuilles imprègne alors la nourriture et lui transmet ses propriétés médicinales (2).
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Alcool : le jus extrait du rhizome permet d’obtenir un alcool okolehao par fermentation et distillation (Hawaï) (6).
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Croyances : les anciens Polynésiens voyaient dans la cordyline une plante magique. L'arbuste était planté dans l'enceinte des marae (site sacrés), au voisinage de sépultures et de la plupart des sites tabous. Il servait à décorer les habitations des chefs et des prêtres (2).
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Textile, artisanat : les danseurs kanak et polynésiens portent des bouquets de feuilles au cours des cérémonies (2,4), les feuilles servaient autrefois à la confection des jupes des femmes (5). Les nervures des cordylines ont la robustesse et la flexibilité d'un fil de coton (2).
Exigences, plantation et entretien
Les deux espèces (C. fruticosa et C. neocaledonica) sont rustiques et supportent une large gamme d'expositions : au soleil, au vent et à l'eau. En plein soleil, les feuillages sont souvent plus colorés (3).
- Variété verte : préfère l'ombre fraîche et un sol humifère ;
- Variété rouge : préfère le plein soleil dans un sol sec (1).
Saisonnalité
- Floraison : au début de la saison chaude
- Fructification : en décembre
Multiplication
Par bouturage de tige ou d'extrémité. La multiplier par semis est également possible, cependant vous risquez la surprise des hybridations.
Les cordylines se cultivent aisément en pépinière. Leur croissance est rapide (3).
Soutiens à la réalisation de cette fiche
L'Institut agronomique néo-calédonien (IAC) a été lauréat du "Fonds de sauvegarde du patrimoine immatériel des pays et territoires d'outremer (PTOM)" en mars 2022 pour intégrer dans Agripedia des fiches sur les plantes médicinales de la pharmacopée calédonienne.
Cette fiche a été réalisée grâce au soutien moral et financier de l'Union européenne, de l'Institut français, de l'OCTA et de l'ACPA dans la cadre du projet pilote ARCHIPEL.EU.
Cette fiche a été également réalisée grâce au soutien scientifique, technique et financier de l'IAC, l'ADCK-Centre Tjibaou, l'IRD, l'Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie et Lincks.
Sources
- (1) Bourret D., ORSTOM/IRD, 1981. Bonnes plantes de Nouvelle-Calédonie et des Loyauté. Les éditions du lagon, p 72-74
- (2) Pétard P., 2019. Plantes utiles de Polynésie ra'au tahiti, éditions Haere Pô - p 101-112
- (3) Gâteblé G. 2016. Flore ornementale de Nouvelle-Calédonie/Cordyline fruticosa. Éditions Au vent des îles (624 p.) p 98-99
- (4) Agence de développement de la culture kanak, 2012. Guide des plantes du chemin kanak, p 48-49
- (5) Lormée N., Cabalion P., Hnawia É., 2011. Hommes et plantes de Maré, îles Loyauté, Nouvelle-Calédonie. IRD éditions, p 82-83
- (6) Lim, T.K. 2015. Cordyline fruticosa. In:Edible Medicinal and Non Medicinal Plants. Springer, Dordrecht, p627-632
- (7) Whistler W.A. 1985.Traditional and herbal medecine in the Cook Islands J. Ethnopharm., 13, p 239-280
- (8) Nombo, P. et Leach, J. 2010. Reite plants: an ethnobotanical study in Tok Pisin and English , ANU E Press, 4, p 68
Auteurs
Publié le : 24 mars 2023
Rédaction de la fiche
- Christina Do (IAC)
- Estelle Bonnet-Vidal (Lincks)
Relecture
- Nadia Robert (IAC)
Citation bibliographique recommandée :
Agripédia. Fiche technique "Cordyline fruticosa" [En ligne] https://www.agripedia.nc/ressources-vegetales/plantes-medicinales/medicinales-endemiques-et-indigenes/cordyline-fruticosa (consulté le jour/mois/année)
Voir également FAQ "Comment citer cette référence bibliographique ?"